COLS MULETIERS SUISSES

 

 

Le but n’est pas de sortir des sentiers battus : au contraire, puisqu’il s’agit de se frotter à des cols situés sur des sentiers utilisés par des marcheurs. Dans tous les cas, ne pas s’attendre à de l’aisé. Certaines descriptions concernent des cols accessibles par des pistes, mais la plupart concernent des accès par sentiers étroits, et cependant non dangereux, ni acrobatiques ni archi-sportifs, pour peu qu’on soit volontaire mais prudent. A mon sens (mais cette notion varie suivant les jours, la météo, la forme physique…), il faut qu’il y ait un intérêt minimum à les faire sur un vélo : soit il s’agit d’une boucle, intégrant route, piste et sentier, soit la descente se fait bien à vélo.

 

L’accès à un col en marchant à côté de son vélo, et redescendre du même côté toujours en marchant ne présente pas trop d’intérêt (exemple : la Forcella Crap Alv) – mais il est vrai que, d’une part, on a parfois d’excellentes surprises de sentiers parfaitement roulables (et inversement de mauvaises surprises pour un sentier qu’on aurait juré facile), d’autre part ce que l’un ne peut cycler, l’autre le pourra (meilleure condition, équipement plus léger). Au handicap d’une condition physique moyenne (et de l’âge, tranche 45-50), j’y ajoute le fait de rouler sur des vélos bas de gamme (le dernier, un Décathlon à… 94 € !), et avec souvent pas loin de 10 kg d’équipement divers (vêtements chauds / de pluie, la totale pour réparation, la bouffe, voire… le réchaud !). Donc, ce que j’ai fait en soufflant durement comme un phoque, d’autres le feront les doigts dans le nez et la tête calée sur un oreiller posé sur le guidon. En fait, un caractère teigneux compense largement les handicaps.

 

Ça vous en bouche un coin, hein ?

 

Ces sentiers sont avant tout prévu pour les randonneurs à pied (et pour les troupeaux à l’origine) : dès que vous voyez un ou des randonneurs, ayez la courtoisie de descendre de vélo, et si possible de laisser passer les gens en vous « garant ». Le plus souvent, ce sont eux qui feront les premiers le geste de vous laisser passer, mais d’une part, dites-vous que, sur un sentier, vous êtes comme un semi-remorque qui emprunterait une piste cyclable, d’autre part, qu’une trop grande insouciance ou arrogance ne pourrait, à terme, qu’à faire interdire la pratique du vélo sur sentier, comme c’est déjà le cas dans les parcs nationaux de nombreux pays. Il y a déjà assez de « descendeurs » comme ça qui affole le bourgeois, sans aller en rajouter.

 

Les descriptions qui suivent n’ont aucune prétention, ni sur le fond, ni sur la forme. Les distances restent approximatives, surtout sur sentier (les compteurs ont une fréquente tendance à paresser, à des vitesses inférieures à 3 km/h), l’état de la piste ou du sentier peut varier selon le temps (orages, ou à l’inverse travaux d’amélioration). Ces indications doivent être comprises comme une entrée en matière, un pré-salivage de bouche, que chacun puisse se dire : tiens, ça, j’aimerais bien le faire, ça non, c’est trop « hard » (pourtant, qui, je vous le demande, n’a jamais fait du vélo en haute montagne, avec le vélo en rappel au bout du piolet ?).

 

 

DEFINITIONS PERSONNELLES

 

Quelques définitions à la mode Ferchaux. Il se peut que les caractéristiques décrites correspondent à des termes techniques plus appropriés. Je ne lis absolument aucune revue de VTT, désolé.

 

Pierrier : éboulis de pierres, souvent instables, que le sentier traverse. A croire que ces pierriers ont la sale manie d’aller venir s’installer tout exprès là où l’être humain a conçu ses chemins. Toujours penser à l’instabilité, quand on saute gracieusement d’une pierre à l’autre, le vélo entre les dents.

Gravier, gravillons : petits cailloux, ou minuscules cailloux comme sur les routes. Ceux-ci ne font généralement que ralentir la progression (sauf si vraiment grosse épaisseur de graviers), mais gare en descente, rien de tel pour déraper.

Motte-marche : motte de terre formant marche sur le sentier (ce qui oblige à recourir au semi-portage).

 

Piste basique : piste taillée « à la serpe », soit sans revêtement ni entretien particulier, soit ancienne piste abandonnée. On y roule assez bien en descente, mais pour la montée, on est souvent en butte à l’irrégularité du terrain (pierres, mottes, herbe, ornières…), qui fait qu’on finit parfois par pousser.  

Sentier muletier : sentier à l’origine conçu pour circuler à dos de monture (mais non, pas le vélo) : trop étroit pour une cariole, mais assez large, relativement entretenu (enfin, à l’origine…) et même parfois de petits ouvrages d’art (ponts, remblais…). Pour autant, cela n’exclut pas des passages difficiles, notamment des zig-zags serrés pour gagner ou perdre de l’altitude. Bref, un tel sentier est relativement cyclable sans trop de danger, ou sinon, poussage assez aisé.

Chemin herbeux : couvert d’herbe. Attention en descente, il n’y a parfois rien de tel pour déraper si le temps n’a pas été sec (ou toute la matinée, avec le reliquat de rosée).

Chemin à flanc de montagne : d’un côté, la crête, de l’autre, la vallée ou le ravin. Comme souvent il s’agit de chemins étroits où l’on peut facilement accrocher une pédale sur une pierre ou une motte de terre qu’on a pas vu, prudence extrême. Surtout s’il y a un dévers.

Chemin en devers : le sentier est en pente…mais dans le sens latéral (pensez au virage d’un vélodrome). Comme par hasard, certains chemins à flanc de montagne ont également ce défaut, ce qui les rend particulièrement traîtres (dérapage assuré).

 

Trottinette : on est sur le vélo, mais on ne pédale pas, on s’aide de temps à autre d’un pied pour avancer. Recommandé dans le cas d’une faible descente ou plat sur un sentier étroit à flanc de montagne, pour éviter d’accrocher une motte de terre ou une pierre avec la pédale.

Poussage : comme son nom l’indique, on est à pied, et l’on pousse le vélo. Soit dû à l’état du sentier (voire de la piste, voire… de la route !), soit à la pente, soit les deux. On déclinera en « poussage aisé » et « poussage difficile » : ceux en bonne condition pourront souvent rouler pour les sections en poussage aisé.

Portage : on avance en portant le vélo ! Si l’on est très faiblement chargé, c’est parfois aussi pratique que de pousser (sur un pierrier par exemple). Mes itinéraires comportent généralement très peu de vrai portage (quasi-escalade pour grimper d’un rocher à un autre), il ne s’agit le plus souvent que de passer quelques rochers qui barrent le chemin.

Semi-portage : on pousse le vélo, mais de temps à autre, on soulève la roue avant pour passer une pierre barrant le sentier (ou de hautes racines, ou une « motte-marche »).

 

Saison : la saison en haute montagne est en général juillet-mi octobre, sachant que parfois certains cols peuvent être dégagés de neige dès mi-juin (mais ne pas trop y compter, les chasse-neige viennent rarement s’engager sur des sentiers étroits, on se demande bien pourquoi), et l’on peut encore grimper en novembre, si l’automne s’avère clément et que la neige tarde à s’installer. Dès octobre, la moindre précipitation un peu « chargée » en vallée se transforme en neige en altitude, et il ne fait plus assez longtemps chaud en journée pour faire fondre tout cela.

 

Emprunter les sentiers est faisable. Y rouler requiert le plus souvent une grande prudence, d’autant plus qu’on passe souvent de sections très bien cyclables, où l'on se laisse emporter par la griserie de la vitesse (7 à 10 km/h) à de soudains obstacles, parfois guère visibles, qui risquent de faire chuter au mauvais moment. Je dois avouer m’être fait, par le passé, de belles frayeurs en bordure de ravin. Avoir en permanence l’œil rivé sur le sentier et ses abords quand on roule, car un pépin peut arriver très vite. En fait, les seules chutes que j’ai faites sont, hors situation périlleuse, sur des sentiers pentus rendus glissant, soit par les gravillons, soit par l’herbe humide. Donc, de simples dérapages. Bref, dès qu’on sent, hors sentier proprement dit, un secteur à danger (passage à flanc de montagne), s’abstenir de rouler, même si le sentier, lui, s’y prête. On chute assez rarement du côté de la pente en montée…

 

CONDITIONS DU TRANSPORT VELO EN SUISSE

 

Le réseau ferroviaire suisse n’est plus à vanter : non seulement les lignes sillonnent tout le pays, et jusque de nombreuses vallées alpines, non seulement certaines lignes régulières montent à plus de 2000 m, mais en plus, la rêgle générale est qu’il y a un train par heure, grosso modo entre 7 h et 20 h, avec bien souvent un dernier train (parfois car) vers minuit ! Imaginez des trains qui desserviraient, à toute heure de l’aube à minuit, Megêve depuis Le Fayet, l’ancienne ligne d’Annecy à Albertville via le lac, relieraient Grenoble avec Bourg d’Oisans et Briançon, s’insinueraient jusqu’à Barcelonnette, grimperaient jusqu’à Villard de Lans, toujours en desserte horaire cadencée ! Ce qui différencie un pays du 3° millénaire d’avec un prestigieux ancien Empire du 2° millénaire…(cela dit, même ici, ils parlent de réduire. On est entré dans un monde économico-politique qui cultive l’idée de crise à longueur de temps pour mieux faire taire les réfractaires : « pas le moment de critiquer, on est dans une situation critique, acceptez 3 millions de chômeurs, si vous voulez qu’on embauche, acceptez la diminution de vos droits sociaux si vous voulez mieux vivre », etc).

 

Revers de la médaille : le train est cher en Suisse. Il faut compter entre 1,5 et 2 fois le prix en France. La seule réduction possible est le demi-tarif annuel (du reste relativement vite rentabilisé si l’on s’y rend plusieurs fois par an, car ne coûte que 100 €, mais je ne sais toujours pas si un tel tarif est ouvert aux non-résidents). Sinon, il existe, pour des relations régionales, des « prix sacrifiés » (l’inverse du Joker : on ne peut réserver que 48 h avant, et uniquement par internet : http://www.cff.ch, rubrique click & rail). Exemple : Genêve-Brig 18 FS par sens (12 €). Enfin, si vous n’habitez pas trop loin de la Suisse (surtout Lyon-Savoie) et prévoyez plusieurs voyages dans un même mois, Eurodomino est vite rentabilisé : 106 € pour 3 voyages (aller), jusqu’à 190 € pour 10 voyages, soit 5 aller-retour. Un billet normal Genêve-Zürich revient à près de 90 € l’aller retour, un Genêve-St Moritz à 150 €…

 

Train + Vélo, the vrai !

 

Le transport du vélo non démonté peut se faire dans pratiquement tous les trains locaux, et la grande majorité des trains de grande ligne, hors heures de pointe parfois. Il suffit de se poster généralement à une extrémité de quai, car le plus souvent, il y a une voiture à chaque extrémité de rame, avec un immense pictogramme désignant un vélo sur une portière. Il en coûte 10 FS par voyage (7 €).

 

Le transport du vélo démonté, sous housse, peut se faire dans n’importe quel train, sauf les Cisalpino (vers Milan) et certains trains de nuit. On ne paye rien, il suffit que la housse ne gêne pas le passage. Et il y a souvent de la place sur les plateformes, voire près des sièges. Au pire, dans la partie réservée aux vélo « en entier », bien que normalement cette zone leur soit réservée. Même des petits trains (comme les lignes des Chemins de Fer Rhétiques, dans les Grisons) permettent cela.

 

Cerise sur le gâteau : dans les principales stations de correspondance, non seulement il y a classiquement des caddies (avoir toujours une pièce de 2 FS), mais chaque quai a un plan incliné communiquant avec le passage souterrain : changer de train avec son encombrant vélo en pièces détachés d’un côté, ses sacoches de l’autre, ne pose que peu de problème.

 

Pour infos complémentaires, http://www.cff.ch/velo

 

 

Enfin, la Suisse est l’autre pays du vélo : le pays est sillonné de pistes et d’itinéraires cyclables, avec une signalétique particulièrement bien conçue, et uniforme sur tout le pays. Il existe des « veloroute » (en romand et en alémanique dans le texte), qui notamment empruntent les grands cols, en essayant dès que c’est possible d’éviter la route principale – ce qui donne des rallonges parfois assez rocambolesques.

 

On peut acheter des guides plus détaillés sur ces cycloroutes : http://www.veloland.ch

 

Dans le cas de l’Albulapass, en dépoussiérant mes lointaines notions de Goethe Sprache, j’ai cru comprendre qu’il existait une sorte de brevet permanent (enfin, 123 jours sur 365, quand le col n’est pas brusquement fermé par une de ces habituelles et charmantes tempêtes de neige de mois d’août), le Albula Trophy. La plus longue course du monde, longue en durée d’ouverture. 1280 m d’ascension en 21,4 km (toute la précision suisse). Le tout commence à Filisur (ou Bergün), avec système horodateur, et si vous arrivez dans les 200 premiers, vous êtes qualifié(e)s pour la « finale » !

 

Tourismus Information Albula, Bergün Ferien, CH-7482, Bergün GR, ou l’hôtel Rätia de Filisur, ou http://www.albula-trophy.ch

 

 

LES GRISONS

 

Canton situé au sud-est de la Suisse, celui-ci est radicalement différent des autres, puisque c’est le seul où on y parle le rhetoromantisch, autrement dit le romanche, cette langue à cheval entre les langues germanophes et les langues latines. En fait, les principaux centres (Chur, Davos, St Moritz) et les villages des grandes vallées sont quasiment tous de langue allemande (ou plus exactement le dialecte schwyzer-tütsch, à peu près aussi incompréhensible que les deux dialectes romanches pour nos oreilles délicates), sauf sans doute la vallée entre St Moritz et Scuol, complètement enchâssée, enclavée au fin fond des Alpes, ouverte vers l’Autriche tyrolienne. Cela dit, tout Suisse a quelque souvenir de cette langue bizarre qu’on lui a enseigné à l’école, le françois ou quelque chose comme ça. Difficile de caser ses propres trois-quatre mots de teuton venant péniblement à la bouche après des contorsions effroyables de la mémoire.

 

Le temps y est en principe plus clément que dans le reste de la Suisse : j’ai pu y grimper un col à 2600 m fin juin pratiquement libre de neige (enfin, à 1 ou 2 km près), alors que certaines routes de la Suisse Centrale (tel que le modeste Pragelpass, 1550 m) venaient à peine d’être dégagées au chasse-neige. Pour autant, la météo n’y demeure pas moins capricieuse, et il peut très bien pleuvoir (voire neiger à 2500 m) deux jours pleins en mois d’août, refaire beau deux jours pour revenir sur un épisode pluvieux. Ce ne sont plus tout à fait  les Alpes du Nord, mais ce ne sont pas encore les Alpes du Sud – qui, du reste, n’ont pas toujours un climat des plus sereins, surtout côté italien. Dans le même secteur, j’ai trouvé des (petits) passages enneigés fin août ou début septembre à 2600 m !

 

Du fait de conditions climatiques relativement favorables, et de l’ardeur de fourmi de générations de Suisses, les pistes d’alpages montent souvent haut, les sentiers sont parfois bien entretenus, ce qui fait qu’on peut monter très haut sans trop de difficulté : les cols relativement accessibles à vélo peuvent dépasser les 2500 m, et tutoyer sans problème les plus hauts cols muletiers de nos bonnes Alpes. Pour autant, d’un sentier à l’autre, la qualité peut énormément varier. Il va de soi que les sentiers proches de stations de ski / de randonnée sont plus confortables. Mais plus fréquentés. A ce sujet, sur la majorité de mes parcours, j’ai vu des traces de vélo, et j’ai croisé parfois plus de cyclistes que de randonneurs ! Car ces parcours, pourtant non destinés aux cyclistes, ne sont pas toujours évidents à faire en une journée à pied (donc réservés aux « vrais » randonneurs, sac à dos et autonomie), alors qu’à vélo, s’il y a de longues sections de piste ou route (pas toujours desservie par un bus), c’est faisable.

 

 

Et maintenant, montez s’il vous plait !

 

 

COLS MULETIERS DES GRISONS

 

Boucle de la Bernina - 4 cols

Boucle du Glattenberg – 6 cols

Accès au Passo del Scengio – 1 col

Accès au Tanalzhöhi – 1 col

Accès à la Forcella Crap Alv – 1 col

Accès au Schlappinerjoch – 2 cols

Accès à la Furcletta – 1 col

Accès à la Scalettapass – 2 cols

Semi-boucle de Pian da Pe – 2 cols

Boucle de la Maienfelder Furgga – 5 cols

Boucle de la Sertigpass – 3 cols

Boucle de la Ducanfurgga – 5 cols

Boucle de la Strelapass – 8/9 cols

Semi-boucle du Hochwang – 3 cols

Boucle du Tiejer – 2/3 cols

Boucle de la Duranna – 7 cols

Boucle du Weisshorn - 7 cols
Boucle du Pass dal Fuorn - 5 cols
Boucle de S-chal Jöchl - 4 cols
Boucle de Valbella - 3 cols

Ces trois dernières boucles font partie d'un ensemble de cols muletiers italiens

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