ARMENIE

 

L'Arménie se vante d'avoir été le premier Etat chrétien. Les Arméniens furent aussi les premiers à subir un génocide des "temps modernes", que (entre autres) les militaires Turcs s'obstinent toujours à nier devant l'évidence. Pour ne rien arranger, pour échapper un peu au sort peu enviable que leur destinaient aussi bien l'Empire Ottoman que les Perses, ils sont tombés dans l'escarcelle de l'Union Soviétique, dont ils ont subi les vicissitudes économiques. Et pour finir, séisme de 1988, et guerre dans laquelle l'Arménie s'est trouvée entraînée contre l'Azerbaïdjan.

Après ce parcours "de combattant", l'Arménie, aidée par sa puissante diaspora, se remet peu à peu de tous ces chocs. La situation, vue de l'œil du touriste, semble moins mauvaise que la Géorgie (dont elle partage pas mal des problèmes), mais est loin des standards européens. On est dans un pays du Tiers Monde "plus", pas vraiment émergent, mais qui n'est plus immergé, c'est déjà ça.

Europe, Asie ? Comme la Géorgie, ce pays est difficile à classer géographiquement. Pour ma part, et bien que ces deux pays aient bien des points communs (religion notamment), je classerais la Géorgie en Europe, tandis qu'en Arménie, tant point de vue paysages que visages, j'ai plus eu l'impression d'avoir en Arménie un pied en Asie, un peu comme en Turquie. Mais le mot "Asie" est en passe de devenir un compliment dans le monde de demain.

 

ITINERAIRES

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LE NORD AUTOUR EREVAN LE SUD LE GRAND SUD

 

PHOTOS

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TASHIR-GUMRI

SPITAK-TALIN

TALIN-AGARAK

ECHMIADZIN I

ECHMIADZIN II

ZVARNOTS-ASHTARAK

NORD ARTASHAN

EREVAN I

EREVAN II

GARNI

GEGHARD

ARARAT-ARENI

NORAVANK

YEGHEGNADZOR I

YEGHEGNADZOR II

SISIAN-VOROTNAVANK

TATEV

LE SUD

KAPAN-GORIS

TROGLODYTES

JERMUK

HERHER-YEGHEGIS

TSAKHATS KAR

SEVAN I

NORATUS

 

SEVAN II

DILIJAN-VANADZOR

ALAVERDI

 

 

SANAHIN

AGHPAT

AKHTALA

 

 

 

 

FORMALITES

Un visa est nécessaire, mais aisé à obtenir. On peut même l'obtenir par internet, un peu plus cher, mais pratique si l'on n'arrive pas en avion direct à Erevan, ou bien si l'on est provincial. Imprimer l'e-visa, car à certaines frontières (Gogavan, près de Tashir), je me demande même s'ils ont un ordinateur, ce qui fait que votre e-visa imprimé est la seule preuve.

Sur place, on peut prolonger, apparemment facilement, au moins à Erevan. L’OVIR est au #13 de l Avenue Mashtots : en fait, il faut se rendre dans une étroite ruelle à droite du théâtre, et chercher un peu (le bâtiment est exactement à l’arrière du théâtre, indication en anglais). En face, photos, photocopies, et banque en face sur l’avenue, donc pas besoin de trop se préparer. Une prolongation de visa semble être aisée... mais il faut ensuite attendre 3-5 jours ! Comme dans la plupart des pays de l’ex-URSS, il faut payer le montant dans une banque (par exemple celle sur l’avenue, en face), et revenir avec le reçu, remplir un formulaire. En 2011, il fallait se rendre au bureau 216, mais gageons que d’ici là...

Pour ma part, j'ai demandé une prolongation de 30 jours, ce qui, avec le visa d'origine de 21 jours, m'est revenu moins cher que si j'avais demandé d'entrée un visa de 2 mois (prolongation : 5 AMD soit environ 1 €/jour demandé).

 

CARTES-GUIDES

Les cartes sont assez rares. Il y a celle de l'ITMB, l'une des moins mauvaises, avec une échelle correcte et assez réactualisée. Cependant, ils ont encore trop tendance à recopier certaiines routes de l'ex-URSS abandonnées aujourd'hui, et à tarder à reporter les (très rares) routes construites (exemple : la nouvelle route Kapan-Shihakogh-Meghri, qu'il ne faut pas louper). Un détour par GoogleEarth ou mapsof.net est indispensable pour actualiser (même si tout n'y apparaît pas, mais presque).

Sur place, pas facile de trouver des cartes utiles au cycliste, mais j'en ai dégoté une à Echmiadzin, à la tourist shop de la cathédrale : détaillée, assez à jour et pas trop d'erreurs (moins que les cartes occidentales).

Guides : bien entenu le Lonely Planet couvrant les 3 pays caucasiens (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan), en anglais (à moins qu'ils n'aient depuis sorti une édition française ?). J'avais aussi un Guide du Fûté en français, assez bien.

 

ROUTES

Comme en Géorgie (et dans tous les pays issus de l'ex-URSS), le réseau, laissé quasiment à l'abandon durant au mons 10 ans (et dans certains cas, peut-être pas toujours entièrement entretenu à la fin de l'URSS), n'a pas été dans un fier état. Cependant, il est moins désastreux qu'en Géorgie. Dans l'ensemble, il existe un réseau maillé de routes en bon état, seuls certains axes secondaires sont encore en état moyen/mauvais/lamentable. Pour exemple, la route Tashir-Gumri, qui, il est vrai, n'a qu'un faible intérêt, ne desservant aucun village une fois passés 5-10 km de part et d'autre.

A côté, il existe des routes dans des endroits pas possibles : une d'entre elle, bonne quasiment jusqu'au sommet, monte ainsi à un lac (et un observatoire) au pied de l'Aragats, à 3200 m ! Elle a, il est vrai, un intérêt touristique évident, devises à la clé (et en prime, satisfaction donnée à la frange petite et grande bourgeoise de la capitale, plus important que d'aller desservir des villages pourris - bon, soyons pas méchant, ils font au mieux dans l'ensemble, avec peu de moyens).

Ce sont surtout les pistes qui peuvent être très mauvaises : les automobilistes ont pris l'habitude de s'en tenir à quelques routes principales, les pistes n'ayant eu aucun entretien. Aujourd'hui, certaines sont entretenues, mais là encore et a fortiori, les pistes qui ne permettent pas de relier un village au reste du monde sont abandonnées (exemple : la piste de Spitak à Stepanavan), d'autant plus qu'elles passent souvent en haute montagne, et que la neige bloque les cols 5 ou 6 mois dans l'année.

Le problème est que les cartes font rarement la différence entre les routes entretenues et les pistes abandonnées : celles-ci peuvent même apparaître comme axes principaux, même sur les meilleures/moins mauvaises cartes !

 

PENTES

C’est surtout dans le Sud qu’on trouve de forts pourcentages. Sinon, sur les routes principales, on ne dépasse généralement pas 7%. Cependant, les routes et pistes secondaires peuvent être parfois plus pentues.

 

CONDUCTEURS

Pour un pays ou les vélos sont quasi absents, ils sont dans l’ensemble assez respectueux, et plutôt prévenants, même sur les routes à fort trafic. Deux exceptions : autour de Goris, où il y a de sacrés beaufs style électeurs des Pen, et rive Est du Lac Sevan : style vous raser pour faire mumuse, ou bien crier fort, bref les hommes des cavernes au volant.

 

EAU

On trouve assez souvent des fontaines, en ville (même Erevan !) comme le long des routes. Exceptions : le Nord-Ouest (Tashir, Stepanavan), et entre Artashat/Khor Virap jusqu’au col avant la descente sur Areni (route Erevan-Goris-Kapan-Meghri). En principe, elle est potable. Cependant, j'ai eu des ennuis intestinaux durant près d'une semaine, que j'attribue (à raison ?) à une fontaine à la sortie de Martuni, qui jaillissait pourtant abondamment (trop ?). Le reste du temps, rien. Donc, fiable, mais prudence quand même.

 

CHIENS

Ils aboient, mais la caravane passe. La plupart du temps, soit ils veulent juste jouer (zêtes sourds ou quoi ? Il a fait « wif wif », et non « ouah ouah »), soit ils sont pas mal peureux : au moindre cri, au moindre geste de votre part, ils détalent la queue entre les jambes. J’en ai même vu un qui m’attendait, se préparait à se jeter sur moi, mais à peine j’avais lâché mon célèbre krikitu qu’il laissait tomber derechef.

 

TRANSPORTS

Les bus interurbains ne sont pas très fréquents, et surtout m'ont semblé peu adaptés au transport de vélos : vieux, bondés, et sans doute soutes étroites. Je ne me souviens pas avoir vu de galeries chargés de bagages (où l'on place les vélos à défaut de soutes). Au terminal des bus d'Erevan, on m'a bien indiqué qu'ils prenaient les vélos, mais... Le transport interurbain se fait surtout avec des minibus/marchrutkas : il semble que certains d'entre eux faisant la liaison Erevan-Sud (Nagorno Karabagh ?) ont des bagages en galerie, ce qui peut laisser supposer que certains pourraient accepter un vélo - reste à savoir à quel prix.

Les trains sont très très rares : Erevan-Tbilisi (Géorgie), et sans doute 1 ou 2 omnibus Erevan-Gumri, idem Erevan-Ararat, enfin un autorail saisonnier Erevan-Shorja (lac Sevan). Je doute qu'ils acceptent les vélos (sauf démontés, sous housse serrée style plastique fort), pris avec soi en bagage à main.

L'aéroport d'Erevan est à une quinzaine de km, sur la route entre Erevan et Echmiadzin (Ouest). Evidemment, pas de vol intérieur.

 

HEBERGEMENT

Assez cher, compte tenu du coût de la vie. A Erevan, une sorte d'AJ, Envoy Hostel, dans le centre (de mémoire, 55 rue Pouchkine), 14 € en dortoir. C'est pratiquement ce qu'il y a de moins cher (sinon, chez l'habitant, pas moins cher mais - en principe - plus intime). Ailleurs, il faut compter assez souvent 15 €, et bien entendu plus.

Il est assez facile de camper : la population est assez concentrée (au moins la moitié dans la plaine entourant Erevan), et pas mal de coins tranquilles, de petits bosquets (sauf dans le Nord-Ouest).

 

MATERIEL VELO-CAMPING

Même à Erevan, je n'ai pas trouvé de magasin d'équipement de sport, ce qui ne veut pas dire que ça n'existe pas (mais aucune info trouvée sur internet ni sur place). Je n'ai vu que des recharges de gaz...d'un litre, d'origine iranienne, et probablement pas comptatibles avec nos réchauds. Par contre, surprise, à Sisian (Sud), dans une quincaillerie, j'ai dégoté des cartouches à percer de butane 190 g d'origine...turque (l'embargo est relatif, on croise au Nord d'Erevan des bus et des semi-remorques immatriculés 34 - Istanbul).

Côté vélo, plutôt le style turc, avec des quincailleries vendant surtout des vélos pour enfants. Cependant, on peut trouver dans chaque ville du matériel basique (pneus, chambres, câbles...). Mieux vaut être autonome côté pièces détachées, surtout que parfois on tombe sur du matos russe, de piètre qualité (des pédales m'ont fait à peine 30 km, mais une autre paire achetée là aussi à Sisian est encore bonne).

 

A VOIR

L'Arménie est un pays de haute altitude (la grande majorité du pays est au-dessus de 900 m) : cela comprend aussi bien de hauts plateaux (Nord-Ouest notamment), parfois creusés par des canyons (Nord-Est), que des chaînes de montagne plus "alpines". Les paysages ne sont cependant pas le must (sauf au Sud), malgré des sommets dépassant parfois 4000 m. Par contre, les monastères, plantés souvent sur de superbes sites, sont le principal intérêt, sculptés de croix de toutes formes, et entourés de khatchkars (pierres levées sculptées de croix). L'Arménie n'est pas le premier pays chrétien pour rien.

 

EREVAN

Le centre d’Erevan est, classiquement, constitué d’avenues, qui se coupent souvent à angles droits ou peu s’en faut, étant donné que l’hyper-centre s’inscrit dans un ovale. Ce qui est moins classique, c’est qu’en dehors de ces avenues, il n y a pas d’autres rues ! En fait, l’intérieur des blocs entre les avenues est constitué de grandes "arrière-cours", accessibles par des porches. Il s’agit de petits labyrinthes, accessibles à tous véhicules, et une fois dedans, vu que l’accès se fait par toutes les avenues alentour, et que les parcours en sont souvent sinueux, on s y perd presque. Des services administratifs, qu’on imaginerait pourtant aisément avoir pignon sur avenue, sont parfois nichés dans les replis de ces cours, comme dans une cinquième ou sixième dimension. C’est notamment le cas d’OVIR, le service en charge des visas, prolongations etc.

 

 

NAGORNO KARABAGH

Je ne m’y suis pas rendu. Non pas tant pour des raisons politiques (territoire conquis, même si c’était pour la bonne cause, mais les Arméniens et les Azéris semblent trop entêtés pour faire chacun des efforts pour signer une paix inévitable à terme), mais par manque de temps. Le « visa » (il s’agit théoriquement d’une République, distincte de l’Arménie, afin de ne pas apparaître comme l’annexion du territoire d’un autre pays, mais comme un mouvement de libération nationale d’une « nation » de 150 000 habitants) peut s’obtenir à la Représentation du Haut Karabagh, 17A Naini Zarian, Erevan (Nord-Ouest). Accès direct : Terian (NNE) puis montée vers le Parc Haghtanak. En haut, on croise Babayian, puis Zarian. Tourner à gauche, c’est au carrefour suivant. Accès moins pentu : de la place de l’Opéra, NNW Baghramian sur 3 km jusqu’à un grand rond-point (métro Barekamutyun) : prendre à droite à 90° sur Zarian, ça doit être à 2 km sur la gauche.

21 jours : 3000 AMD (6 €), demandé le matin, délivré l’après-midi. Cependant, il y a quelque chose de frustrant : un Etranger (ou en tout cas, non Russe ou non Diaspora) ne peut utiliser que l’unique route depuis Goris via le corridor de Latchin. La piste depuis le Lac Sevan, Vardenis, Zod et le col Zotk n’est pas autorisé (et je suppose qu’il y a un checkpost en contrebas dans la vallée) : cette partie a été (momentanément ?) conquise par l’Arménie, hors territoire Haut Karabagh, et l’Arménie ne tient sans doute pas à ce que des Etrangers s’y promènent, pour tout une série de raisons (ça la ficherait mal qu’un Etranger ait un accident dans une région occupée, je pense). Un Belge croisé a eu pour info, à Stepanakert, qu’on pouvait demander préalablement une autorisation (à Erevan, je pense), mais ça doit être assez théorique, genre « on vous écrira ».

Sur place, je présume qu’un Etranger, a fortiori un cycliste, un peu trop remarquable (par la police, l’armée…) ne peut pas prendre n’importe quelle route, surtout depuis qu’ils ont achevé la route Nord-Sud à l’intérieur des limites du Haut Karabagh (avant, les routes « tricotaient » entre territoire azéri et territoire du Karabagh). Donc, je présume qu’on en est réduit à une unique route Goris-Stepanakert-monastères du Nord, retour par la même route, sur plus de 100 km, sans possibilité de boucle. Frustrant, frustrant. Mais j’espère me tromper.
 

 

Heureusement que c'est transcrit en cyrillique ! Parfois, la transcription en caractères latins aide à la prononciation. Parfois...

 

Ici, tout se casse la gu... : les poteaux comme les avions

 

Les canalisations qui fuient sont une constante, en Arménie (comme dans pas mal d'ex-républiques soviétiques). Heureusement, des solutions innovantes ont été apportées

 

Comme souvent dans les pays de l'ex-URSS, les équipements rouillent avant d'avoir été installés - et peu de chances qu'ils le soient un jour

Juste une question : ensuite, c'est un funambule qui vient retirer le linge sec ?

 

Un Sud-Coréen croisé sur l'autoroute Erevan-Ararat / Petit curieux, va

 

Ah là, ch'suis vert / Au Sud de Goris, la route est parfois très très proche de l'ex-frontière azérie, potentiellement minée lors du retrait des troupes