LE SÜD TIROL (ALTO ADIGE)

 

 

La haute vallée de l'Etsch (Adige, d'où la dénomination italienne Alto Adige à propos du Süd Tirol) est l'une des deux grandes vallées des Alpes italiennes où la langue dominante est l'allemand. Le rattachement définitif à l'Italie est du reste récent (1918), lié à l'accord de la Triple Alliance de concéder ce territoire de l'Autriche-Hongrie, en échange d'un ralliement de la botte, qui faisait alors partie de la Triple Entente. Certaines parties, comme Bozen et sa région, firent épisodiquement partie de l'Italie avant, ce qui peut expliquer une italianisation plus avancée.

 

Bien que cette région soit clairement au sud de la chaîne des Alpes, elle est située à l'endroit des cols alpins les plus bas de la crête principale, de Nice à Wien : Reschenpass 1507 m, Brennerpass 1379 m, Tobbiach 1250 m (ailleurs, les passages inférieurs à 2000 m sont rares : col de l'Echelle 1766 m, col du Montgenèvre 1850 m). A de lointaines époques où il était plus facile de franchir des cols que de longer des rivières tempétueuses creusant des gorges, on comprend que la population autrichienne ait pu déborder de ce côté des Alpes.

 

Grande vallée de passage (moins toutefois que le Brennerpass, qui voit passer l'itinéraire ferroviaire München-Innsbruck-Verona-Roma et une autoroute), de plus très riche sur le plan agricole (vergers à perte de vue), la vallée de l'Etsch est très peuplée : villages typiques (surtout en approchant l'Autriche), églises, chapelles, nombreux châteaux, défensifs ou bien décoratifs, sans compter les manoirs au milieu des vignes. De quoi occuper des journées de repos entre deux montées à vélo sur les sommets.

 

LANGUE

 

Oubliez l'italien : bien que, depuis que l'Italie a obtenu ce territoire, il s'essaie à une italianisation rampante, celle-ci affecte surtout la « capitale » Bolzano/Bozen. Ailleurs, la langue allemande prédomine fortement, sans compter la très forte présence de touristes Allemands, dont je soupçonne certains de s'être installés dans ce Garmish Partenkirchen versant méditerranéen et... moins coûteux. Quelques connaissances dans la langue de Goethe ne sont pas inutiles, même si dans les commerces on vous rend la monnaie "bilingualement", et si la très grande majorité des inscriptions sont en allemand et en italien. Les visites accompagnées (musées, châteaux) sont bilangues, mais les créneaux italiens sont bien moins nombreux.

 

Aux élections, une représentante teutophone, pas précisément tolérante - ses adversaires le lui rendent bien. Une copine à Berlu ? (On la voit de face, car il ne servirait aryen de voir son profil)

 

ACCES

 

Ligne ferroviaire Roma-Bologna-Verona-Bozen-Brenner-Innsbruck, en correspondance à Verona avec les trains Torino-Milano-Verona-Venezia (dont trains régionaux Milano-Verona, qui prennent les vélos non démontés). Pour les conditions de vélo dans le train. Entre la France et Milano, 3 TGV par jour. Entre Milano et Verona, au moins 2 trains par h (mais environ 1 train régional toutes les 2 h), idem entre Verona et Bozen (dont 1 train régional par heure), et 2 trains régionaux par heure entre Bozen et Meran. On peut acheter son billet dès la France via le site trenitalia (très bien fait). Si vous n'empruntez que des trains rapides (ES, IC,...), vous pouvez payer en ligne ou dans le train, mais s'il existe une portion en train régional (R), il faudra acheter le billet dans un distributeur d'une gare, ce qui limite l'intérêt. La gare de Milan Centrale est ch..., car les guichets (et les distributeurs !) se situent après une belle volée de marches. Il existe de petits ascenseurs depuis les quais, non indiqués (ils partent de l'intérieur d'une salle d'attente, gardée par un cerbère qui se garde de vous dire qu'ils sont là...). La gare de Torino Porta Nuova est bien mieux, mais l'ennui est que les TGV s'arrêtent à la gare de Torino Porta Susa, aux quais étroits et encombrés, et que les correspondances pour Porta Nuova ne sont font pas nécessairement quai à quai.

 

A noter pour les Rhônalpins, qui ne bénéficient pas des tarifs cassés depuis Paris : le prix du TGV Modane-Milano (ou Modane-Torino, c'est le même prix) sont très avantageux (15 € si vous achetez quelques semaines avant, pour 40 € pour un Chambéry-Italie). Si vous avez une carte régionale "coup de cœur", assez vite rentabilisée sur l'année, voyagez en TER jusqu'à Modane à 50 ou 75% du tarif, puis rattrapez l'un des 3 TGV. En plus, certaines places étant occupées jusqu'à Modane, il y a un peu plus de place après la frontière (donc les tarifs avantageux disponibles un peu plus longtemps).

 

La ligne ferroviaire de Meran à Malls (au confluent des routes vers l'Autriche, la Suisse et le Stelvio) ne dépend pas de Trenitalia, qui ne délivre "donc" aucun billet, on ne peut s'en procurer qu'à Meran, quant bien même il existe certains trains directs Bozen-Meran-Malls. On peut y embarquer son vélo, soit gratuitement sous housse, soit entier, soit selon un forfait journalier, de peu d'intérêt dans le cas de grimpettes de cols, qui occupent facilement la totalité de la journée (mais si vous êtes basé par exemple à Schlanders ou Meran, ça peut servir pour un "pré-acheminement" jusqu'à Malls).

 

CLIMAT

 

Réputé pour être doux, ce qui se comprend, puisque les hauts sommets de la frontière italo-autrichienne protègent cette vallée des rigueurs du nord. Quoique... Avec des cols aussi bas, les nuages et le vent n'ont aucun mal à passer. Le vent dominant est de nord, y compris en été, c'est très sensible vers Reschen, Mals et jusqu'à Prad. Meran est un peu mieux protégée, adossée à la montagne. Les cactus poussent dans le Touriseum du château Trautmann.

 

RESEAU ROUTIER

 

Région peuplée, donc pas mal de petites routes. Tant mieux, car la route principale, traversant la vallée de part en part, est très circulante, même une fois les migrations d'été terminées. Les routes vers Bormio et vers la Suisse sont plus tranquilles, mais presque aussi circulantes en plein été.

 

Achtung !

 

Le réseau est généralement fort pentu, dès qu'on quitte les routes nationales (qui comprennent encore l'équivalent de nos "D 900", ex-RN gérées par nos départements), le 10% semble une constante. Et quand je dis 10%, c'est du vrai, du style on grimpe 800 m en 8 km, et non le pourcentage mesuré dans l'intérieur d'un virage ! Dès qu'on s'enfonce dans les pistes forestières, les passages à 15% ne sont pas rares, et le 20% n'est pas exclu.

 

Les pistes forestières sont généralement bonnes, mais avec le fameux système teuton de drainage des eaux de pluie (et de fonte, j'imagine), avec des petites tranchées diagonales fréquentes en bois ou métalliques qu'on passe généralement sans problème, mais à l'encontre desquelles il convient de rester vigilant, sous peine d'y tordre une roue - accessoirement le cou.

 

La qualité des sentiers (pour un franchissement à vélo) est très variable. La région étant pas mal fréquentée par les randonneurs, notamment par le fait de la présence de nombreux téléphériques et télésièges, on trouve pas mal de bons sentiers. A noter, le long de la frontière autrichienne à l'est de Reschen, un ancien réseau de pistes et sentiers muletiers militaires, hélas bien délabré aujourd'hui.

 

CARTES

 

Routières : la Michelin 429 "Italie Nord Est" au 1:400 000 ne peut servir que pour les grandes lignes d'un itinéraire. Il vaut mieux la carte du TCI (Touring Club Italiano) "Trentino Alto Adige" au 1:200 000, fréquemment distribuée par Kümmerly+Frey. Et encore mieux la carte autrichienne "Südtirol Trentino" au 1:200 000 de Mairs.

 

Topo : sur place, on trouve toute une gamme de cartes topographiques éditées par Kompass, le plus souvent au 1:25 000. Très précises et très fiables (mais à ce jour, aucune n'indique la piste montant presque au Madritsch Joch au-dessus de Sulden).

On trouve aussi des cartes de Freytag & Berndt au 1:50 000, mais rarement sur place, plutôt sur amazon.com. Un peu moins précises (surtout les courbes de niveau, tous les 100 m au lieu de 40 m), elles couvrent plus de surface (surtout celle couvrant Meran et Bozen), avantage relativisé par le fait qu'elles se recoupent parfois énormément. La S2 "Vinschgau - Ötztaler Alpen" couvre de Reschen (sauf piste militaire) et Sulden à Naturns, la S6 "Ortleralpen - Martell" couvre de Prad à Naturns vers le sud jusqu'à Cles, la S1 "Bozen-Meran-Südtiroler Weinstraße-Sarntal" couvre toute la région centrale.

Ces cartes topo sont d'origine autrichienne. On peut aussi consulter le site de l'Instituto Geografico Militare, qui permet d'acheter des cartes topo de toute l'Italie (système de présentation peu souple, 53 pages à consulter rien que pour les cartes au 1:50 000, classement alphabétique et non géographique !).

A noter que sur place, à la mode autrichienne, il y a des cartes topo affichées un peu partout sur les devantures des magasins. On improvise plus son voyage, c'est pas plus mal.

 

VELO

 

Description de la piste cyclable Meran-Reschen, affichée un peu partout

 

Une piste cyclable, encore inachevée par endroits, descend du Reschen Pass jusqu'à Meran, Bozen et apparemment Trento. A terme, elle fera 99 km du Reschen Pass à l'embranchement de la piste Bozen-(Trento ?). Superbe piste, mais elle n'est pas du luxe, vu le trafic effarant dans cette vallée faites de routes étroites, y compris les Strade Statale - en même temps, les automobilistes semblent tellement imprégnés de l'idée qu'il doit exister, hors réseau routier, un maillage suffisant de pistes ou itinéraires cyclables, qui rendent incongrue la présence de cyclistes sur leur terrain de jeu. Et certains savent bien faire sentir aux cyclistes qu'ils sont roulae non grata.

 

Apparemment, le Vinschgau (Val Venosta) de Reschen à Meran s'est taillé une réputation vis-à-vis des cyclos, on y trouve assez facilement des vélocistes - mais plus encore des loueurs.

 

Plan des pistes cyclables autour de Bozen

 

CYCLO-MULETIER

 

La Etschtal est riche en cols muletiers, en incluant la vallée suisse descendant du Pass dal Fuorn, dépendant du même bassin orographique. La principale manne se situe dans la partie haute, entre Prad et Reschen. Il y a aussi de sacrées pistes d'altitude autour de Meran 2000 à l'Est de Meran, où pour les costauds il doit être possible d'engranger une douzaine de cols, majoritairement à plus de 2000 m, en une grande journée d'été.

 

Mes itinéraires décrits ne sont pour la plupart que des suggestions. Suivant sa forme, la durée des jours (plus réduits en septembre) et la météo, d'autres combinaisons sont possibles.

 

La plupart des muletiers décrits supposent quand même pas mal de poussage à la montée : cela, tant par le fait qu'on termine sur des sentiers de randonneurs, que part les pentes des routes et pistes tyroliennes, où le 15-20% n'est pas rare (dans l'approche terminale des cols). En principe, ils se descendent à vélo, mais il y a des exceptions, notamment dans le cas des anciennes pistes militaires à l'Est de Reschen, aujourd'hui bien délabrées. D'autres supposent plus ou moins de poussage en descente, pour franchir des secteurs pierreux des sentiers.

 

COLS MULETIERS

 

DESCRIPTION DES ITINERAIRES

 

Voici la liste des cols muletiers que j'ai franchi dans le secteur, classés par altitude, avec lien vers une description sommaire de l'itinéraire :

 

MADRITSCH JOCH 3126 m MITTAGER SATTEL 2280 m VÖLLANER JOCH 1665 m
RADURSCHL SCHARTE 2837 m KESSELBERG SCHARTE 2264 m PLATZERS JÖCHL 1530 m
TSCHEYER SCHARTE 2807 m MISSENSTEINER JOCH 2128 m JÖCHLER 1530 m
ZALETZJOCH 2799 m OBERSCHARTE 2100 m BRUGGE 1455 m
VALZER SCHARTL 2672 m JÖCHL 2065 m KREUZBERG JOCH 1452 m
FALLUNGSCHARTE 2610 m SEMBACH SCHARTE 2046 m SCHERMOOS 1449 m
SCHARTL 2593 m PLAMOURT 2042 m WEBER 1412 m
FURGLES 2570 m NAIFJOCH 2030 m SCHMITTNER HÖFE 1362 m
SCHNEID 2518 m JOCH 2018 m HÖHWEG 1290 m
TARSCHER PASS 2517 m RAUHE BÜHEL 1995 m LOCHER 1271 m
PFEILERJOCH 2507 m KREUZJÖCHL 1984 m MOSER 1270 m
RABBI JOCH 2467 m UNTER SCHARTE 1964 m DIE SCHARTE 1245 m
RIFAIR SCHARTE 2455 m AUERJOCH 1924 m EGGEN 1183 m
DIE SCHARTE 2338 m PIFFINGER SATTEL 1902 m ALTEN SATTEL 1168 m
TELLAJOCH 2368 m BEAS JOCH 1895 m RUMSEIN SATTEL 860 m
GLUMSER SATTEL 2330 m LICHTENBERGER SCHARTE 1833 m GRUMSER HOF 797 m
OSWALD SCHARTE 2323 m JENESIER JÖCHL 1822 m NOAFER SATTEL 760 m
SCHLININGPASS 2309 m VIGILJOCH 1747 m  

 

Pas cap' de s' mouiller pour aller plus loin à vélo !