PETIT TRIPTYQUE MECHANT

 

Le texte suivant est ouvertement polémique, carrément agressif et arrogant. Ras-le-bol de caresser la majorité conformiste dans le sens du poil, comme on fait parfois des électeurs d’extrême droite, en disant « oh, les pôv’ malheureux, ils se sont juste trompés ! », alors que par la faute de ces idiots qui ont leur cervelle molle en totalité dans leurs couilles (et qui, eux, n’ont aucun complexe de leur arrogance), on se retrouve à reculer de 50 ans dans la réflexion humaine.

 

Il y a une chose qui m’agace prodigieusement : ce sont les lieux communs. J’en cite trois d’entre eux, qui ont sensiblement les mêmes causes, et surtout les mêmes conséquences.

 

LES POLITICIENS SONT TOUS POURRIS

 

Qui n’est d’accord avec cette phrase frappée du bon sens ? Oui, tout à fait le bon sens populaire, où tout le monde se croit intelligent en proclamant ce qui semble une évidence. Une manière de ne pas se démarquer des autres, conformisme crétin de la majorité qui croit détenir la vérité. Pour ma part, je préfère bien des politiciens, de tous bords, à d’aucunes crapules patrons, actionnaires, véritables donneurs d’ordres. Au pire, les politiciens ne sont que des marionnettes, ils ne sont que le messager, qui laissent les manipulateurs dans l’ombre. Taper sur eux, c'est comme les gosses qui se réjouissent quand Guignol tape sur le gendarme : ça fait rire, mais ça ne fait pas avancer le schmilblik.

 

Dans l’ensemble, je reconnais au personnel politique une chose (même dans le cas d’un chiracus vulgarus, voire pour un sarkozus crapulus) : à un moment ou l’autre de leur vie, et je veux bien croire durant une bonne partie de leur carrière politique, ces femmes et ces hommes ont cru, croient et croiront en des idées, dépassant généralement leur propre intérêt personnel. Ceux qui ne croient qu’en leur propre intérêt égoïste deviennent patrons et actionnaires, pas politiciens : vu le nombre de coups à prendre, la politique, c’est pas le bon plan pour faire (modeste) fortune sans stress. Bon, OK, il y a le pouvoir, la gloire… Pour le pouvoir, Bill Gates ou les actionnaires de Wall Mart en auront toujours plus qu’un vulgaire président, ne parlons même pas d’un député de seconde zone… La gloire, je dis pas. Mais au fond, c'est un sentiment presque noble. Si vouloir laisser son nom dans l'histoire pour des réformes ayant essayé de faire avancer les choses, c'est la recherche de gloire, alors vive la gloire, quand bien même ces réformes peuvent être contestables.

 

Surtout, ce qui me défrise, c’est que cet « anti-politiciennisme » primaire fait surtout le jeu des pouvoirs en place (et de certains de leurs… politiciens), et du système politique qui régit le monde. Puisque les politiciens sont tous pourris, il faut s’en détourner. Donc, laisser faire les « pro », les techniciens, qui, c’est bien connu, « ne font pas de politique ». Sauf que, pour paraphraser une réflexion bien connue, ne pas faire de politique, c’est faire la politique de ne pas faire de politique. Rien n’est neutre, il n’y a pas un système « pur » dirigeant le monde, immuable, et des méchants politiciens qui ne rêvent qu’à le pervertir. Il y a une politique dominante, considérée à tort par beaucoup comme naturelle, mais en compétition avec d'autres orientations politiques largement aussi légitimes. Et tout le monde fait de la politique, comme Mr Jourdain faisait de la prose sans le savoir.

 

La politique, art du compromis pour tenir compte d'intérêts contradictoires, ne peut que donner le spectacle de chamailleries théâtralisées (c'est l'aspect "effet de manches", humain et compréhensible, où l'on cherche à impressionner l'adversaire et le public), et ne peut qu'aboutir à des solutions plus ou moins boiteuses, ne donnant que rarement satisfaction à 100 % à quiconque (sachant que même les patrons sont déçus que leurs hommes politiques au pouvoir leur interdisent toujours d'utiliser le fouet, ingérence intolérable du politique dans l'entreprise). C'est l'intelligence de l'homme par rapport à la bête que de le comprendre, au lieu de rêver à des solutions simplistes dans un monde sans vague, chacun s'imaginant qu'un homme politique leur donnera raison entièrement à eux seuls, sans tenir compte des autres - qui pensent exactement la même chose.

 

En tombant dans le piège du « politicards tous pourris », on fait le jeu d’une… certaine politique, celle en place.

 

ON PAYE TROP D’IMPÔTS

 

Il en va de même pour les impôts : à peu près tout le monde s’accorde, là encore dans un conformisme simpliste ne voyant pas plus loin que le bout de son nez, pour hurler haut et fort avec le reste de la meute, qu’on paie toujours trop d’impôts. OK, OK, supprimons les impôts, laissons faire la nature, et revenons au temps où l’on vivait dans les cavernes. Du reste, dans les pays sous-développés, le niveau des impôts est généralement bien inférieur aux pays développés, ce qui n’est pas qu’un hasard. Vous avez vu qu’ils vivent mieux grâce à ça ? Rien ne vous retient d'aller émigrer dans ces paradis à faibles impôts, aux fonctionnaires corrompus, aux soins de santé déficients, à l'éducation réservée aux riches, aux routes à nids de poule, aux trains avançant à 30 km/h...

 

Les impôts, c’est non seulement ce qui permet à un pays de faire marcher ses fonctions régaliennes (armée, police, justice…), c’est non seulement ce qui peut permettre (parfois) de rééquilibrer les injustices les plus flagrantes, mais c’est aussi et surtout ce qui permet d’asseoir la puissance d’un pays : éducation, routes, ponts, voies ferrées, énormément de choses qui font justement la différence entre pays riches et pays pauvres. A part quelques créneaux bien juteux (autoroutes à péage… - et encore, projets impulsés par l'Etat), vous croyez qu’il y aurait beaucoup d’entreprises pour construire à fonds perdus les écoles pour accueillir vos enfants, financer leurs enseignants, etc.… ? Ou se lancer dans des projets à lointains retours d’investissements (TGV, Airbus, centrales nucléaires – bon, là, les zécolos vont me faire la peau)… ?

 

Et puis, inefficacité administrative mise à part (notion du reste à relativiser : bien souvent, la seule efficacité mesurable du privé, c’est de sous-payer et de pressurer ses employés, sans quoi il y a à peu près autant de cadres, gens ou structures inefficaces dans le privé que dans le public - voire plus, c'est toujours plus facile de se faire obéir, même d'ordres stupides, quand en face on a des gens qui risquent la porte), le public n’a pas vocation à faire des profits en gérant un service, ou en construisant. Le privé, si, ce qui induit automatiquement un surcoût : il faut non seulement payer le matériel et les employés, mais aussi surpayer les investisseurs, qui ne se contentent pas de la rentabilité d'un emprunt 5 %. On l’a bien vu notamment en Amérique Latine : pour remédier, de manière expéditive, à l’inefficacité de la distribution de l’eau, on a recouru au privé (surtout à des sociétés françaises bien connues). Le résultat, ça a été des augmentations incroyables de tarif, sans qu’il y ait en proportion une réelle augmentation de qualité du service rendu (mais je serais surpris d'apprendre que les actionnaires y aient globalement perdu). Du reste, la majorité d'entre elles se sont fait botter le Q. Peut-être que la réponse à l’inefficacité d’un service public n’est pas nécessairement sa privatisation, mais la révision des méthodes de gestion du service…

 

Et surtout, un engagement fort d’hommes politiques. Au fond, quand on veut noyer son chien… Imaginons un service public dont on entrevoit le fric qu’il pourrait rapporter. On le laisse gérer de manière catastrophique, on lui coupe les ailes lorsqu’il pourrait se rénover, et puis, une fois qu’on a démontré que ça ne marche pas, on le privatise. Là, on injecte des fonds (ce qu'on refusait avant), on met enfin en place de bonnes méthodes de gestion (ce qui était possible avant, même avec le fameux poids des syndicats, tarte à la crème du patronat), et miracle, ça rapporte le fric attendu… C’est fou le nombre de pays où le scénario s’est reproduit, et je n’exclus nullement qu’un phénomène comparable par certains aspects ne se soit développé dans les pays riches, souvent à coups de filiales (cf SNCF, désossé entre le réseau physique RFF totalement dans le rouge, les exploitants locaux des TER qui augmentent les impôts locaux pour maintenir un service adapté aux besoins et souvent pallier aux insuffisances de RFF, et le transporteur TGV très rentable, lui, prêt à tomber dans l'escarcelle d'aigrefins).

 

On l’a vu : même aux USA, lorsque le gouvernement a la volonté de changer les choses, il peut le faire, sans forcément recourir au privé en totalité – au contraire, car le privé n’a qu’une étroite vue à court terme : le fric à s’empocher, ce qui va très souvent à l’encontre de projets à long terme, ceux sur lequel s’appuie le développement… durable d’un pays. En France, nous avons connu à une époque un gros retard en matière d’autoroutes et de téléphonie. Depuis, on est pratiquement en avance, sans qu’on ait eu à recourir alors à la privatisation systématique. Et c’est maintenant que l’Etat a financé ses investissements, sur nos fonds à NOUS (nos impôts), que celui-ci offre tous ses systèmes rentables, qu’aucune boîte n’aurait alors voulu entreprendre sur ses fonds propres, qu’il les refile pour ainsi dire gratos au privé ! Magnifique effet d'aubaine.

 

Si une entreprise publique est gérée aussi bien qu’une entreprise privée (et c’est tout à fait plausible, contrairement à ce que pensent de nombreux esprits simplistes, sûrs du bon sens « évident »), l’entreprise privée, cherchant à faire des bénéfices, sera forcément plus coûteuse à la société. Son coût est généralement masqué : un employé payé avec des élastiques fera moins d’achats, ou, stressé, tombera plus souvent malade, une petite entreprise coulée par la grosse concurrence laissera des gens et des bâtiments sur le carreau, véritables gaspillages admis, voire encouragés, l'entreprise polluera à qui mieux mieux sauf si... un Etat fort maintient des règles draconiennes.

 

Lors des Jeux Olympiques de Los Angeles, certains ont bramé qu’ils n’avaient rien coûté aux citoyens. Oui. A part que, comme tout avait été financé par le privé, celui-ci, qui ne fait rien sans que ça rapporte (en sous ou en image), s’est forcément rattrapé ailleurs (en détruisant des concurrents, en pressant un peu plus ses employés, en polluant encore plus). Sans compter la pub, qui augmente le prix des produits de 10 % à travers le monde – en voilà, un « impôt », à propos duquel les gens seraient plus inspirés de protester ! Le coût zéro pour le citoyen, ça n’existe pas, c’est une belle histoire de père noël pour gogos. Les programmes télé des chaînes gratuites, en définitive, nous les payons tous (même ceux qui ne regardent pas) par le biais du coût de la publicité des annonceurs qui financent ces programmes. Tout a un coût, et autant, sur la partie « publique », le citoyen a, théoriquement, des moyens de pression (élections, référendums populaires…), certes souvent mal utilisés, autant, sur la partie « privée », le citoyen n’a aucun moyen (à part quelques assoc de consommateurs), et l’employé encore moins, sauf celle de partir et de rejoindre la cohorte des chômeurs.

 

Alors je dis : non, il n’y a pas trop d’impôts (au contraire, il n'y en a pas assez, et l'Europe marcherait peut-être mieux si elle avait plus de fonds). Mais il n’y a pas assez de droit de regard du citoyen sur son utilisation, sur l’instant comme à terme. Je dis que si l’Etat investit énormément dans des projets pour lesquels aucune entreprise n’a de reins assez solides (= pas assez rentables pour enrichir suffisamment des actionnaires), il n’a pas le droit ensuite de refiler ces projets, une fois aboutis avec NOTRE argent, à de tels rapaces, qui n'ont même pas pour eux les rares qualités du capitaliste : le risque, l'audace, l'esprit d'innovation.

 

Et qu’on arrête avec les salades stupides du style : nos impôts passent dans les aides aux immigrés, comme les allocations familiales. Il est bien connu que des gens viennent de l’autre bout du monde, en dépensant des fortunes avec des passeurs peu scrupuleux, juste pour toucher nos allocs ! Vous avez déjà essayé, vous, de subsister rien qu’avec des allocs, avec un passeur à rembourser durant des années, avec des marchands de sommeil faisant payer très cher des taudis, tout en essayant d’envoyer de l’argent au pays ? N’importe quoi, réfléchissez une seconde. Un immigré préfèrera travailler encore plus, pour envoyer encore plus d'argent au pays, ou quitter au plus vite la grisaille du nord (à terme, de nombreux finissent par changer d'avis et s'installer, et c'est leur droit : ils ont eux aussi participé au développement de notre, de LEUR pays, tout comme le boulanger Etranger de Fernand Reynaud, que la population arrive à faire partir... et qui se retrouve sans pain).

 

Sans même retenir le raisonnement « égalitariste », solidaire etc., n’oublions pas que toutes les mesures à l’égard des gens à faibles ressources en général (qu’ils soient immigrés ou non), aident ces gens à rester plus ou moins intégrés dans le tissu social. Le fait de laisser des gens en marge augmente les risques (criminalité, maladies – on le voit avec la résurgence de la tuberculose dans les pays de l’est), et en définitive, a un coup supérieur à la société dans son ensemble. L’inégalité est un moteur du développement (le pauvre cherche à devenir aussi riche que le riche, pour caricaturer), mais à un certain niveau, il finit par être un coût.

 

Qui dit baisser les impôts dit baisser les subsides de l’Etat, donc la contraction de son intervention, donc l’irruption du privé sur les secteurs abandonnés – mais pour faire du fric rapide, pas pour construire pour la société. Politique de dilapidation. Donc, les réductions d’impôts (qui, de plus, profitent massivement aux riches, et, bien sûr, pas du tout aux très pauvres qui ne payaient déjà pas d’impôts directs – mais ne payent pas moins de TVA !) sont en fait une mauvaise chose, une sorte de malthusianisme du développement qui profite en définitive à une tranche bien précise de la population - mauvaise nouvelle, vous n'en êtes pas. C'est con, non ?

 

LES CHOMEURS SONT DES FAINÉANTS

 

Celui-là aussi est magnifique : des chômeurs vivent à nos crochets (et, bien sûr, pratiquement tous les immigrés, qui font des gosses à la chaîne et envoient les allocs en Afrique), et se complaisent dans leur état de chômeur, ils ne seraient pas chômeurs s'ils cherchaient du travail pour de bon. Bien, je ne dis pas qu’il n’y a pas des gens qui, sans travail, ne font pas toujours ce qu’il faut pour retrouver un emploi, ou sont trop difficiles sur ce qu'on leur propose, etc. Entre parenthèses, à force de fréquenter l’ANPE et de ne se voir proposer que des emplois de plonge à mi-temps pour 2 semaines et rien ensuite, je comprends qu’il y en ait plus d’un qui finisse par se décourager. Et puis, un ouvrier qualifié au chômage a tout à fait le droit de ne pas sauter sur le premier emploi sans qualification, qui pourrait lui faire rater une opportunité. Ce qu'on autorise à une entreprise, à un cadre, on ne l'autoriserait pas à un chômeur ? Au nom de quelle morale pervertie ?

 

Mais les choses sont nettement plus simples, bêtement mathématiques : disons qu’en France il y a 3 millions de chômeurs au mois M. Le même mois, les entreprises ne proposent que 500 000 emplois. Faites une rapide soustraction : 3 M – 500 m (en supposant que toutes les offres seront comblées, ce qui n'est pas le cas) = il restera, que vous le vouliez ou non, et que celles-ci s'agitent ou non, 2 500 000 personnes sur le carreau. Certes, en théorie, ces emplois étant de courte durée, il devrait y avoir une rotation (encore que je me demande au nom de quoi une frange de environ 4 millions de personnes devraient se contenter de courtes périodes d'emploi, par rotation !). Sauf que ce sont à peu près toujours les mêmes (bagage intellectuel, jeunesse, carnet d'adresse, soutien du milieu familial ayant des contacts ou fayotage auprès du député, dynamisme personnel, etc.) qui décrochent ces emplois, et que ceux sans éducation, sans caractère trempé, etc., passent toujours ensuite, donc restent en permanence sur le carreau. Et se découragent parfois. Après, il ne reste que les emplois « à la péruvienne » : tous ces vendeurs à la sauvette dans les rues de Lima, ou de villes de bien des pays du tiers monde, autant "d'indépendants", qui revendent à l'unité les cigarettes d'un paquet qu'ils ont acheté presque à l'unité à un autre intermédiaire : vachement productif, au niveau d'une société ! Et même cela n’est pas autorisé (encore heureux) chez nous.

 

Le problème du chômage, ce n’est pas la faute des chômeurs. C’est la faute d’un système, qui non seulement ne fait pas tout pour vaincre le chômage, mais qui même le nourrit. C'est fini, le temps où il suffisait de défricher un bout de terrain pour subsister en autarcie, aujourd'hui l'emploi dépend avant tout des entreprises, des structures d'Etat. Ça peut paraître mettre la charrue avant les boeufs, mais c'est à l'offre de s'ajuster à la demande ! Lors de la période de plein emploi, bien des pays ont craint de voir les travailleurs hisser leur niveau de vie, au point de risquer de diminuer celui d’une classe aisée. Les travailleurs, à peu près assurés d’un emploi même s’ils se faisaient virer, avaient des moyens de pression pour que leurs intérêts ne soient pas ignorés.

 

Avec le chômage, la fameuse réserve industrielle de travailleurs, c’est oublié. Tout le monde ferme sa gueule, tenu par la peur de se retrouver sans emploi. Au lieu de s’en prendre aux régimes libéraux en place, les gens se bouffent entre eux (contre les chômeurs, contre les immigrés, contre les femmes qui ne restent pas au foyer, contre les fonctionnaires « nantis », comme disait un ex-premier ministre à l’estomac bien rempli, assuré de pantoufler dans le privé), critiquent les hommes politiques, critiquent les impôts, bref, durant ce temps, les riches, épargnés (voire valorisés : ils ont réussi parce qu'ils le méritent - tu parles, les gens qui font fortune l'ont obligatoirement fait sur le dos des consommateurs et de leurs employés !), se frottent les mains : dans à peu près tous les pays, les fortunes n’ont jamais été aussi colossales, la différence entre les déciles supérieurs et inférieurs (10 % plus riches, 10 % plus pauvres) n’a jamais été aussi grande depuis l’après deuxième guerre mondiale. Série en cours.

 

Là encore, en caricaturant, si sur un pays il y a besoin de 1 milliard d'heures de travail à répartir sur 30 millions de gens actifs, en maintenant la semaine à 40 h (en supposant qu'il n'y ait pas de temps partiel - souvent une forme déguisée de chômage partiel), automatiquement il y aura 25 millions de gens à temps complet, et 5 millions sans emploi. Tandis que si ces heures sont réparties sur 30 millions d'individus, cela fait 33 h par semaine pour chacun ! Bien sûr, rien n'est aussi simple (comment fera la boucherie Sanzot, avec son unique employé ? comment certains secteurs pointus pourront embaucher ? comment financer tout cela ?), mais en gros, c'est ça. L'inventivité humaine trouvera toujours réponse à des questions qui, actuellement, ne se posent hélas pas (pour embaucher des pointus, il faut... former plus de pointus !), l'ARTT en est un exemple.

 

Cela demanderait bien sûr dans un premier temps le resserrement des salaires, bien sûr la tranche "haute" des employés (pas évident), mais surtout celle des cadres et professions libérales, moins de fortunes d'aubaine des actionnaires, etc. Et cela, c'est bien sûr inadmissible. Sauf qu'un pays en plein emploi est plus dans un cercle vertueux (des gens payés payent... des impôts, donc l'Etat récupère à terme ce qu'il a investi - au niveau européen, vu que le commerce interne représente 90 % de son commerce total, c'est très faisable sans perte de compétitivité) qu'un pays en période de contraction de l'activité, de l'emploi et du rôle de l'Etat (les gens dépensent globalement moins, donc les finances de l'Etat diminuent, donc il investit moins, donc les gens ont encore moins de travail, donc moins d'argent - à terme, travailler plus pour gagner moins ?).

 

Bien sûr que ce n'est pas évident à mettre en place. Ce qui est évident, c'est qu'il y a franche volonté politique de ne pas se diriger dans cette direction. Rien n'est écrit dans le devenir de l'homme. Ce n'est pas parce que les choses sont impossibles que nous ne les faisons pas, c'est parce que nous ne les faisons pas qu'elles sont impossibles (dixit Lao Tseu ou quelqu'un comme lui).

 

Alors, SVP, arrêtez avec les raisonnements simplistes, qui ressemblent plus à ceux tenus avant des guerres menées pour faire oublier des problèmes internes (comme c’est encore le cas dans le tiers monde, quand un dictateur se lance en guerre contre son voisin pour faire oublier sa mauvaise gestion interne qui n'a profité qu'à une poignée de privilégiés), qu’à une élévation de la réflexion. Léopold Senghor disait que les gens d’extrême droite sont des gens qui se trompent de colère. On pourrait presque poursuivre en disant que les gens qui critiquent les politiciens, les impôts, les chômeurs (et les fonctionnaires) sont également des gens qui se trompent de critique.

 

Pour les bigots Etatsuniens, aussi intégristes que leurs symétriques talibans (ils sont en train de faire mettre en balance les théories évolutionnistes avec les leurs, ringardes, avec Adam et Eve dans les rôles principaux,, dans l'enseignement public ! Je parle bien des premiers, c'est dire si la ressemblance est patente), cela fera l’objet d’une autre arrogance.

 

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