HONG KONG A VELO

Hong Kong n’est sûrement pas le paradis du cyclo ! En ville, on s’en serait un peu douté : entre Victoria, sur l’Ile de Hong Kong, et Kowloon, qui lui fait face sur les New Territories, l’essentiel des sept millions d’âmes de l’ex-colonie britannique se presse sur guère plus de 80 km². Entre les gratte-ciel (enfin, les gratte-nuages) omniprésents, les voies rapides se faufilent, les autobus, tous à impériale (même le tramway est à impériale !) vous rasent, bref ce n’est pas très confortable. Vous sortez de cette étouffante mégalopole, vous vous dites : enfin du vélo peinard. Erreur ! Outre que les routes tranquilles, il faut aller loin pour en trouver, c’est qu’en plus ça a vite faite de monter. Et ici, 10% semble être la norme minimale pour une côte, et 15% un chiffre relativement courant.

Bien, il y a les country parks. Idéal, voire idyllique, pour le vélo. A part qu’après avoir tremblé de vous faire écraser par les voitures le long de routes sans piste cyclable et étroites, vous y tombez parfois nez à nez avec une pancarte qui vous fait la gueule des mauvais jours : « interdit aux vélos ». Le pictogramme international est clair, vous ne pouvez prétendre ne pas lire le cantonais ou ignorer l’anglais. Et les flics sont vite là pour vous rappeler gentiment à l’ordre, à croire qu’ils sont à l’affût. La surprise, c’est quand sur les routes interdites, vous voyez plein de véhicules à moteur. Elles ont certes un permis (riverains, services divers), mais ça vous fait rager qu’elles seules aient le droit de pouvoir effrayer les randonneurs à pied longeant ces routes, petit plaisir qui vous est ainsi injustement refusé.

 

De toutes façons, se balader à vélo est déjà découragé dès l’arrivée à l’aéroport : l’unique route pour rejoindre le continent depuis l’Ile de Lantau est une autoroute avec des postes de péage un peu avant le pont, si tenté que vous puissiez aller si loin : les flics remettent dans le droit chemin vite fait. En vous faufilant entre les routes de services, vous pouvez tout juste atteindre la petite ville à 4 km de l’aéroport, d’où une petite route permet, non sans mal, d’accéder à un petit port d’où vous pouvez embarquer dans un ferry vers Central (Victoria). Sinon, le train (cher) refuse théoriquement les vélos, et il n’est pas garanti qu’un bus vous le prenne, s’il n’est pas démonté sous housse. Voir les détails ci-dessous.

QUITTER L’AEROPORT DE HONG KONG AVEC SON VELO

Par la route 

L’unique possibilité (sauf à franchir nuitamment le péage du pont menant au continent, mais danger) : au dernier rond-point à la sortie de l’aéroport (station service), prendre à droite la route de service «commercial districts », qui mène en 5 km à la petite ville (env. 40 000 habitants, à vue de nez) de Tung Chung (supermarchés, etc…). A noter qu’en sens inverse, l’itinéraire est moins facile à trouver, il faut à un moment « cisailler » un accès autoroutier (mais l’on y arrive). De Tung Chung part une petite route étroite normalement interdite aux véhicules (à part qu’on n’arrête pas d’en croiser, et même d’incessants bus) vers un country park. Cette route monte à un petit col (330 m), mais la montée se fait surtout les 2.5 derniers km ! Au-dessus du col, il y a même un petit kiosque sous lequel on peut dormir ou camper. Au début de la montée, il y a aussi un kiosque, et pas mal de moustiques. La descente est du même « tonneau ». A 8 km depuis Tung Chung, vous arrivez à la route de la côte sud de l’île :

- soit vous prenez à droite, vers le petit port de Tai O, d’où un petit ferry artisanal part (l’après midi je crois) vers Tuen Mun, sur les New Territories. Route assez raide de 15 km, avec un col à 250 m, d’où une route permet d’accéder au monastère de Ying Hing. Compter 28 HK $ + 20 pour le vélo (45 FF en tout). De Tuen Mun, demander où est l’embarcadère, car il ne part pas du même endroit que les autres ferries (il part non loin de l’embouchure de la rivière). Cet itinéraire ne vaut que si vous cherchez à vous rendre en Chine en évitant Hong Kong / Kowloon, car si vous voulez vous y rendre, il faut encore rouler 40 km, sur une route côtière parfois jolie.

- soit vous prenez à gauche, vers le port de Mui Wu (Silvermine Bay), à 8 km. Il faut encore pousser (deux petites côtes, dont un col à 130 m). Du port, 6 ferries « normaux » (les « speed ferry » sont interdits au vélo), 10.5 HK $ pour vous, …12.6 HK $ en plus pour le vélo ! Vous arrivez à Central (Victoria, Ile de Hong Kong), d’où il vous faut faire environ 2 km vers l’est pour rejoindre l’embarquement du ferry vers Hung Hom (Kowloon), les autres ferries étant interdits aux vélos. Hung Hom est à 1 km à l’est de la gare ferroviaire de Kowloon (celle de la ligne vers la Chine, pas la gare sur la ligne Aéroport-Central, située à l’ouest de Tsim Shatsui). Tsim Shatsui, le centre nerveux de Kowloon sur la péninsule face à Victoria, se situe 1 km à l’ouest de la gare. Comptez 15 HK $ avec le vélo.

Ces deux itinéraires ne valent que pour musarder, tranquillement loin des buildings serrés de Kowloon et Victoria. Pour aller vite, ce n’est pas génial.

Avec le train

Le train coûte actuellement 70 HK $ jusqu’à Kowloon, 90 jusqu’à Victoria. Théoriquement, les vélos y sont interdits, et il y a des agents sur le quai. Vous avez peut-être une chance si votre vélo est plié, sous housse. Cela dit, certains affirment avoir pu prendre ce train sans problème. A l’aéroport, il n’y a pas de tourniquet, mais à Kowloon si. Dans le sens inverse, c’est plus facile : tant de la gare de Central (Victoria, île de Hong Kong) que de celle de Kowloon, on peut enregistrer directement ses bagages avant de monter dans le train. Attention : la gare de Kowloon se situe à l’ouest de Tsim Shatsui, il ne s’agit pas de la gare à l’est, d’où partent les trains vers Guangzhou (Canton).

Une possibilité annexe : de Tung Chung, à 5 km (voir ci-dessus « par la route »), un train de banlieue part vers Kowloon (15 HK $) et Victoria (23), soit bien moins cher. Ici, le vélo est plus dur à embarquer (tourniquets, et « jauges » pour les bagages, les trains de banlieue du Territoire n’autorisant généralement qu’une valise par voyageur !). Pour un simple aller-retour « en ville », on peut prendre le risque de laisser son vélo dans le parc à vélo à l’extérieur de la gare (pas de consigne dans la gare), mais c’est un risque…

Avec le bus

La majorité des bus ne prennent pas les bagages encombrants. On peut essayer avec les « airbus », comptoir 2D du hall arrivée, qui les accepteraient (de préférence pliés sous housse). Pour ces bus terminant à Kowloon (A21/A22), 33 HK $, pour ceux allant à Victoria (A11/A12) sur l’île de Hong Kong, 40 HK $

Avec le ferry

De l’aéroport part un ferry direct vers Tuen Mun. Au dernier rond-point de la station service, prendre à gauche puis encore à gauche, soit environ 1.5 km de l’aéroport. L’ennui est que ce ferry (15 HK $) n’accepte pas forcément les vélos, tout dépend du bon vouloir des employés (c’est marqué : la compagnie se réserve le droit etc…). De plus, encore une fois, cette solution vaut si vous voulez vous rendre en Chine ou traîner dans les New Territories en évitant l’agglomération principale de Kowloon, qui se situe à 40 km à l’est de Tuen Mun.

 

AUTRES INFOS SUR HONG KONG

Camping : dès qu’on s’éloigne de l’agglomération Kowloon-Victoria et de ses tentaculaires excroissances, le camping devient possible : il y a même des aires naturelles « campsites » dans les country parks, c’est-à-dire presque partout où ce n’est pas bati. En dehors des week ends, tranquillité quasi-assurée. De même, on trouve dans ces country parks un certain nombre d’abris, bien pratique vu la pluviométrie du lieu (mars-octobre). On trouve le long des routes des toilettes publiques qui permettent de se savonner et d’avoir de l’eau.

Ferry : outre ceux mentionnés sous le chapitre aéroport, autre petit ferry sympathique : celui joignant Wong Shek, sur la presqu’île de Sai Kung, et l’Université de Ma Liu Shui, entre Shatin et Tai Po : 16 HK $, + 12 pour le vélo (soit env 27 FF). Depuis l’Université : 9h et 15h30, depuis le country park : 10h30 et 16h50.

Quitter Kowloon : essayez de rester le plus longtemps sur Nathan Road (sur environ 4 km), la route qui traverse tout droit tout Tsim Shatsui. Si vous vous lancez avant sur la gauche ou la droite, vous n’arrêterez pas de tomber sur des autoroutes en tout sens, et rien n’est indiqué pour les cyclos pour les éviter.

PETIT RECIT

Jamais je ne n'étais retrouvé à dormir, que dis-je, séjourner dans une chambre si minuscule. J'ai mesuré, à l'aide de mon grand corps décharné, enfin je veux dire de petit trapu ventru, cela donne 1,5 m sur 2 ! Heureusenent encore que les toilettes soient sur le palier...Le vélo n'y tient evidemment que debout. Vélo qui fait chambre commune avec moi, pour des raisons de sécurité vraiment pas évidentes : quel serait l'abruti qui, à Hong Kong, irait encombrer sa cave ou son balcon qu'il n'a pas, d'un engin aussi peu utilisable dans une agglomération où les uniques moyens de transport sont la voiture, les trains de banlieue, les ferries, les bus et le délicieusement rétro tram à impériale, enfin...les ascenseurs : les gens se déplacent autant à la verticale qu'à l'horixontale, puisque toute l'agglomération enserrée entre la mer et les collines, n'est qu'une succession de La Défense mélangée avec Argenteuil. Les édifices d'habitation inférieurs à 13 étages, connait pas, et la moyenne générale doit friser les 25 étages, dans des batiments à touche-touche où, tel dans les villes siciliennes, on pourrait presque tendre du fil à linge entre deux tours.

 

Je ne suis pas forcément laudatif à l'égard des Grands Bretons qui ont géré, un siècle durant, cette colonie : aller pousser l'outrecuidance de créer, peu avant la rétrocession, une vague assemblée élue, alors qu'ils se sont toujours accommodés d'un système fort peu démocratique. Tout ça pour se faire, à bon compte, une image de parfaite démocratie occidentale qui aurait à montrer à la vilaine Chine autoritaire la voie à suivre ! Se foutre de la gueule du Monde, et devant cette imprudente impudence, je ne peux même pas être contre cette première manifestation d'autorité de Beijing de passer outre ce coup de pub médiatique de la perfide Albion. Encore moins laudatif, sur un plan personnel, du fait qu'ils ont interdit, depuis les années 70 parait-il, la circulation à vélo dans les parcs naturels. Mais on doit leur reconnaître une gestion à peu près efficace d'une agglomération de 7 millions d'habitants, qui s'est développée bien plus vite que certaines monstreuses mégalopoles à travers le Monde, dans un court laps de temps, et dans une géographie et une situation géo-politique assez difficile. Cela dit, les Chinois, qui ont toujours constitué la très grosse majorité des habitants, y sont largement pour quelque chose. Le business ne se conçoit que dans un système, urbain entre autres, organisé.

 

Mais foin de commentaires, l’heure est au vélo. Entre deux avions, par deux années, j’ai pu un peu expérimenter les routes hongkongaises (ou hongkongiennes ?). Premier constat : il faut certes s’éloigner un peu de la ville (pas tant que ça, si l’on considère que la conurbation Victoria-Koolown rassemble dans les cinq millions d’habitants, sans compter Shatin et tout le littoral en se dirigeant vers la Chine), mais il y a de jolis coins, et, au moins hors week-end, tranquilles. En fait, j’ai pu camper chaque nuit, pour peu que je me trouve dans un parc naturel. Or les parcs naturels couvrent à peu près…tout ce qui n’est pas construit. Les Nouveaux Territoires, pris sur la Chine, ont offert à Hong Kong une véritable bouffée d’oxygène en terme d’espace, d’eau, de verdure. Deuxième constat : vous vous imaginez, parc naturel = vélo bienvenue. Erreur !  C’est justement là qu’ils sont interdits, des fois que vous voudriez déranger des piétons, chauffeurs l’instant d’avant qui menaçaient de vous écraser, et à qui il vous est interdit de leur rendre la pareille.

 

Vous vous dites : qu’à cela ne tienne, il n’y a quand même pas un policier derrière chaque arbre pour coincer le cyclo frondeur. Voire…A chaque fois que je me suis trouvé dans une situation d’infraction caractérisée (me retrouver par erreur sur une autoroute, rouler dans un parc naturel – en tout cas sur une route interdite aux vélos), un policier ne tardait pas à me tomber dessus, m’enjoignant, gentiment mais fermement, à gicler de là. Cela est surtout le cas sur l’Ile de Hong Kong, occupée par la capitale Victoria, mais qui a su préserver quelques coins de verdure, et notamment le centre montagneux de l’île. Mais soit vous y accédez par des routes extrêmement circulantes, soit dès que vous voulez emprunter une de ces charmantes routes, ou bien une piste, vous vous heurtez à l’interdiction sus-dite. Ils craignent vraiment que le cyclisme devienne un loisir, à Hong Kong ! Et préfèrent encourager la pollution de la voiture. Vivement que les autorités de Hong Kong soient rééduqués au plus vite en Chine, pays du vélo…

 

J’ai pu tout de même rencontrer quelques cyclos locaux, occupés à braver les interdictions en jouant au chat et à la souris avec les policiers – motorisés, cela va de soi sur des routes autorisés seulement aux piétons pour leur confort et leur sécurité (celui des piétons, ou celui des agents ?). Je rigolerais bien qu’une de ces motos, censés les protéger de l’arrogance de deux-roues sans moteur, vienne à en écraser un. L’un d’eux (pas un piéton, un policier, suivez un peu) a même fini par contrôler mes papiers et probablement communiquer ces précieuses informations à propos d’un récidiviste notoire (à force, un autre policier à l’autre bout de l’île avait dû me « cafter »), me faisant ainsi comprendre que je n’avais pas intérêt à me faire pincer une autre fois. Charmant. Heureusement, il s’agissait de ma dernière balade dans des parcs naturels finalement peu accueillants.

 

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