QUELQUES CYCLO-INFOS SUR LA FRIC DU SUD

 

6000 km à vélo dans ce vaste pays, en décembre/janvier/février 2010/2011

 

PHOTOS

 

Jobourg Zoo Jobourg Golden Gate Bloemfontein  N.O. Transkei Graaf Reinet I
Graaf Reinet II Graaf Reinet III Port Elisabeth Tsitsikamma Robberg Knysna
Prince Alfred Pass George-Oudtshoorn Swartberg Pass I Swartberg Pass II Meiringspoort Mossel Bay I
Seweweekspoort Ladismith Swellendam Montagu Paarl Franschoek
Stellenbosch  Capetown I Capetown II Capetown III Capetown IV Capetown V
Hirstenbosch I Hirstenbosch II Hout Bay/Muizenberg Cape Point Animaux I Animaux II

 

 

 

QUELQUES INFOS CYCLO-PRATIQUES

 

L'Afrique du Sud ne serait pas un pays que je recommanderais à un cycliste. Dommage, car pour un pays "émergent" (bref, du Tiers Monde), il y a bien des aspects positifs : réseau relativement dense, routes en bon état, la plupart des pistes de bonne, voire de très bonne qualité, dans chaque gros bourg supermarchés à l'occidentale, magasins de vélo dans les villes grandes et moyennes, hébergement plutôt économique dont pas mal de possibilités camping... et la pratique de la langue anglaise par une bonne partie de la population.

 

Mais à côté de cela, sans compter le malaise suscité par les inégalités toujours abyssales, la, ou plutôt l'inconduite de certains chauffeurs rend presque chaque journée de vélo désagréable. Oh certes, la majorité des gens conduisent prudemment, mais il ne se passe pas un jour sans qu'on ait affaire à un ou quelques imbéciles roulant vite et/ou frôlant le cycliste, tellement par insouciance qu'on finit par y voir un geste délibéré. A force, ça gâche un peu le voyage.

 

Si l'on est du style peu stressé, on peut toutefois prendre ça avec zen (tant qu'on ne se fait pas écraser...), auquel cas on peut apprécier ce pays qui, pour peu qu'on détourne les yeux des bidonvilles où s'entasse la majorité des Noirs, pourrait faire penser à une sorte d'Australie ou de Nouvelle Zélande plantée en Afrique. J'y ai voyagé 3 mois complets, qui ne m'ont permis d'en parcourir guère plus que le quart Sud-Ouest, car les distances sont très importantes.

 

 

HEBERGEMENT

 

L'hôtellerie traditionnelle est très onéreuse, tournée vers une clientèle (locale ou étrangère) aisée. Fort heureusement, dans les grandes villes et le long des grands axes touristiques, on trouve fréquemment des "backpackers hostels", dont le tarif des dortoirs est compétitif (10-12 €), compter 2-3 fois plus pour une chambre individuelle . En plus, dans un certain nombre d'entre eux, on peut même camper (5-8 €), sur un bout de pelouse devant la propriété. Et ce, même dans ou à proximité des grandes villes ! Mais mieux vaut téléphoner le matin pour savoir s'il y a de la place (à un backpacker central de Port Elisabeth, on peut tout au plus planter 2 ou 3 tentes). Mon backpacker préféré est De Bos Guest Farm en plein Montagu : un véritable camping (40 rands/4 €), au point que les weekends il est assailli par les Capétiens (les habitants du Cap, voyons), mais j'ai bien aimé aussi le backpacker de Calitzdorp (gaffe aux épines !).

 

Par contre, les campings "purs" sont rarement intéressants : certains ont un tarif minimum pour 2 personnes, et on dépense souvent 15-20 € voire plus (quelques uns acceptent de faire une exception pour un cyclo solitaire de passage, toutefois). Ce, dans les endroits très touristiques. Les campings dans les zones moins fréquentés ont parfois des tarifs "backpackers".

 

Camping sauvage : s'il s'agit de camper sans sauter une clôture, eh bien c'est pratiquement impossible ! Bon, si, parfois, on trouve des zones sans grillage (ce qui ne signifie pas qu'elles ne soient pas privées), mais il faut bien chercher. L'Afrique du Sud est un immense grillage, on peut parfois rouler 50 km avec une route bordée de chaque côté de barbelés sans discontinuer ! Au bout d'un moment, on a vraiment l'impression de se retrouver en prison sur la route, sans pouvoir en sortir autrement que le soir, dans une chambre d'hôtel. Rassurez-vous toutefois : j'ai dû passer plus de 60 nuits ainsi, parfois en sautant par dessus les grillages, parfois en profitant d'un portail non cadenassé, etc. Et en arrivant à camper sans être visible de la route ou d'une maison. Si l'on est sur une route circulante, la technique consiste à en sortir par une piste, et chercher 500 m plus loin un endroit tranquille, avec quelques arbres.

 

Mais dans l'ensemble, on peut demander dans une ferme si l'on peut camper (gaffe : dans certaines régions, une ferme sur deux fait B&B ou self catering etc.!). Reconnaissons-le, les descendants des Boers sont hospitaliers, au moins pour demander à planter sa tente dans un terrain à l'écart. C'est pas la place qui manque. Personnellement j'ai pu me débrouiller pratiquement sans jamais demander. Là où les grillages sont très hauts (impossibles à sauter), c'est qu'il s'agit de game reserve : rarement des lions ou autres "big five", le plus souvent des gazelles.

 

 

MATERIEL VELO-CAMPING

 

En général dans les villes moyennes (disons tous les 250 km), on trouve une boutique cyclo, avec plutôt du bon matos, coûteux, mais aussi, assez souvent, du matériel bas de gamme, qui peut dépanner à bon prix. Dans les villes, on peut aussi trouver, dans les magasins chinois, des pneus, chambres à air etc, mais de piètre qualité (2 pneus m'ont ainsi fait au mieux 700 km !).

 

Matériel camping : plutôt dans les grandes villes (Jobourg, Capetown, Durban, Port Elisabeth mais aussi East London, Bloemfontein, Kimberley, et j'imagine Pietermaritzburg, Grahamstown...), avec des magasins spécialisés, les go-sport ou décathlon locaux. On y trouve en principe également des recharges de gaz, auto-perçantes (tout simplement marque camping gaz) ou vissables. On en trouve (auto-perçantes) également dans certains supermarchés, mais c'est plutôt rare. Peut-être aussi dans les magasins de bricolage ? Non loin de l'aéroport interanational de Jobourg, il y a ainsi un supermarché où l'on peut en trouver, ainsi que des tentes ! Pas facile à trouver, il faut comme pour aller à l'aéroport backpackers (de l'autre côté de l'autoroute), longer l'autoroute direction Prétoria sur un bon km (3 km depuis l'aéroport).

 

Ainsi que déjà dit, la RSA n'est pas le pays du vélo. Et certainement pas du cyclo-voyage : les 2 seuls cyclo-voyageurs rencontrés étaient Allemand et Anglais (et 2 autres croisés à la gare de Capetown, peut-être Sud-Af mais c'est même pas sûr), en 3 mois ! J'ai croisé de véritables pelotons les samedis-dimanches (dont quelques Noirs, où va-t-on), à l'approche des grandes villes, et quelques uns en semaine, noyés dans le trafic. On en voit quelquefois aussi autour des villes moyennes. Tous, absolument tous portent un casque, et ce n'est ici pas du luxe (ils ne sont même pas surpris d'être frôlés par les véhicules). En dehors de ces grandes villes, on en croise aussi dans les lieux de villégiature, sur des parcours bien balisés. Sinon, on peut croiser quelques locaux (Noirs) qui ont pu investir dans un vélo pour se rendre du township au boulot, roulent bien sûr sans casque, et roulent généralement à droite. C'est du reste une solution que j'ai parfois adopté, car au moins on voit de face le chauffard, et l'on peut le regarder les yeux dans les yeux pour l'intimider (ouais...). Mais ce n'est pas toujours évident (sommet de côte, virage, croisement de véhicules), car comme on est du mauvais côté, on se sent obligé de quitter le goudron. Déjà que les Sud-Africains ne sont pas habitués à rencontrer des cyclistes, alors, les croiser de face, y'a de quoi les décontenancer encore plus, risque supplémentaire de fausse manœuvre.

 

 

EAU

 

La RSA est, au moins dans sa partie Ouest, un pays pas mal sec. Dans les bourgs (tous les 30-80 km), on peut se ravitailler dans les stations-service ou la police, ou demander à l'habitant. A noter que, hors grandes nationales, les stations service n'existent que dans les bourgs. Cela dit, le long des routes, on trouve toujours des fermes, plus ou moins loin de la chaussée, où demander de l'eau. Gaffe quand même : il arrive que l'entrée de ces fermes soit cadenassée, inaccessible.

 

L'eau du robinet est déclarée ouvertement comme potable sur tout le territoire. En dehors, on trouve rarement de l'eau. Les ruisseaux sont rares, souvent boueux. Certains ont simplement une eau fortement colorée de par la végétation, mais ça incite peu à en boire (rouge sang !).

 

 

NOURRITURE

 

Chaque gros bourg est doté d'un, ou même de plusieurs supermarchés, ainsi que d'épiceries de Chinois. On y trouve sans problème à peu près tous les produits auxquels nous avons l'habitude en Europe. Les produits courants sont moins chers que chez nous, les moins courants bien sûr plus cher, mais en gros, le poste alimentation est disons 25% moins coûteux. Lait concentré, soupes de nouilles chinoises, beurre de cacahuètes (très économique, bourratif et énergétique. Si Elvis en avait mangé, il aurait eu la pêche sur scène), fromage industriel, corned beef, sardines...

 

 

ROUTES

 

Très bonnes à excellentes. Sauf dans le quart Nord-Ouest, les routes joignant les gros bourgs sont revêtues. Les pistes sont également en général très bonnes, quoique j'ai pu aussi en rencontrer de bien pouraves - mais c'est rare. La signalétique est également très bonne, et reste encore bonne sur les pistes. Il est rare qu'on ait à réfléchir à un carrefour, sortir son coutelas comme Rahan et le faire tourner sur le sommet d'une pierre pour décider de la direction à prendre.

 

Dans une bonne partie du pays, la population se concentre dans des bourgs, de 3000 à 5000 habitants et plus (ce dont on n'a pas conscience, car l'essentiel de la population "réside" dans les townships, parfois peu visibles, à quelques km du centre de chaque petite ville), chacun distant de 30 à 80 km. Entre les deux, quelques fermes en plein milieu d'immenses propriétés (tellement vastes que certaines font game reserve), et c'est tout. Et pourtant, le trafic entre ces bourgs distants, séparés par de quasi-désert, m'y est apparu équivalent à ce qu'on trouve chez nous, entre deux gros bourgs distants de 3 à 8 km ! Sachant en plus qu'en majorité, les conducteurs sont Blancs, alors qu'ils ne représentent que 10% de la population, à croire que même les bébés conduisent.

 

Certaines routes ont un "shoulder", disons en gros une piste cyclable/marchable/chariotable (mais on croise rarement des piétons, encore moins des chariots) : c'est souvent le cas (mais pas systématique) des grands axes, style N1, N2... Une bonne partie des autres routes sont étroites, ce qui fait qu'il est paradoxalement souvent moins dangereux de prendre une grande nationale, plutôt qu'une petite route. Sur ces dernières, le trafic est parfois supérieure à certains tronçons de nationale (telle la N9). Là où ça pose problème, c'est que les Sud-Africains sont assez peu habitués aux cyclistes, totalement absents en dehors de quelques "spots" (abords des très grandes villes le weekend, zones balnéaires, parc nationaux et autres zones vacancières), et certains doublent les cyclistes comme s'il s'agissait d'objets inanimés au bord de la route. J'en ai ainsi vu laissant un max d'espace entre eux et le véhicule croisé ou doublé, mais me frôlant, comme s'ils passaient près d'un poteau.

 

Les Blancs, dans l'ensemble, sont plutôt sensibilisés et respectueux des cyclistes, quoi qu'il y ait aussi de sacrés beaufs, un peu boer-rins qui n'en ont carrément rien à fiche. Les Noirs, en majorité, conduisent également respectueusement, mais ce ont hélas eux qui, le plus souvent, doublent en frôlant. La plupart attache plus d'importance à ne surtout pas dépasser la ligne blanche, mais à la longue, j'en ai soupçonné certains de le faire carrément exprès, surtout quand ils passent à vive allure, sans même croiser ou doubler un autre véhicule. Pour une fois qu'ils peuvent se payer un Blanc... J'ai rarement vu un pays où certains conducteurs pouvaient être aussi dangereux (Albanie, Syrie, Ankara, certains coins du Mexique...). Surtout qu'en RSA, "l'illimitation de vitesse" est souvent à 120 km/h, même sur ce qui serait chez nous une route de campagne ! La plupart des chauffeurs roule à 80-90, mais certains ne se privent pas des 120... voire plus. Et là encore, le risque est plus grand sur les petites routes, moins contrôlés par la police, que sur les grandes nationales, où l'on trouve des radars.

 

A savoir : même sur les routes secondaires, on trouve des semi-remorques. En fait, j'en ai croisé sur la moindre route, et même parfois sur les pistes ! Dans l'ensemble, leurs chauffeurs doublent largement. Mais j'en ai eu aussi qui roulaient sans ralentir en klaxonnant un max, et j'ai parfois été tellement rasé de près par eux (les quelques fois où je ne m'éjectais pas sur le bas-côté non revêtu), que j'en perdais ma barbe (oui, je porte un postiche. Et alors ?). Un rétroviseur est très conseillé, et toujours être aux aguets du trafic : à la longue, ça devient pénible.

 

Le réseau routier sudaf est récent, et tracé de manière efficace : longues lignes droites, peu de virages (et rarement en épingle à cheveux). Mais même en région dite plate, il y a des creux et des bosses : on passe ainsi sa journée sur de quasi-montagnes russes, parfois pénibles à la longue. Heureusement, en sélectionnant bien son parcours (pour les amateurs de cols), on peut se taper des montées un peu plus sérieuses et rewarding (si je ne place pas quelques mots anglais dans mon texte, je vais passer pour un attardé même pas connecté au global village - village global in french). Mais là encore, réseau moderne etc : les pentes moyennes y sont de 7% sur les grands axes, mais peuvent être supérieures sur les routes secondaires, et l'on trouve souvent des sections à 10, 12%.

 

 

TRANSPORTS

 

BUS

 

Les compagnies de bus sud-africaines n’aiment guère les vélos. Intercape, sur leur site, c’est « non » d’entrée. Translux et Greyhound « by prior arrangement ». A un guichet de Greyhound, on m’a dit que c’était OK, en mettant le vélo dans un carton. Mais un cyclo Allemand, assez habitué à la RSA, m’a dit qu’au guichet ce peut être OK, puis au moment d’embarquer, refus du chauffeur « manque de place » (le fait est que leur remorque derrière le bus est généralement remplie à bloc). Donc, beaucoup trop aléatoire, et le bus est plutôt cher (plus cher même qu’un avion low-cost) : 550 rands (60 €). Il n’existe de bus qu’entre les grandes villes, ne pas compter sur des bus locaux (ils existent parfois, mais sont vraiment très très locaux –doivent relier en gros les townships entre eux -, et ne pas trop compter y embarquer un vélo, ni même sans doute y embarquer tout court). Si ça se fait (en contactant les responsables, et non simplement un guichet), le surpoids (30 kg de franchise) n’est que de 5 rands par kg, et aucun supplément spécifique pour un vélo (autre que le possible surpoids).

 

Bazbus : minibus « routard » reliant les hôtels backpackers entre eux, entre Johannesburg, Swaziland ou Drakensberg et Durban, Port Elizabeth et Le Cap. Gros avantage : ne vous dépose pas dans un terminal bus encombré, avec des trajets taxi à faire jusqu’au backpacker, mais directement à l’entrée de la plupart de ceux-ci, service porte à porte. Enfin, il doit y avoir de la place pour un, et même des vélos dans leur remorque, aussi grosse que pour un gros bus. Léger inconvénient : tarif faramineux pour les longs parcours ! Johannesbourg-Capetown, 3600 rands (400 € !), vous avez bien lu. N’a d’intérêt que pour faire du « hop on hop off » (ce billet permettant de s’arrêter autant de fois qu’on veut en cours de route). A vélo (donc sans souci pour se rendre du centre ville à un backpacker dans les faubourgs), ça ne présente aucun avantage.

 

TRAIN

 

Rares lignes, rares liaisons, très lent : Le Cap-Johannesbourg 1500 km, 26 h (et mon train a pris 6 h de retard en plus, sans raison autre que d’attendre régulièrement le croisement de trains, y compris marchandises ! Ceux-ci semblent même être quasiment prioritaires sur le réseau, et l’on a même attendu près de 30 mn pour croiser… une loco de manœuvre !). Par contre, relativement confortable (en sleeper 4, c’est-à-dire 4 couchettes dans le compartiment, eau potable, évier dans le compartiment, et même douche chaude en bout de voiture !), et tarifs attractifs : 430 rands (50 €) en sleeper 4 (occupés pour une moitié par des Blancs, quasi-absents des « sitter » sauf pour de courts parcours). Et surtout : on peut expédier son vélo pour…25 rands (2,5 €). Service fiable, j’ai vu 2 cyclos Sud-Africains y recourir dans le même train que moi. A l'arrivée, il est possible (et même recommandé) d'aller chercher directement son vélo au fourgon, le préposé vous fait signer son registre contre remise du récépissé.

 

Depuis quelques mois, Shosholoza Meyl éprouve quelques difficultés à faire circuler ses trains (les locos étant prioritairement affectées aux… trains de marchandises), il semble donc qu’il faille s’en tenir aux trains économiques (avec couchettes) Jobourg vers Capetown, Durban, Port Elizabeth, et East London (sans couchette). Les autres trains (autre que les trains de luxe, ou à l’opposé les trains de banlieue) sont en général suspendus, tels Capetown-Durban/PE/East London, ou les trains « touristiques ». C'est peut-être pourquoi mon train économique disposait de voitures couchette, sleeper 4 et sleeper 6.

 

AVION

 

En vol intérieur, vu les distances, pas mal de possibilités, avec des compagnies low cost (style, de mémoire, 1time). Tarifs très intéressants (Capetown-Jobourg 40 €), mais en s’y prenant 2 ou 3 mois à l’avance ! En réservant plus tard, compter plutôt le double. Et vu le peu d’intérêt, y compris commercial, qu’on porte dans ce pays à l’égard des (rares) cyclos, vous aurez de la chance si l’on ne vous « demande » pas d’emballer votre vélo dans un carton, dont les 5 kg d’ajouteront au surpoids (20 rands par kg au-dessus des 20 kg de franchise).

 

 

SECURITE

 

La RSA est réputée pour être un des pays les plus dangereux au monde, comme tout pays où les inégalités sont énormes (modèle que salivent de suivre les néo-libéraux, Bush, Chirac, Sarko, travailler plus pour que les riches gagnent plus, on connaît la musique). En fait, si l'on est un rien prudent, ça va. L'insécurité concerne surtout les locaux, y compris les Noirs, et ne vise pas spécifiquement les touristes (je me suis fait quand même voler mon laptop, mais suite à une erreur de débutant, dans les premiers jours du voyage). Les coins risqués sont bien signalés par les guides touristiques (LP, GdR...), se limitent à certains quartiers centraux des très grandes villes. Bien entendu, je n'ai pas campé à l'entrée d'une township ! Mais j'ai pu laisser à chaque fois mon vélo (cadenassé bien sûr) à l'entrée d'un supermarket sans jamais avoir de problème (alors qu'en Irlande ou aux USA, on m'a déjà volé des affaires dans la même situation). Cela dit, j'ai toujours veillé à laisser le vélo dans un lieu suffisamment passant mais pas trop, voire parfois j'ai entré le vélo dans le magasin, comme certains locaux (Noirs !) font eux-mêmes.

 

Le truc étonnant, c'est que les différences de richesse restent énormes. Je n'ai pas connu la RSA du temps de l'Apartheid, mais j'ai l'impression que la seule chose que les Noirs (et les coloured = métis ou "bronzés" divers, style Indiens) ont gagné est le droit de vote et le droit de se promener dans les centres des bourgs et villes, ex-blancs. Toute l'économie reste entre les mains des Blancs, et apparemment ils ont obtenu des garanties leur permettant de conserver un standing comparable à un Occidental aisé (disons Nord-Américain). Il suffit de parcourir 2 ou 3 km (parfois moins), et l'on tombe soudain sur des bidonvilles, qui ne dépareraient sans doute pas dans le reste de l'Afrique, mais qui, ici, choquent en comparaison des superbes propriétés de nos cousins Blancs.

 

Malgré cela, les Noirs ne font paraître aucune amertume. Philosophes, fatalistes, résignés ? Résignés, sûrement, car on croise le weekend quelques poivrots (notamment autour du Lesotho). Pas nécessairement désagréable, j'en ai toujours croisé qui avaient le vin joyeux, mais ce n'est pas forcément toujours le cas... Philosophes aussi, comme j'ai pu le voir avec des clodos rencontrés dans un faubourg du Cap.

 

Un voyage touristique ne permet pas de comprendre les relations compliquées entre Blancs et Noirs. Les Blancs m'ont semblé avoir une attitude assez paternaliste envers leurs employés Noirs. Toujours mieux que de les considérer comme des esclaves, et au fond, on peut même aujourd'hui, en Occident, regretter le patronat paternaliste du début du XXè siècle, par rapport à l'efficacité des directeurs de ressources humaines d'aujourd'hui, qui n'ont jamais aussi mal mérité leur nom (exploiteurs de ressources humaines serait une dénomination plus appropriée). Ce qui est clair, c'est que les Blancs, dans pas mal d'endroits, possèdent l'essentiel du territoire, tandis que les Noirs doivent se serrer dans leurs townships. Je n'ai pas rencontré un seul Noir visiblement propriétaire d'un commerce, d'une ferme (sauf basique), a fortiori d'une entreprise.

 

Blancs et Noirs semblent cohabiter tout en s'ignorant dans la vie de tous les jours, chacun vivant dans son monde. Cependant, dans les petits bourgs, et hors relation patron/employé, j'ai pu voir des Blancs et des Noirs deviser d'égal à égal, comme des voisins d'un même peuple arc-en-ciel. Celui-ci finira bien par devenir une réalité, d'ici quelques décennies. Mais les USA avec leurs rapports Blancs/Noirs ou les Européens avec leurs rapports "Français/Allemands de souche/Immigrés présentent-ils une si grande différence, dans les faits ? J'ai même vu quelques Blancs sortir avec des non-Blanches - mais en général de superbes métisses, pour lesquelles on se damnerait bien en perdant la pureté de sa race. Ah zut, c'est vrai, la race humaine est une et indivisible (même les bicots, vous êtes sûrs ?).

 

Chaque matin, les Noirs se tapent plusieurs km de marche (de minibus pour les plus fortunés) de bonne heure depuis leur township pour rejoindre le centre du bourg, où se concentre toute la vie économique du pays. Tout reste entre les mains des Blancs, qui se retrouvent ainsi pourvoyeurs d'emploi, donc dans une situation très féodale. Pas étonnant que les Noirs semblent avoir quasiment de la gratitude. Un peu comme si, dans nos pays développés, des prolétaires et autres employés votaient à droite pour les défenseurs des patrons, actionnaires et boursicoteurs, pour les remercier de leur procurer un emploi. Inimaginable.

 

D'un autre côté, on ne peut qu'être surpris des progrès fulgurants réalisés en deux siècles à peine sous la férule des Boers et des Anglais. Certes, avec la sueur et le sang des premiers habitants l'Afrique du Sud, mais de belles réalisations, des infrastructures élaborées - ils ont juste "oublié" de faciliter et le améliorer la vie des populations locales. Sillonnant le pays, on a souvent le sentiment de se trouver dans un pays développé. Parfois, ce n'est qu'un décor en carton pâte, vite saboté par la présence de townships non loin, mais déjà une partie non négligeable de la population, dont un début de middle class Noirs/colorés, commence à profiter de ces aménagements (industrie, routes, services...). Mais qu'il est long, le chemin vers l'égalité, concept tellement plus important que celui de liberté...

 

On parle toujours des townships. C'est vrai que les grandes villes sont entourés de ces quartiers, souvent proches des bidonvilles. Cela dit, au sein de certains, commencent à apparaître des quartiers un peu plus huppés, avec des constructions en dur. Le moindre bourg du fin fond du pays a son, voire ses townships, 1000 habitants (voire moins) dans le bourg, 5000 dans le township. Mais il existe aussi des townships qui sont plus proches de banlieues pavillonnaires. En ville même, certains quartiers commencent à être de peuplement mixte, avec une famille de Blancs ayant pour voisin une famille de Noirs. Dans la mesure où l'économie semble rester entre les mains des Blancs, je suppose qu'une grande partie de la middle classe Noire est constituée surtout d'employés du secteur public ? 95% des flics d'aujourd'hui sont Noirs, et presque 100% des employés publics avec lesquels on a affaire.

 

Jusqu'à 200 k au Sud de Johannesburg, plusieurs Blancs m'ont prévenu des "dangers", avec certains éléments de la population : notamment garer son vélo etc. Plus je m'en éloignais, et moins des gens me prévenaient. Ce qui pourrait signifier que Jobourg et les environs nécessitent plus de prudence que le reste du pays.

 

 

METEO

 

Qui dit continent austral dit saisons inversées : l'été, c'est l'hiver, et l'hiver, c'est l'été ! Pour autant, dans l'ensemble, et en gros à part le Lesotho, il vaut mieux rouler l'hiver, enfin l'été chez nous qui a été divers. De décembre à février, c'est la saison des pluies, très sensible dans l'Est, et de moins en moins jusqu'à pas du tout en approchant Le Cap. Et si la Province du Cap est réputée pour son "climat méditerranéen", avec un hiver pluvieux et plutôt frais/froid et des étés ensoleillés, songer plutôt à l'Andalousie ou à l'Afrique du Nord plutôt qu'à Nice : il y fait très chaud au Cap, et même très très chaud dans l'intérieur, à peine franchit la chaîne côtière qui stoppe les nuages et la brise marine. Climatiquement, le Karoo commence parfois à moins de 50 km de l'océan (Oudtshoorn, Uniondale...). Le climat tropical commence à l'Est d'une ligne Bloemfontein-Port Elisabeth. L'été, il y a fréquemment un orage en fin d'après-midi, et en montagne (ou même en contrebas), cet ou ces orages peuvent être terribles. Un soir, j'ai vu des éclairs zébrer au loin une fois toutes les 2 secondes durant 2 heures ! Par deux fois, j'ai échappé à des chutes violentes de grêle, dont une fois de véritables œufs de pigeon ayant saccagé les toitures jusqu'à pénétrer au sein du supermarché où je m'étais miraculeusement réfugié) : juste avant, le ciel s'était obscurci, au point qu'il faisait nuit noire à 17 h, tel durant une éclipse de soleil !

 

Donc, dans l'ensemble, décembre-février est à éviter partout sur le territoire, mais on peut toutefois rouler durant cette période. Classiquement, ce sont les saisons intermédiaires automne-printemps qui sont les plus indiquées. L'hiver est la saison la plus recommandée pour l'Est (Kruger).

 

 

ITINERAIRES

 

A propos des cols : les Sudaf, notamment dans la province du Cap Ouest et le long de la Garden Route (Le Cap-Port Elisabeth), ont dénommé "col" n'importe quoi. En fait, c'est le terme "pass" qui est pour nous ambigu. On le traduit par "col", mais il a en anglais le sens de "passe", qui peut aussi bien signifier un passage dans une ligne de crête (du reste, pour les Anglais, un "pass" n'est pas seulement le sommet de la route, mais l'ensemble du parcours), que défilé, passage étroit. Et ici, ils ont une curieuse définition du défilé : on trouve ainsi ici un certain nombre de "pass" (notamment sur la "seven pass road", entre George et Knysna par l'intérieur) qui sont en fait des... pass inversés. C'est-à-dire qu'on roule sur un plateau tout plat (et haut), puis soudain on descend sur une vallée, et l'on remonte de l'autre côté : et c'est ça le pass. La pancarte indicatrice est même souvent apposée au pont passant sur la rivière (ou l'oued) ! Il y a donc dans ce pays des "cols" (Caimaans Pass, Phantom Pass bien nommé) qui font... 0 m d'altitude ! Record Guiness assuré.

 

Le terme "poort" est également ambigu. On pense le traduire par "port", et l'on fait l'amalgame avec les "port" occitan/catalan, les "puerto" espagnols. Il faut plutôt traduire par "défilé" - et certains n'ont pas grand chose à voir avec un défilé comme on l'entend, c'est juste de la gonflette. Mais assez souvent, il s'agit de parcours scéniques (Seweweekspoort...). On trouve aussi des cols dénommés "kloof", mais il s'agit d'un raccourci (il vaudrait mieux parler de "kloof pass"), car en afrikaans, kloof signifie gorges. Le seul terme non ambigu est "nek", qui signifie... cou.

 

Pour autant, il y a, notamment dans la province de Western Cape, de beaux parcours montagneux. Au premier rang desquels le Swartberg Pass, entre Oudtshoorn et Prince Albert, le Meiringspoort entre Prince Albert et Oudtshoorn le Seweweekspoort déjà signalé, entre Calitzdorp et Lainsburg, ou le Montagu Pass et l'Outeniqua Pass entre George et Outdshoorn. D'autres routes montagneuses sont intéressantes (le Burgers Pass Montagu-Touws Rivier, le Robinson Pass Mossel Bay-Outdhoorn, le Garcia Pass Ladismith-Riversdal...). Et bien sûr Cape Point, au bout de Capetown.

 

La Garden Route, entre Port Elisabeth et Capetown, vaut le parcours. Elle n'est pas montagneuse, mais longe (rarement de près) l'Océan, permettant des accès à une côte souvent déchiquetée, notamment au Tsitsikamma National Park. Par contre, sauf pour se baigner, ne pas prévoir de s'arrêter longtemps au Wilderness National Park, qui semble avoir été conçu plus pour la conservation des riches propriétés qui y pullulent, que pour autre chose. A Mossel Bay, ne pas louper (au moins en partie) le chemin longeant les falaises sur 13 km à l'Ouest de la ville.

 

J'ai roulé de Johannesburg  au Cap, en passant par la frontière du Lesotho (traversée abandonnée, cause saison des pluies et vélo cassé), Bloemfontein, une partie du Transkei, Port Elisabeth, Garden Route, Capetown, mais par un parcours très zigzagant. En fait, avant Port Elisabeth, l'itinéraire a rarement été transcendant : sauf autour du Lesotho et de l'impressionnant escarpement du Drakensberg, et sauf autour de Graaf Reinet dans le Karoo.

 

En dehors de tout le Drakensberg (tout autour du Lesotho), l'autre région scénique doit être l'escarpement entre Jobourg/Pretoria et le Kruger, avec des routes flirtant parfois avec les 2000 m, puis basculant brusquement côté Est. Ca fera l'objet d'un prochain voyage !

 

 

ITINERAIRES AUTOUR DU CAP

 

Le Cap, qui doit bien réunir une grosse moitié de tous les cyclistes du dimanche du pays, dispose de quelques zones orientées vélo, une exception dans ce pays où tout est à la gloire de la bagnole. Mais si certains axes sont larges (Le Cap-Stellenbosch, Le Cap-Hout Bay), par contre certaines routes sont très étroites et très circulantes, en particulier tous les axes autour du Constantia Nek (et dans une moindre mesure celles autour du Kloof Nek, au pied de Table Mountain).

 

TOKAI

 

Le Tokai Manor/Arboretum est accessible par la M3 (freeway) ou M4, c’est l’avant dernière sortie avant Muizenberg (et signalée Tokai Road comme de juste). C'est une zone du parc national qui est dédiée cyclistes, à tel point qu'on y croise rarement des marcheurs. L'entrée y est payante (j'ai pas vu où l'on doit payer, mais en cherchant bien...). Il y en a pour tous les goûts : piste, puis route pour monter jusqu'à un sommet à plus de 900 m (11 km, moitié supérieure revêtue, en démarrant à 100 m d'altitude), avec vue panoramique surtout vers Hout Bay, et de nombreuses variantes pour les descendeurs, tous niveaux. A ne pas rater., c'est je pense le seul "équipement mountain bike" de toute la RSA.

 

SILVERMINE

 

Autre site de MTB, un peu plus au sud. L’entrée principale est située sur la route « Old Kaapse Weg », juste après le col en venant du nord (Le Cap). Elle me semble surveillée, sachant que cette zone n’est autorisée qu’aux détenteurs de la carte Wild annuelle des parcs nationaux. Cela dit, il est possible de resquiller en quittant la route un peu après, mais cela n’est utile que pour parcourir la piste Ou Wa pad. Pour le circuit passant au-dessus du lac-réservoir, on repasse immanquablement devant la guérite. On peut toutefois accéder au circuit, par une piste de liaison venant depuis le secteur de Tokai (qui lui, est ouvert à tous, moyennant « permis journalier »). Ce qui oblige, une fois la boucle faite, de sortir via cette piste de liaison, donc via Tokai. Cela dit, je ne suis pas persuadé que ce circuit Silvermine soit si intéressant que cela, les principaux points de vue devant donner sur la plaine vers l’Est, et non sur les sommets, ou la superbe côte Ouest (bien qu'à priori, un peu de marche devrait permettre de mener à un superbe point de vue englobant tout Hout Bay, d'après ce que j'ai pu voir sur une photo).

 

CAPE POINT

 

A noter que, sauf à être gros rouleur et pédaler sans s'arrêter de 6h à 18h, la visite de Cape Point, indispensable, ne peut se faire qu'avec une étape intermédiaire. J'ai repéré un camping à la sortie Sud de Simon's Town, Oatlands : à l'entrée, il est indiqué que c'est un backpackers, mais sur le site internet, on a plutôt l'impression de quelque chose plus "gammé" (caravan site, chalets). Sinon, un peu plus éloigné de Cape Point, un backpackers/camping à Kommetje, sur la côte Ouest. Pour ma part, j'ai pu camper sur un terrain non clôturé, un peu avant le carrefour de la route venant de Scarborough et de celle venant de Simon's Town (un des rares parcours en lacet du pays).

 

 

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