POURQUOI CYCLO-MULETER ?
Il existe 
  tellement de routes revêtus en France et dans les pays voisins. On peut se 
  demander alors pourquoi diable aller sur les pistes, où l’on va bousiller son 
  matériel, sans compter ses os ?
La première 
  fois que je me suis rendu sur un muletier, c’était en Italie, dans le Parc du 
  Gran Paradiso, symétrique géographique de l’Iseran dans le Val d’Aoste. Sur la 
  carte Michelin apparaît et apparaîtra toujours un tracé “en construction” au 
  nord du Colle del Nivolet, à 2 640 m, alors qu’au sud, une excellente route 
  redescendant dans la région d’Ivrea. Persuadé que s’il y avait construction, 
  il y avait moyen de passer, j’y suis allé...et me suis cassé le nez devant un 
  mur, la route ayant été interrompu pour cause de parc national, de faune et de 
  flore à préserver de l’intempestive circulation automobile. Ne voulant pas 
  rester sur cet échec, et, comme tout cycliste, ne voulant pas revenir sur mes 
  pas, j’ai fini par prendre le “chemins des mulets”, emprunté en cette journée 
  d’été 80 par de nombreux marcheurs, que j’ai surpris beaucoup à hisser ma 
  machine d’un rocher à l’autre. Un vrai chamois en peau de chamois!
Ça, c’était 
  le cyclo-muletier “dur”. Ça m’a fait prendre conscience que, devant une vallée 
  apparemment en cul-de-sac, on pouvait passer quand même, et démontrer une fois 
  de plus l’autonomie que représentait le vélo par rapport aux lourds véhicules 
  à moteur. J’ai donc commencé à m’engager sur les pistes, pour finir par 
  constater que les inconvénients (pénibilité accrue, poussière, problèmes 
  mécaniques...) étaient souvent bien compensés par les avantages suivants 
  (liste non exhaustive, dépendante de chacun) :
  
- Les 
  parcours cyclo-muletiers se situent le plus souvent en montagne, dans des 
  paysages souvent superbes.
- Peu de 
  véhicules à moteur les empruntent, quant ils n’y sont pas interdits.
- Si, sur la 
  route, on ne se voit pas avancer dans les longues montées, avec l’impression 
  d’être cloué sur place avec les véhicules qui nous doublent rapidement, je 
  dirais que sur piste, le temps s’écoule autrement: l’attention se fixe sur la 
  piste et son état, non sur la montre. On croise des gens randonnant comme soi, 
  non des fous du volant pressés d’en finir avec cette montée, faite vitres 
  fermés. Bref, on se sent plus “nature”.
  
En Colombie, 
  roulant sur une excellente nationale, mais très circulante, alors que j’allais 
  aborder une route plate pour 500 km, je suis allé faire une escapade de 2 
  jours sur des pistes culminant jusqu’à 3 900 m : j’avais besoin de 
  décompresser, après avoir roulé trop longtemps sur route !
- Il y a 
  indéniablement un côté “challenge”: sur une route normale, sauf à se donner un 
  autre défi (temps de parcours) ou coup de pompe, il n’y a pas de mystère, on 
  passera. Sur une piste, il reste toujours la question : ça passera ? Surtout 
  si l’itinéraire contient des passages techniques (portage, poussage).
 
  
A PROPOS 
  DES PISTES
Les pistes 
  peuvent être classés selon les critères suivants :
Les premières 
  sont particulièrement éprouvantes, surtout dans le cas de graviers mélangés à 
  du sable : on s’enfonce à moitié, il est presque impossible de se mettre en 
  danseuse (ça dérape), la roue avant est renvoyée d’un caillou à l’autre, on a 
  vraiment l’impression d’être une boule de billard électrique renvoyée d’une 
  “targette” à l’autre. Le problème principal sera donc celui de l’équilibre. 
  Dans un pays comme la France, où la densité du réseau revêtu fait qu’on 
  entretient moins les pistes, on retrouve pas mal de pistes ainsi.
Les deuxièmes 
  posent un problème de vibrations : on a là l’impression d’être assis sur un 
  marteau piqueur ! On peut cependant être désarçonné, si jamais la roue avant 
  vient buter sur un gros caillou. Là, gare à la casse, vélo fragile s’abstenir. 
  On retrouve également pas mal de pistes ainsi en France et dans les pays 
  méditerranéens.
Les 
  troisièmes sont très diverses : il peut s’agir d’une excellente piste au sol 
  rendu compact (aux Etats Unis, ils appellent parfois ces pistes “compact 
  earth”), avec parfois l’ajout de petits gravillons réduisant la 
  dépréciation de la chaussée ; on a l’impression de se retrouver sur une route 
  ! La terre est tellement compacte, que même par temps de pluie, le sol reste 
  stable, dur. C’est le haut de gamme de la piste. On retrouve ces pistes en 
  Scandinavie, en Suisse, en Allemagne (Forêt Noire), aux USA et Canada, en 
  Turquie et certaines pistes forestières en France.
  
Mais il peut 
  s’agir de simple terre, plus battue par les véhicules circulants et par les 
  pluies, que par un hypothétique rouleau compresseur ! Ça va s’il fait sec, 
  mais s’il a plu, bonjour le pot de colle  Il peut arriver que la boue bloque 
  les roues, au niveau des freins, où elle vient s’entasser (surtout si vous 
  avez un garde-boue, dont le rôle dans ce cas semble bien être de “garder la 
  boue” !). Donc, s’il a plu la veille ou les jours précédents, évitez de vous 
  rendre sur de telles pistes. En général, les régions pluvieuses ont peu de 
  pistes ainsi (sauf pistes mineures, accès à un champ...), car les ornières 
  créés par les camions auraient tôt fait de les rendre impraticables. J'ai 
  pourtant vu ça récemment dans la vallée de Kathmandu, au Népal...Elles se 
  trouvent plutôt dans des régions au climat plus clément.
- Les pistes 
  de sable se trouvent bien sûr dans les régions sèches. On pensera au Sahara, 
  mais on peut en trouver dans les déserts US (notamment Utah, Arizona), dans 
  les Andes (Chili, Argentine, Bolivie)...et sur les plages françaises. Là, 
  contrairement aux pistes “en dur”, il ne faut pas rouler gonflé...mais la 
  technique du pneu faiblement gonflé ne permettra pas vraiment de pédaler si la 
  couche de sable est trop épaisse. Non seulement il est particulièrement 
  pénible de pousser le vélo dans le sable (on avance à 2 km/h), mais celui-ci a 
  des effets particulièrement nocifs sur le vélo, venant s’incruster partout et, 
  c’est le cas de le dire, enrayer la mécanique. Et si jamais il pleut, on 
  s’enlise!
- les pistes 
  de tôle ondulée se retrouvent également dans les régions sèches : il s’agit 
  finalement de sable très compact, mais auquel les véhicules ont fini par 
  imprimer leur marque, sous forme de petites “vaguelettes” à intervalles 
  réguliers, qu’on dirait formées par le vent. Si on les passe à une certaine 
  allure (60 km/h, généralement), on ne s’en rend pas compte...tout en aggravant 
  le phénomène. A vélo, par contre, c’est extrêmement pénible, on retrouve la 
  séance de marteau piqueur. On peut parfois partiellement éviter cette tôle en 
  essayant de rouler sur les marges de la piste...là où bien souvent le sable 
  mou reprend ses droits !
Enfin, 
  n’oubliez pas : selon le trafic, le tracé de la piste et les conditions 
  météorologiques, une piste se dégrade plus vite qu’une route. Telle piste 
  excellente telle année sera ravagée cinq ans plus tard si elle n’a bénéficié 
  d’aucun entretien. Une piste s’abîmera plus vite si elle est pentue : les 
  véhicules “accrocheront” plus la piste, arrachant ça et là des graviers 
  constitutifs de la chaussée, et les pluies dévaleront encore plus vite 
  celle-ci, retirant encore plus de matériaux.
  
Dans les 
  régions où il pleut fréquemment, mais doucement (crachin), les pistes seront 
  moins vite abîmées que dans les régions où il pleut rarement, mais sous forme 
  d’orages brutaux : en peu de temps, les pistes seront “lessivées” par des 
  quasi-oueds, emportant tou sur leur passage.
Une piste en 
  forêt sera souvent meilleure et plus facile d’entretien : la pluie ne tombe 
  pas directement sur la chaussée, et une grande partie de l’eau, au lieu de 
  s’écouler dessus, reste stockée dans la végétation ; elle est protégée de 
  l’érosion éolienne (qui soulève la terre et le sable recouvrant la 
  piste)...C’est valable dans pratiquement tous les pays.
 
  
CONSEILS
Dans les 
  tournants et virages, et notamment en descente, il faut “chalouper” d’un bord 
  à l’autre de la piste, en prenant l’extérieur des virages, à l’inverse des 
  coureurs qui coupent les virages sur les routes ; c’est en effet dans 
  l’intérieur des virages que l’état de la piste est le plus mauvais : plus 
  emprunté par les voitures et camions (qui coupent systématiquement les 
  virages, et abîment encore plus la piste en cet endroit), concentration des 
  eaux de pluie et ravinement...
Plus que sur 
  route, veillez à ne pas avoir un poil de jeu dans la direction (pour 
  contrôler, maintenez fermement le frein avant, et essayer d’avancer fortement 
  : vous ne devez pas sentir de jeu) : vu les vibrations imposées par la piste, 
  vous pourriez vous retrouver la potence cassant brutalement.
Surtout si 
  vous avez auparavant bricolé sur votre vélo (démontage...), pensez à bien 
  vérifier le premier soir d’une sortie (et même au bout d’une vingtaine de 
  kilomètres) si les boulons ne se sont pas desserrés.
Ayez une 
  bonne gamme de développements. Ne comptez pas trop grimper à l’énergie en 
  danseuse : sauf si vous avez pas mal de poids à l’arrière (cas des 
  “cyclo-muleto-campeurs” dont je fais partie), votre roue arrière aura tendance 
  à patiner, vous faisant perdre tout le bénéfice de votre mise en danseuse, 
  voire faire du sur-place.
 
  
LES 
  PETITES SURPRISES
Si une piste 
  commence en mauvais état, ne désespérez pas trop : il se peut que plus loin, 
  elle devienne bonne. A l’inverse, ne criez pas trop victoire quand une piste 
  démarre sur les chapeaux de roue : plus loin, ce sera peut-être autre chose. 
  Bref, l’état d’une piste varie selon les portions empruntées.
A un 
  croisement, si vous avez un doute sur la direction à prendre, ce ne sera pas 
  toujours la piste en meilleur état, ou apparemment la plus fréquentée, qui 
  sera celle qui traversera le massif : dans les pays à grande densité de route 
  (et même ailleurs !), les pistes sont souvent utilisées pour desservir des 
  fermes, des exploitations, carrières, etc..., et l’axe de communication entre 
  vallées n’est utilisée que occasionnellement (sinon par les cyclistes...), et 
  parfois peu entretenu. Il ne reste plus que votre flair, une bonne carte topo, 
  ou pile ou face.
 
  
MATERIEL
Cartes : les 
  cartes IGN au 1:100 000 sont très pratiques pour la pratique du cyclotourisme, 
  mais deviennent insuffisantes pour celle du cyclo-muletier : toutes les pistes 
  n’y sont pas indiquées, loin s’en faut, les relevés altimétriques sont moins 
  nombreux, et les courbes de niveau trop serrés ou trop espacées (40 m parfois) 
  pour la clarté d’un parcours en montagne, terrain de prédilection du 
  cyclo-muletier. A noter que l’IGN vient de refonder sa collection au 1:25 000 
  baptisée “Topo 25”, qui sont des instruments très précieux pour “fouiner” dans 
  un périmètre déterminé, tant à pied qu’à “vélo-mûle”.
Boussole et 
  compteur kilométrique. Une boussole sera de peu d’utilité si vous ne savez pas 
  quelle distance vous avez parcouru depuis le dernier point connu !
Penser que 
  souvent, les fontaines et épiceries sont plutôt rares sur les pistes ! Donc, 
  quelques aliments énergétiques légers, et de l’eau, à emporter dans une 
  sacoche guidon ou un mini sac à dos. Cela dit, et tout au moins dans nos pays, 
  les ruisseaux et torrents de montagne ne manquent pas. Pour l'instant, je n'ai 
  jamais vu que les montagnes du centre du Sinaï où il n'y ait pas d'eau de 
  surface.
Le garde-boue, malgré le rôle parfois néfaste rappelé tout à l’heure, est bien utile pour ne pas se retrouvé “emboué” de la tête aux pieds : les garde-boue plastique qui se “clippent” sont très légers, et excellents ; sinon, on pourra se contenter d’un “splash” à l’avant (petit morceau de plastique quadrangulaire se clippant sous la barre oblique), qui protège toute fois assez mal, mais limite le risque de blocage de la roue-avant par la boue.
LES 
  GRANDS PARCOURS CYCLO-MULETIERS EN FRANCE
- La France a 
  un des réseaux à la fois le plus important et le plus dense du Monde ; peu de 
  pays hors Europe de l’Ouest peuvent se vanter l’avoir jusqu’à des accès aux 
  fermes revêtus, y compris chez certains de nos voisins ! Il subsiste 
  heureusement quelques parcours sur ces pistes plutôt difficiles:
- Le 
  Parpaillon, et son célèbre tunnel sommital, qui permet de relier Embrun à 
  Barcelonnette, le Queyras à l’Ubaye.
- La piste de 
  Isola 2 000 au Boréon et à St Martin Vésubie, dans les Alpes Maritimes.
- La piste 
  stratégique de Tende : au lieu de vous engager dans le tunnel (de toutes 
  façons interdit aux cyclos), empruntez donc la piste qui démarre à gauche, 
  pour une ascencion splendide toute en lacet (une cinquantaine de virages en 
  épingles à cheveux, pas moins !) jusqu’au col de Tende, 1 871 m. De là, sur la 
  gauche et surtout sur la droite part une piste de crête au tracé magnifique, 
  qui permet de longer la frontière avant de redescendre sur La Brigue. On peut 
  combiner ce parcours avec d’autres parcours versant italien.
- Autour des 
  stations de sports d'hiver de Tarentaise, de Maurienne surtout, de nombreuses 
  pistes (qui deviennent bien souvent des pistes de ski l'hiver), plus ou moins 
  sommaires et souvent très très pentues permettent d'accèder souvent très haut. 
  Mais de réelles traversées sont rarement possibles - sauf à emprunter des 
  sentiers de montagne, plus ou moins étroits et pentus.
- Dans les 
  Pyrénées, bien sûr la piste du Canigou, partant du col du Tourmalet, et 
  montant jusqu’au col des Laquets, 2 637 m.
 
  
  QUELQUES PARCOURS MULETIERS EN EUROPE ET MEDITERRANEE
ITALIE 
  : les parcours muletiers ne manquent pas, principalement dans les Alpes, 
  notamment dans les Dolomites. Relevons notamment :
- Non loin 
  des frontières françaises, la piste de Sestrières (col situé à 2 000 m sur une 
  route alternative Briançon-Turin) : on franchit depuis Sestrières une 
  demi-douzaine de cols, surtout si l’on reste sur la piste de crête abandonnée, 
  entre le Colle dell’Assieta (2 474 m) et le Colle delle Finestre, qui permet 
  de redescendre sur Susa...et de retourner sur Briançon. Si vous tenez la 
  forme, ce circuit est faisable depuis Briançon en une journée pleine.
- La piste du 
  Brenner. Sur le modèle des pistes de Tende et de Sestrières, il s’agit d’une 
  piste reliant d’anciens fortins stratégiques défendant les frontières. 
  Accessible depuis la route du Brenner Innsbruck-Bolzano depuis le col du 
  Brenner et Gossensass (en Italie de langue allemande, le “Südtirol”), cette 
  piste navigue entre des cols de  plus de 2 000 m. Non loin à l’est, la piste 
  du Schlüsseljoch est complètement défoncée sur 5 km (poussage) et très pentue 
  ; par contre, la piste du Psfitscher Joch (2 246 m) est, entre Vipiteno/Sterzing 
  et Zell am Ziller (Autriche), une très belle alternative à la route du 
  Brenner, circulante, désagréable...et trop facile.
- Au nord de 
  Cortina d’Ampezzo (150 km est de Bolzano) existe un superbe réseau de pistes 
  très caillouteuse et bien pentues, passant par des cols dans un décor minéral 
  impressionnant (Passo Limo, 2 172 m...) et permettant de rejoindre Brunico.
- Plus 
  aisées, les pistes du Passo Manghen ( 2 047 m) et du Passo Cinque Croci (2 018 
  m) entre Feltre, Strigno et Cavalese, permettant de joindre  Vicenza au sud 
  dans la plaine du Pô, à Bolzano au coeur des Dolomites au nord.
ESPAGNE 
  : Portarro d’Espot (2 434 m), dans le Parc National Aigües Tortes (Pyrénées), 
  90 km ouest de Seu d’Urgell (sud Andorre). La route d’accès de part et d’autre 
  est revêtue (pas toujours en bon état). Sur 5 km de part et d’autre du col, il 
  s’agit plutôt d’un sentier, permettant de grimper 400 m, normalement interdit 
  aux cyclos (il faut louvoyer pour éviter les postes de contrôle). Parcours 
  magnifique.
La région, 
  notamment vers Vielha ou bien au sud de Puigcerda, ne manque pas de piste, 
  parfois en cul-de-sac, montant jusqu’à des cols.
L’ascencion 
  du Pico Veleta depuis la côte (Sierra Nevada, Grenade, Andalousie) : la piste 
  monte jusqu’à 3 100 m, avant de rejoindre la route du Pico Veleta (3 400 m), 
  qui redescend sur Grenade, permettant ainsi une très belle traversée de ce 
  massif. Le plus haut parcours possible en Europe.
NORVEGE 
  : la piste du Mysuseter (1 830 m), la plus haute route de Scandinavie ; 18 
  rudes kilomètres d’ascension sur une chaussée moyenne, un peu à l’ouest de 
  Böverdal, le long de la route entre Otta et le Sognfjord (Oslo-Otta, 250 km 
  nord-ouest, Otta-Böverdal, 85 km ouest). Vu les conditions climatiques, 
  estimez que vous êtes plutôt à 3 500 m...
ROUMANIE 
  : la piste Sebes-Novaci, au coeur des Carpathes, 270 km au nord-ouest de 
  Bucarest ; culminant à 2 100 m, c’est une des deux seules traversées des 
  Carpathes à plus de 2 000 m. Parcours très beau, évoquant parfois les 
  Rocheuses, dans la traversée des forêts de pin.
Le relais de 
  Costina, à 2 440 m, au départ de Sinaïa, 100 km nord Bucarest: la plus haute 
  piste de toute l’Europe de l’Est. Pas de difficultés techniques majeures.
 
  
LES 
  GRANDS PARCOURS CYCLO-MULETIERS HORS-EUROPE
MAROC 
  : l’Atlas ne manque pas de grands parcours cyclo-muletiers ; un des plus beaux 
  parcours que l’on puisse faire est celui partant de Azilal (110 km est de 
  Marrakech) vers les Aït Bou G’mez, puis vers Zaïoua Ahansal, Ouaouizakht, 
  Imilchil, le Cirque de Jaffar et Midelt (140 km sud Fès-Meknès) : 430 km de 
  piste, passant par une dizaine de cols à plus de 2 000 m, dont le Tizi 
  n-Tirist à 2 629 m.
  
Un réseau de 
  pistes intéressantes également, vers les Gorges de Toghra et du Dadès, en 
  particulier autour de Tamtattoucht.
Toutes ces 
  pistes sont finalement assez bonnes, à part quelques portions caillouteuses, 
  notamment dans les Gorges du Toghra. Mais gaffe au ravitaillement, et dans une 
  moindre mesure à l'eau.
  NEPAL-CHINE : la mythique route du Tibet, de Kathmandu à Lhasa. 1 000 km 
  sur un plateau à plus de 4 000 m, avec des passages à plus de 5 000, dont le 
  Karo La, 5 220 m.
PEROU 
  : la piste des Andes, de Huancayo à Cuzco. Longue de 919 km, elle joue au yoyo 
  permanent entre 1 800 et 4 800 m, avec, du Paso Chonta (4 853 m), une courte 
  antenne de 3 km jusqu’à la Abra Huayhuay Ccasa, 5 059 m. Pas de fortes pentes, 
  mais de très longues montées sur une piste en très mauvais état. Compter 3 
  semaines pour le parcours de Lima à Cuzco, avec comme mise en jambes la montée 
  de la Abra Anticona, 4 730 m entre Lima et Huancayo, dont la route vient être 
  refaite.
On peut 
  accéder au Machu Picchu à vélo...à condition de longer la voie ferrée, voire 
  de pousser sa bicylette sur une file de rails, le tout sur 30 km! Et parfois, 
  il faut passer dans les éboulis...
  
BOLIVIE 
  : en partant de La Paz, la plus haute capitale au monde avec ses 4 080 m dans 
  le faubourg de El Alto, on accède par une mauvaise piste à la station de ski 
  de Chacaltaya, 5 230 m. Une portion de piste abandonnée, en très mauvais état, 
  moitié éboulée, permet de rouler-pousser jusqu’à 5 370 m (cf Le Cycle, juin 
  91). La région de La Paz abonde du reste en pistes grimpant à près de 5 000 m 
  : La Cumbre, 4 850 m, à l’entrée du “Chemin de l’Inca” (celui de Bolivie), 
  Tajlla Willkhi, 5 020 m, sur une piste partant à l’ouest de Milluni (petit 
  village minier avec des habitations jusqu’à...4 700 m!). La neige est presque 
  en permanence en bord de piste, si ce n’est pas dessus...Ces pistes ne sont 
  pas très bonnes, surtout qu’il est plus dur de fournir des efforts importants 
  à 5 000 m - c’est du reste le principal problème.
ARGENTINE 
  : des corons de Mina El Aguilar (4 500 m), une piste en assez bon état permet 
  de monter à 5 000 m. De même, non loin de Mina Pirquitas, une piste, 
  semi-abandonnée, permet d’accéder au relais de Cavalonga, à 5 170 m.
  PANAMA-COLOMBIE : un redoutable cyclo-muletier, atteignant l’altitude maxi 
  de...220 m ! Il s’agit de la traversée de la jungle du Darien, seul passage 
  terrestre entre les deux Amériques (Nord/Centrale et Sud). La difficulté 
  réside dans l’absence de piste : en tout, une quarantaine de km de sentier, 
  qu’il faut à chaque passage retracer à la machette ; et de nombreux 
  franchissements de rivières, dont il faut négocier ferme le passage auprès des 
  Indiens...Un véritable challenge pour les cyclistes, qui sont à ce jour les 
  seuls véhicules qui aient pu franchir cet obstacle.
ETATS UNIS 
  : les forêts nationales dans les Rocheuses regorgent de pistes, souvent en bon 
  état, permettant d'accéder souvent à plus de 3 000 m (Californie, Utah, 
  Colorado). Citons notamment le Mosquito Pass, 4020 m, dans le Colorado, non 
  loin de Fairplay.
Liste bien évidemment non exhaustive...
  POURQUOI CYCLO-MULETER ?
 
  
Il existe 
  tellement de routes revêtus en France et dans les pays voisins. On peut se 
  demander alors pourquoi diable aller sur les pistes, où l’on va bousiller son 
  matériel, sans compter ses os ?
La première 
  fois que je me suis rendu sur un muletier, c’était en Italie, dans le Parc du 
  Gran Paradiso, symétrique géographique de l’Iseran dans le Val d’Aoste. Sur la 
  carte Michelin apparaît et apparaîtra toujours un tracé “en construction” au 
  nord du Colle del Nivolet, à 2 640 m, alors qu’au sud, une excellente route 
  redescendant dans la région d’Ivrea. Persuadé que s’il y avait construction, 
  il y avait moyen de passer, j’y suis allé...et me suis cassé le nez devant un 
  mur, la route ayant été interrompu pour cause de parc national, de faune et de 
  flore à préserver de l’intempestive circulation automobile. Ne voulant pas 
  rester sur cet échec, et, comme tout cycliste, ne voulant pas revenir sur mes 
  pas, j’ai fini par prendre le “chemins des mulets”, emprunté en cette journée 
  d’été 80 par de nombreux marcheurs, que j’ai surpris beaucoup à hisser ma 
  machine d’un rocher à l’autre. Un vrai chamois en peau de chamois!
Ça, c’était 
  le cyclo-muletier “dur”. Ça m’a fait prendre conscience que, devant une vallée 
  apparemment en cul-de-sac, on pouvait passer quand même, et démontrer une fois 
  de plus l’autonomie que représentait le vélo par rapport aux lourds véhicules 
  à moteur. J’ai donc commencé à m’engager sur les pistes, pour finir par 
  constater que les inconvénients (pénibilité accrue, poussière, problèmes 
  mécaniques...) étaient souvent bien compensés par les avantages suivants 
  (liste non exhaustive, dépendante de chacun) :
  
- Les 
  parcours cyclo-muletiers se situent le plus souvent en montagne, dans des 
  paysages souvent superbes.
- Peu de 
  véhicules à moteur les empruntent, quant ils n’y sont pas interdits.
- Si, sur la 
  route, on ne se voit pas avancer dans les longues montées, avec l’impression 
  d’être cloué sur place avec les véhicules qui nous doublent rapidement, je 
  dirais que sur piste, le temps s’écoule autrement: l’attention se fixe sur la 
  piste et son état, non sur la montre. On croise des gens randonnant comme soi, 
  non des fous du volant pressés d’en finir avec cette montée, faite vitres 
  fermés. Bref, on se sent plus “nature”.
  
En Colombie, 
  roulant sur une excellente nationale, mais très circulante, alors que j’allais 
  aborder une route plate pour 500 km, je suis allé faire une escapade de 2 
  jours sur des pistes culminant jusqu’à 3 900 m : j’avais besoin de 
  décompresser, après avoir roulé trop longtemps sur route !
- Il y a 
  indéniablement un côté “challenge”: sur une route normale, sauf à se donner un 
  autre défi (temps de parcours) ou coup de pompe, il n’y a pas de mystère, on 
  passera. Sur une piste, il reste toujours la question : ça passera ? Surtout 
  si l’itinéraire contient des passages techniques (portage, poussage).
 
  
A PROPOS 
  DES PISTES
Les pistes 
  peuvent être classés selon les critères suivants :
Les premières 
  sont particulièrement éprouvantes, surtout dans le cas de graviers mélangés à 
  du sable : on s’enfonce à moitié, il est presque impossible de se mettre en 
  danseuse (ça dérape), la roue avant est renvoyée d’un caillou à l’autre, on a 
  vraiment l’impression d’être une boule de billard électrique renvoyée d’une 
  “targette” à l’autre. Le problème principal sera donc celui de l’équilibre. 
  Dans un pays comme la France, où la densité du réseau revêtu fait qu’on 
  entretient moins les pistes, on retrouve pas mal de pistes ainsi.
Les deuxièmes 
  posent un problème de vibrations : on a là l’impression d’être assis sur un 
  marteau piqueur ! On peut cependant être désarçonné, si jamais la roue avant 
  vient buter sur un gros caillou. Là, gare à la casse, vélo fragile s’abstenir. 
  On retrouve également pas mal de pistes ainsi en France et dans les pays 
  méditerranéens.
Les 
  troisièmes sont très diverses : il peut s’agir d’une excellente piste au sol 
  rendu compact (aux Etats Unis, ils appellent parfois ces pistes “compact 
  earth”), avec parfois l’ajout de petits gravillons réduisant la 
  dépréciation de la chaussée ; on a l’impression de se retrouver sur une route 
  ! La terre est tellement compacte, que même par temps de pluie, le sol reste 
  stable, dur. C’est le haut de gamme de la piste. On retrouve ces pistes en 
  Scandinavie, en Suisse, en Allemagne (Forêt Noire), aux USA et Canada, en 
  Turquie et certaines pistes forestières en France.
  
Mais il peut 
  s’agir de simple terre, plus battue par les véhicules circulants et par les 
  pluies, que par un hypothétique rouleau compresseur ! Ça va s’il fait sec, 
  mais s’il a plu, bonjour le pot de colle  Il peut arriver que la boue bloque 
  les roues, au niveau des freins, où elle vient s’entasser (surtout si vous 
  avez un garde-boue, dont le rôle dans ce cas semble bien être de “garder la 
  boue” !). Donc, s’il a plu la veille ou les jours précédents, évitez de vous 
  rendre sur de telles pistes. En général, les régions pluvieuses ont peu de 
  pistes ainsi (sauf pistes mineures, accès à un champ...), car les ornières 
  créés par les camions auraient tôt fait de les rendre impraticables. J'ai 
  pourtant vu ça récemment dans la vallée de Kathmandu, au Népal...Elles se 
  trouvent plutôt dans des régions au climat plus clément.
- Les pistes 
  de sable se trouvent bien sûr dans les régions sèches. On pensera au Sahara, 
  mais on peut en trouver dans les déserts US (notamment Utah, Arizona), dans 
  les Andes (Chili, Argentine, Bolivie)...et sur les plages françaises. Là, 
  contrairement aux pistes “en dur”, il ne faut pas rouler gonflé...mais la 
  technique du pneu faiblement gonflé ne permettra pas vraiment de pédaler si la 
  couche de sable est trop épaisse. Non seulement il est particulièrement 
  pénible de pousser le vélo dans le sable (on avance à 2 km/h), mais celui-ci a 
  des effets particulièrement nocifs sur le vélo, venant s’incruster partout et, 
  c’est le cas de le dire, enrayer la mécanique. Et si jamais il pleut, on 
  s’enlise!
- les pistes 
  de tôle ondulée se retrouvent également dans les régions sèches : il s’agit 
  finalement de sable très compact, mais auquel les véhicules ont fini par 
  imprimer leur marque, sous forme de petites “vaguelettes” à intervalles 
  réguliers, qu’on dirait formées par le vent. Si on les passe à une certaine 
  allure (60 km/h, généralement), on ne s’en rend pas compte...tout en aggravant 
  le phénomène. A vélo, par contre, c’est extrêmement pénible, on retrouve la 
  séance de marteau piqueur. On peut parfois partiellement éviter cette tôle en 
  essayant de rouler sur les marges de la piste...là où bien souvent le sable 
  mou reprend ses droits !
Enfin, 
  n’oubliez pas : selon le trafic, le tracé de la piste et les conditions 
  météorologiques, une piste se dégrade plus vite qu’une route. Telle piste 
  excellente telle année sera ravagée cinq ans plus tard si elle n’a bénéficié 
  d’aucun entretien. Une piste s’abîmera plus vite si elle est pentue : les 
  véhicules “accrocheront” plus la piste, arrachant ça et là des graviers 
  constitutifs de la chaussée, et les pluies dévaleront encore plus vite 
  celle-ci, retirant encore plus de matériaux.
  
Dans les 
  régions où il pleut fréquemment, mais doucement (crachin), les pistes seront 
  moins vite abîmées que dans les régions où il pleut rarement, mais sous forme 
  d’orages brutaux : en peu de temps, les pistes seront “lessivées” par des 
  quasi-oueds, emportant tou sur leur passage.
Une piste en 
  forêt sera souvent meilleure et plus facile d’entretien : la pluie ne tombe 
  pas directement sur la chaussée, et une grande partie de l’eau, au lieu de 
  s’écouler dessus, reste stockée dans la végétation ; elle est protégée de 
  l’érosion éolienne (qui soulève la terre et le sable recouvrant la 
  piste)...C’est valable dans pratiquement tous les pays.
 
  
CONSEILS
Dans les 
  tournants et virages, et notamment en descente, il faut “chalouper” d’un bord 
  à l’autre de la piste, en prenant l’extérieur des virages, à l’inverse des 
  coureurs qui coupent les virages sur les routes ; c’est en effet dans 
  l’intérieur des virages que l’état de la piste est le plus mauvais : plus 
  emprunté par les voitures et camions (qui coupent systématiquement les 
  virages, et abîment encore plus la piste en cet endroit), concentration des 
  eaux de pluie et ravinement...
Plus que sur 
  route, veillez à ne pas avoir un poil de jeu dans la direction (pour 
  contrôler, maintenez fermement le frein avant, et essayer d’avancer fortement 
  : vous ne devez pas sentir de jeu) : vu les vibrations imposées par la piste, 
  vous pourriez vous retrouver la potence cassant brutalement.
Surtout si 
  vous avez auparavant bricolé sur votre vélo (démontage...), pensez à bien 
  vérifier le premier soir d’une sortie (et même au bout d’une vingtaine de 
  kilomètres) si les boulons ne se sont pas desserrés.
Ayez une 
  bonne gamme de développements. Ne comptez pas trop grimper à l’énergie en 
  danseuse : sauf si vous avez pas mal de poids à l’arrière (cas des 
  “cyclo-muleto-campeurs” dont je fais partie), votre roue arrière aura tendance 
  à patiner, vous faisant perdre tout le bénéfice de votre mise en danseuse, 
  voire faire du sur-place.
 
  
LES 
  PETITES SURPRISES
Si une piste 
  commence en mauvais état, ne désespérez pas trop : il se peut que plus loin, 
  elle devienne bonne. A l’inverse, ne criez pas trop victoire quand une piste 
  démarre sur les chapeaux de roue : plus loin, ce sera peut-être autre chose. 
  Bref, l’état d’une piste varie selon les portions empruntées.
A un 
  croisement, si vous avez un doute sur la direction à prendre, ce ne sera pas 
  toujours la piste en meilleur état, ou apparemment la plus fréquentée, qui 
  sera celle qui traversera le massif : dans les pays à grande densité de route 
  (et même ailleurs !), les pistes sont souvent utilisées pour desservir des 
  fermes, des exploitations, carrières, etc..., et l’axe de communication entre 
  vallées n’est utilisée que occasionnellement (sinon par les cyclistes...), et 
  parfois peu entretenu. Il ne reste plus que votre flair, une bonne carte topo, 
  ou pile ou face.
 
  
MATERIEL
Cartes : les 
  cartes IGN au 1:100 000 sont très pratiques pour la pratique du cyclotourisme, 
  mais deviennent insuffisantes pour celle du cyclo-muletier : toutes les pistes 
  n’y sont pas indiquées, loin s’en faut, les relevés altimétriques sont moins 
  nombreux, et les courbes de niveau trop serrés ou trop espacées (40 m parfois) 
  pour la clarté d’un parcours en montagne, terrain de prédilection du 
  cyclo-muletier. A noter que l’IGN vient de refonder sa collection au 1:25 000 
  baptisée “Topo 25”, qui sont des instruments très précieux pour “fouiner” dans 
  un périmètre déterminé, tant à pied qu’à “vélo-mûle”.
Boussole et 
  compteur kilométrique. Une boussole sera de peu d’utilité si vous ne savez pas 
  quelle distance vous avez parcouru depuis le dernier point connu !
Penser que 
  souvent, les fontaines et épiceries sont plutôt rares sur les pistes ! Donc, 
  quelques aliments énergétiques légers, et de l’eau, à emporter dans une 
  sacoche guidon ou un mini sac à dos. Cela dit, et tout au moins dans nos pays, 
  les ruisseaux et torrents de montagne ne manquent pas. Pour l'instant, je n'ai 
  jamais vu que les montagnes du centre du Sinaï où il n'y ait pas d'eau de 
  surface.
Le garde-boue, malgré le rôle parfois néfaste rappelé tout à l’heure, est bien utile pour ne pas se retrouvé “emboué” de la tête aux pieds : les garde-boue plastique qui se “clippent” sont très légers, et excellents ; sinon, on pourra se contenter d’un “splash” à l’avant (petit morceau de plastique quadrangulaire se clippant sous la barre oblique), qui protège toute fois assez mal, mais limite le risque de blocage de la roue-avant par la boue.
LES 
  GRANDS PARCOURS CYCLO-MULETIERS EN FRANCE
- La France a 
  un des réseaux à la fois le plus important et le plus dense du Monde ; peu de 
  pays hors Europe de l’Ouest peuvent se vanter l’avoir jusqu’à des accès aux 
  fermes revêtus, y compris chez certains de nos voisins ! Il subsiste 
  heureusement quelques parcours sur ces pistes plutôt difficiles:
- Le 
  Parpaillon, et son célèbre tunnel sommital, qui permet de relier Embrun à 
  Barcelonnette, le Queyras à l’Ubaye.
- La piste de 
  Isola 2 000 au Boréon et à St Martin Vésubie, dans les Alpes Maritimes.
- La piste 
  stratégique de Tende : au lieu de vous engager dans le tunnel (de toutes 
  façons interdit aux cyclos), empruntez donc la piste qui démarre à gauche, 
  pour une ascencion splendide toute en lacet (une cinquantaine de virages en 
  épingles à cheveux, pas moins !) jusqu’au col de Tende, 1 871 m. De là, sur la 
  gauche et surtout sur la droite part une piste de crête au tracé magnifique, 
  qui permet de longer la frontière avant de redescendre sur La Brigue. On peut 
  combiner ce parcours avec d’autres parcours versant italien.
- Autour des 
  stations de sports d'hiver de Tarentaise, de Maurienne surtout, de nombreuses 
  pistes (qui deviennent bien souvent des pistes de ski l'hiver), plus ou moins 
  sommaires et souvent très très pentues permettent d'accèder souvent très haut. 
  Mais de réelles traversées sont rarement possibles - sauf à emprunter des 
  sentiers de montagne, plus ou moins étroits et pentus.
- Dans les 
  Pyrénées, bien sûr la piste du Canigou, partant du col du Tourmalet, et 
  montant jusqu’au col des Laquets, 2 637 m.
 
  
  QUELQUES PARCOURS MULETIERS EN EUROPE ET MEDITERRANEE
ITALIE 
  : les parcours muletiers ne manquent pas, principalement dans les Alpes, 
  notamment dans les Dolomites. Relevons notamment :
- Non loin 
  des frontières françaises, la piste de Sestrières (col situé à 2 000 m sur une 
  route alternative Briançon-Turin) : on franchit depuis Sestrières une 
  demi-douzaine de cols, surtout si l’on reste sur la piste de crête abandonnée, 
  entre le Colle dell’Assieta (2 474 m) et le Colle delle Finestre, qui permet 
  de redescendre sur Susa...et de retourner sur Briançon. Si vous tenez la 
  forme, ce circuit est faisable depuis Briançon en une journée pleine.
- La piste du 
  Brenner. Sur le modèle des pistes de Tende et de Sestrières, il s’agit d’une 
  piste reliant d’anciens fortins stratégiques défendant les frontières. 
  Accessible depuis la route du Brenner Innsbruck-Bolzano depuis le col du 
  Brenner et Gossensass (en Italie de langue allemande, le “Südtirol”), cette 
  piste navigue entre des cols de  plus de 2 000 m. Non loin à l’est, la piste 
  du Schlüsseljoch est complètement défoncée sur 5 km (poussage) et très pentue 
  ; par contre, la piste du Psfitscher Joch (2 246 m) est, entre Vipiteno/Sterzing 
  et Zell am Ziller (Autriche), une très belle alternative à la route du 
  Brenner, circulante, désagréable...et trop facile.
- Au nord de 
  Cortina d’Ampezzo (150 km est de Bolzano) existe un superbe réseau de pistes 
  très caillouteuse et bien pentues, passant par des cols dans un décor minéral 
  impressionnant (Passo Limo, 2 172 m...) et permettant de rejoindre Brunico.
- Plus 
  aisées, les pistes du Passo Manghen ( 2 047 m) et du Passo Cinque Croci (2 018 
  m) entre Feltre, Strigno et Cavalese, permettant de joindre  Vicenza au sud 
  dans la plaine du Pô, à Bolzano au coeur des Dolomites au nord.
ESPAGNE 
  : Portarro d’Espot (2 434 m), dans le Parc National Aigües Tortes (Pyrénées), 
  90 km ouest de Seu d’Urgell (sud Andorre). La route d’accès de part et d’autre 
  est revêtue (pas toujours en bon état). Sur 5 km de part et d’autre du col, il 
  s’agit plutôt d’un sentier, permettant de grimper 400 m, normalement interdit 
  aux cyclos (il faut louvoyer pour éviter les postes de contrôle). Parcours 
  magnifique.
La région, 
  notamment vers Vielha ou bien au sud de Puigcerda, ne manque pas de piste, 
  parfois en cul-de-sac, montant jusqu’à des cols.
L’ascencion 
  du Pico Veleta depuis la côte (Sierra Nevada, Grenade, Andalousie) : la piste 
  monte jusqu’à 3 100 m, avant de rejoindre la route du Pico Veleta (3 400 m), 
  qui redescend sur Grenade, permettant ainsi une très belle traversée de ce 
  massif. Le plus haut parcours possible en Europe.
NORVEGE 
  : la piste du Mysuseter (1 830 m), la plus haute route de Scandinavie ; 18 
  rudes kilomètres d’ascension sur une chaussée moyenne, un peu à l’ouest de 
  Böverdal, le long de la route entre Otta et le Sognfjord (Oslo-Otta, 250 km 
  nord-ouest, Otta-Böverdal, 85 km ouest). Vu les conditions climatiques, 
  estimez que vous êtes plutôt à 3 500 m...
ROUMANIE 
  : la piste Sebes-Novaci, au coeur des Carpathes, 270 km au nord-ouest de 
  Bucarest ; culminant à 2 100 m, c’est une des deux seules traversées des 
  Carpathes à plus de 2 000 m. Parcours très beau, évoquant parfois les 
  Rocheuses, dans la traversée des forêts de pin.
Le relais de 
  Costina, à 2 440 m, au départ de Sinaïa, 100 km nord Bucarest: la plus haute 
  piste de toute l’Europe de l’Est. Pas de difficultés techniques majeures.
 
  
LES 
  GRANDS PARCOURS CYCLO-MULETIERS HORS-EUROPE
MAROC 
  : l’Atlas ne manque pas de grands parcours cyclo-muletiers ; un des plus beaux 
  parcours que l’on puisse faire est celui partant de Azilal (110 km est de 
  Marrakech) vers les Aït Bou G’mez, puis vers Zaïoua Ahansal, Ouaouizakht, 
  Imilchil, le Cirque de Jaffar et Midelt (140 km sud Fès-Meknès) : 430 km de 
  piste, passant par une dizaine de cols à plus de 2 000 m, dont le Tizi 
  n-Tirist à 2 629 m.
  
Un réseau de 
  pistes intéressantes également, vers les Gorges de Toghra et du Dadès, en 
  particulier autour de Tamtattoucht.
Toutes ces 
  pistes sont finalement assez bonnes, à part quelques portions caillouteuses, 
  notamment dans les Gorges du Toghra. Mais gaffe au ravitaillement, et dans une 
  moindre mesure à l'eau.
  NEPAL-CHINE : la mythique route du Tibet, de Kathmandu à Lhasa. 1 000 km 
  sur un plateau à plus de 4 000 m, avec des passages à plus de 5 000, dont le 
  Karo La, 5 220 m.
PEROU 
  : la piste des Andes, de Huancayo à Cuzco. Longue de 919 km, elle joue au yoyo 
  permanent entre 1 800 et 4 800 m, avec, du Paso Chonta (4 853 m), une courte 
  antenne de 3 km jusqu’à la Abra Huayhuay Ccasa, 5 059 m. Pas de fortes pentes, 
  mais de très longues montées sur une piste en très mauvais état. Compter 3 
  semaines pour le parcours de Lima à Cuzco, avec comme mise en jambes la montée 
  de la Abra Anticona, 4 730 m entre Lima et Huancayo, dont la route vient être 
  refaite.
On peut 
  accéder au Machu Picchu à vélo...à condition de longer la voie ferrée, voire 
  de pousser sa bicylette sur une file de rails, le tout sur 30 km! Et parfois, 
  il faut passer dans les éboulis...
  
BOLIVIE 
  : en partant de La Paz, la plus haute capitale au monde avec ses 4 080 m dans 
  le faubourg de El Alto, on accède par une mauvaise piste à la station de ski 
  de Chacaltaya, 5 230 m. Une portion de piste abandonnée, en très mauvais état, 
  moitié éboulée, permet de rouler-pousser jusqu’à 5 370 m (cf Le Cycle, juin 
  91). La région de La Paz abonde du reste en pistes grimpant à près de 5 000 m 
  : La Cumbre, 4 850 m, à l’entrée du “Chemin de l’Inca” (celui de Bolivie), 
  Tajlla Willkhi, 5 020 m, sur une piste partant à l’ouest de Milluni (petit 
  village minier avec des habitations jusqu’à...4 700 m!). La neige est presque 
  en permanence en bord de piste, si ce n’est pas dessus...Ces pistes ne sont 
  pas très bonnes, surtout qu’il est plus dur de fournir des efforts importants 
  à 5 000 m - c’est du reste le principal problème.
ARGENTINE 
  : des corons de Mina El Aguilar (4 500 m), une piste en assez bon état permet 
  de monter à 5 000 m. De même, non loin de Mina Pirquitas, une piste, 
  semi-abandonnée, permet d’accéder au relais de Cavalonga, à 5 170 m.
  PANAMA-COLOMBIE : un redoutable cyclo-muletier, atteignant l’altitude maxi 
  de...220 m ! Il s’agit de la traversée de la jungle du Darien, seul passage 
  terrestre entre les deux Amériques (Nord/Centrale et Sud). La difficulté 
  réside dans l’absence de piste : en tout, une quarantaine de km de sentier, 
  qu’il faut à chaque passage retracer à la machette ; et de nombreux 
  franchissements de rivières, dont il faut négocier ferme le passage auprès des 
  Indiens...Un véritable challenge pour les cyclistes, qui sont à ce jour les 
  seuls véhicules qui aient pu franchir cet obstacle.
ETATS UNIS 
  : les forêts nationales dans les Rocheuses regorgent de pistes, souvent en bon 
  état, permettant d'accéder souvent à plus de 3 000 m (Californie, Utah, 
  Colorado). Citons notamment le Mosquito Pass, 4020 m, dans le Colorado, non 
  loin de Fairplay.
Liste bien évidemment non exhaustive...