WELKOMM ZOU LETZELBUERG

Clandestin. Entré en parfaite illégalité sur le territoire luxembourgeois !

Arrivé par train dans l’une de nos grandes capitales européennes, quelle ne fut pas ma stupéfaction et mon effroi de constater que ma carte d’identité venait de dépasser la date de péremption, ses dix ans d’âge, et qu’elle n’avait pas bonifié pour autant ?

L’angoisse : comment allais-je déjouer les contrôles tatillons, comment allais-je surtout retourner sur le sol de ma chère et lointaine patrie, en égale illégalité, car en provenance frauduleuse d’un autre pays ? L’agréable frisson. Voilà donc pourquoi j’allais me retrouver le dos mouillé (1) par toutes ces pluies de début de printemps, dans cet archiduché pas vraiment sec.

Itinéraire tout tracé, durant 4 jours : les vallées à vélo. Moselle, Sure, Our, re-Sure, Eisch. Il faut dire qu’elles sont belles, entaillées dans le Massif Ardennais, aux flancs boisés, aux courbes et méandres harmo... ah oui, on n’est pas dans “Cyclotourisme”, s’cuzez (2).

Le Luxembourgeois n’est pas causeur. Sans doute qu’à force de parler autant le français que l’allemand et le dialecte local, et de rencontrer des gens venus des 12 coins de l’Europe, il ne sait plus trop dans quelle langue s’exprimer. A preuve, cette dame à Diekirch, s’adressant à moi alternativement en français et en allemand, pour m’aider à trouver ma Richtung. Zut, je peux aussi être pris pour un Germain, avec ma tignasse et mon air sombres?

Du reste, les deux premiers jours, je longe les vallées-frontières avec l’Allemagne. Il suffit de passer un petit pont, et hop! Willkommen in Deutschland. Le parcours sur l’autre rive me semble plus racé, du reste. Mais c’est toujours ainsi : on imagine que de l’autre côté, c’est forcément mieux.

Côté vélo, c’est pas encore le pied, mais y’a pire : une piste cyclable Luxembourg-Etternach, une autre Wasserbillig-Etternach-Diekirch. Côté coût de la vie, ben c’est pas donné (la baguette à 6 FF, le camping de 40 à 60 FF pour une personne), mais il y a de divines surprises : la minute de téléphone pour la France à 3 FF après 19 h. Si un coup de fil pouvait remplacer le pain...(3)

Petite Suisse Luxembourgeoise : je suis sûr que tous les pays du monde, au moins d’Europe, ont leur Suisse, ainsi que leur Venise. Cette Suisse-là n’a qu’un lointain rapport avec les Alpes carte-postalistiques helvétiques. Mais enfin, ça vaut le détour. Les sites des villes sont tout de même ce qu’il y a de mieux à voir, ici : Vianden et son château, Clervaux, et surtout Luxembourg. Une cité blottie dans ses murailles, le long des bords de l’Alzette, avec des restes de fortifications de part et d’autre. Même le viaduc ferroviaire  en pierre s’intègre parfaitement au décor, au point qu’on se demande si les falaises n’ont pas été construites après lui.

Mais l’histoire ne dit pas si j’ai fini mes jours, croupissant au fond d’une des tristement célèbres geôles locales, au pain sec (à 6 FF ?) et à l’eau. Allo ?

(1) Wetback, ou mojado : ainsi appelle-t-on les immigrés clandestins aux USA venant du Mexique, car supposés avoir traversé le Rio Grande à la nage.
(2) Mais non, les copains FFCTistes, c’est pas méchant...  
(3) C'est à ce genre de détail qu'on voit que le temps déprécie tout, même un récit de voyage. A l'époque, ce genre de tarif était impensable !
 

Luxembourg

 

Trompe-l'oeil à Luxembourg - Petite Suisse Luxembourgeoise

 

Sculpture en bois

 

VIANDEN

 

 

 

 

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