LA BELLE ANDALOUSIE

 

Tchikatchikatchik aïe aïe aïe

 

Eh oui, après la série tibétaine, me voici en train de rouler en Espagne, autant dire en proche banlieue. L'avion, outre que ça bousille un peu plus la planète (argument auquel je suis peu réceptif, comme la plupart des gens qui prennent quotidiennement la bagnole sans se soucier du futur de leurs propres enfants), ça revient surtout cher, d'autant plus que de plus en plus de compagnies font rien qu'à embêter ceux qui veulent transporter leur bici avec eux.

 

L'Andalousie, ça faisait une paye que je ne m'y étais rendu, bonne destination pour le creux du froid hiver français. Sauf que là-bas aussi ça caille, j'aurais dû me souvenir que l'altitude l'emportait sur la latitude ! Il faut dire que j'ai passé la plupart des nuits à 1000 m et plus, et que si sur la côte il fait très bon, les conditions dans l'intérieur des terres ont plus à voir avec un climat continental.

 

Cela dit, l'Andalousie est toujours aussi superbe, bien que je n'aie parcouru que la zone sans doute la moins connue, le nord-est en direction de Murcia.

 

 

INFORMATIONS ANDALOUSIE

 

Comparé à mes habituels errements dans des pays et des zones à dégager encore à la machette, cette destination offre nettement moins de surprises : c'est l'Europe, avec l'Espagne qui comble à marches forcées son retard sur la partie centrale de l'Empire. L'Andalousie, périphérie de la périphérie, reste certes un peu à la traîne, mais on n'est pas au fin fond de l'Amazonie, il y a toujours une rame de métro pas loin.

 

ACCES

 

Si vous faites une approche par train : je ne sais pas s’il est possible de glisser un vélo sous housse dans l’AVE (TGV Madrid-Séville), l’Altaria Madrid-Malaga/Algeciras/Granada ou l’Altaria Barcelone-Madrid (je présume que oui, à condition que ces rames n'aient pas été conçus pour une clientèle d'affaires comme l'Eurostar ou le Thalys). Dans le cas de l’Andalousie, j’ai cru comprendre que les Altaria étaient en fait des talgo (qui permettent le changement d’écartement des bogies, puisque le réseau AVE jusqu’à Cordoba est à écartement standard, contrairement au reste du réseau espagnol), or dans un talgo, on arrive à caser un vélo sous housse. Mais la ligne AVE touchera très prochainement Malaga, et les talgo seront alors remplacés par des AVE.

 

Les vélos non démontés ne sont officiellement admis que dans les trains régionaux (je ne suis pas sûr que ce soit autorisé dans tous), mais ceux-ci sont très rares (sur certaines lignes ils n’existent même pas, et, par exemple, un seul train régional entre Barcelone et Valence !). En Andalousie, il y a tout de même 4 trains quotidiens entre Sevilla, Granada et Almeria, et pas mal entre Sevilla et Malaga, Sevilla et Cadix.

 

Par contre, les lignes « cercanias » (banlieue) sont parfois très étoffées, dessertes à l’heure voire à la demi-heure, sachant que ces « cercanias » vont loin. Citons : Alacant-Murcia, Murcia-Cartagena (bien qu’il ne s’agisse pas d’une vraie ligne cercania), Murcia-Lorca, et bien sûr les réseaux autour de Barcelona et Valencia. En principe, les vélos y sont autorisés, sauf aux heures de pointe.

 

Sur les grands axes hors AVE-Altaria, il n’est normalement pas prévu d’embarquer un vélo dans les Talgo, les Arco ou Euromed. En fait, une fois bien démonté sous housse, on arrive toujours à les glisser dans les compartiments à bagages sur chaque plateforme, nettement plus exigus que ceux de nos TGV dans le cas du talgo (bien plus facile sur un euromed, mais il n'y a pas de grand compartiment bagage dans chaque voiture). L’idéal est d’embarquer à la station d’origine, pour pouvoir caser sa housse sans avoir à tout re-déplacer les bagages des autres voyageurs.

 

Depuis Madrid, 2 talgo quotidiens vers Almeria

 

Depuis Montpellier, il existe un Talgo direct pour Barcelona, Valencia, Alacant, Murcia et Cartagena, mais partant très tôt (et revenant tard le soir)

Depuis Cerbère ou Port Bou (Port Bou dans le sens France-Espagne, Cerbère dans le sens Espagne-France), il existe à peu près toutes les 2 h des trains régionaux vers Barcelona Sants (toutes les demi-heures entre Figueres et Barcelona !).

 

De Barcelona Sants, trains fréquents (presque toutes les heures) vers Valencia, un peu moins vers Alacant, et plus que 3 vers Murcia. La ligne Murcia-Almeria/Granada n’existe plus.

 

De Barcelona Sants, bon vieil express diurne (Arco) vers Malaga/Granada/Almeria, et très bon Trenhotel (en fait, un Talgo) de nuit vers Malaga/Granada, par une ligne passant par la Castille.

 

Les prix restent très raisonnables, hors AVE : on traverse l'Espagne pour 50 à 60 €. Réduction de 10% sur un aller-retour, sans notion de jours de pointe. Via le web, il y a de super-promo, mais plutôt sur les lignes AVE ou vers la Galice, et puis je n'ai jamais réussi à ouvrir la page.

 

ROUTES

 

Le réseau espagnol a énormément progressé. Un peu trop, même. Il y a un certain nombre d’années (et même un millénaire de cela), on pouvait, à vélo, emprunter les premières autoroutes de la péninsule. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. Mais le pire, en Andalousie, est qu’ils ont récupéré certains tronçons d’anciennes nationales pour les transformer en superbes autoroutes… interdites aux vélos. Et la plupart du temps, il n’existe aucune alternative proche, il faut faire de grands détours pouvant rallonger d’une journée. Donc, bien étudier les cartes, avant de buter sur un tronçon requalifié en autoroute, impasse pour le cycliste (notamment Granada-Guadix-Baza-Murcia).

 

Sinon, le réseau est de qualité. Le trafic sur les petites routes est peu important, par contre, dès qu’on emprunte un axe de transit (ils sont difficilement évitables), le trafic, notamment poids lourds, est un peu pesado. Il y a bien alors, en général, une petite bande de sécurité de chaque côté, mais quand un semi vous frôle…

 

PISTES

 

Là encore, le réseau est généralement récent, ou refait. On roule souvent sur des pistes (forestières ou autres) aussi bonnes que sur de l’asphalte ! Ce réseau n’est pas toujours clairement indiqué sur les cartes, même Michelin (quoique leurs cartes « zoom » au 1 :200 000 sont presque exhaustives). Dans les Offices de Tourisme, au moins pour les parcs naturels, il faut essayer de se dégoter les dépliants, qui ont des cartes détaillées indiquant pratiquement toutes ces pistes.

 

Le reste de l’Espagne m’avait habitué, le plus souvent, à des pentes pas trop fortes, 7% maxi. Sur les grandes routes, ça va. Par contre, dès qu’on se rend sur le réseau secondaire, a fortiori sur les pistes, les 10% sont fréquents, les 15% pas rares, et dans les villages, on peut trouver des raidillons à 20% (rares quand même). Le 24*32 n’est pas nécessairement un luxe, surtout si on roule chargé.

 

GUIDES-CARTES

 

Le guide Michelin « Andalousie » est très satisfaisant pour la partie pur tourisme, avec ses habituels nombreux plans de ville et cartes de parcours, et désormais un chapitre « infos pratiques » un peu plus fourni qu’autrefois. Pour l’hébergement, mieux vaut classiquement le Lonely Planet, à la rigueur le Guide du Routard.

 

Pour les cartes, la collection Michelin (http://www.ViaMichelin.com) s’impose encore, notamment la carte « zoom » 124 Costa del Sol, au 1 :200 000, l’ennui étant qu’elle ne couvre que la partie côtière, jusqu’à Granada au nord, Gibraltar à l’ouest, Almeria à l’est. Leur carte 446 "Andalucia Costa del Sol" est excellente et couvre toute l'Andalousie, mais au 1:400 000. Pratiquement toutes les routes revêtues y apparaissent, mais pas toutes les pistes.

Mairs (Marco Polo) a une carte "Costa Blanca" (couvrant de Granada et Almeria jusqu'à Valencia) et une carte Andalusien au 1:200 000, très détaillées, mais pas toujours à jour pour le réseau secondaire / tertiaire, et pas toujours facile de distinguer entre petite route revêtue, piste, voire sentier.

En général, on peut trouver ces cartes, soit dans certaines fnac, soit sur amazon.com

 

Voir aussi http://www.andalucia.org pour des infos touristiques

 

HEBERGEMENT

 

En-dehors d’un camping (déjà assez cher comme ça : presque 10 €), je n’ai même pas essayé l’hôtellerie. Le premier où j’ai demandé, à Guadix, ville pourtant pas immense, on m’en demandait 34 €, certes pour un **. Là encore, les 30 FF pour une « pension » du millénaire dernier, y compris parfois dans des villes assez grandes, sont bien loin. Bref, s’attendre à des prix français, et pire en s’approchant de la côte.

 

Par contre, vu que le tourisme a lieu en Andalousie toute l’année, on trouve pas mal de campings ouverts même en hiver, évidemment plutôt sur la côte (les autres ouvrent en général mars-novembre).

 

La population se concentre dans les villes, ainsi que dans de gros bourgs : assez peu d'habitat diffus, sauf dans certaines zones agricoles riches (Marquesada de Jerez, ou autour de Granada). Le camping sauvage est donc aisé. Par contre, très peu de ruisseaux, torrents, faire le plein dans les fontaines des villages (et encore : à Guadix ou Isnalloz, il faut demander à l'habitant, il n'y a pas/plus de fontaine publique).

 

MATERIEL

 

Je ne me suis pas attardé, mais nul doute qu'à Granada on trouve tout : vélo, matériel camping (dont cartouches de gaz) etc... Par contre, dans les villes, même moyennes (Guadix, Baza), je n'ai pas trouvé de boutique vélo. Ils vendent peut-être un peu de matos dans des commerces style quincaillerie (encore que je n'ai jamais vu un pneu en vente), mais vu la rareté des vélos, il vaut mieux être assez autonome entre les grandes villes.

 

Par contre, pas de problème pour l'alimentation : le moindre petit village a sa supérette, tout gros bourg a son petit supermarché, pas toujours le choix entre Nutella® et marque générique, mais bon. Pas de lait en poudre, uniquement concentré sucré (ou en... liquide).

 

METEO

 

L’Espagne en général, et l’Andalousie en particulier, sont réputées pour un temps caniculaire… en été. En hiver, il fait doux sur les côtes. Par contre, dès qu’on rentre dans l’intérieur, les conditions sont nettement plus rigoureuses, fréquemment autour de 0° au petit matin. Il est vrai qu’on est rapidement à 800-1000 m d’altitude, ce qui explique tout. Cela dit, dans la journée, il fait bon, et la plupart du temps, le ciel est bleu. Mais il peut y avoir des journées de pluie, qui se transforme en neige dès 1500 – 1800 m.

 

Sur la Sierra Nevada bien nommée, la neige tient l’hiver dès 2000 m. Sur les massifs approchant ou dépassant 2000 m, on peut trouver de la neige ou du verglas, notamment la Sierra de Baza, le parc de Cazorla… Dans la Sierra de Baza, j’ai fait une descente toute verglacée pas piquée des vers, jusque vers 1700 m.

 

VISITES

 

Grenade : à ne évidemment pas louper, surtout l’Alhambra (mais le reste de la ville vaut déjà le détour). Pour l’Alhambra, il semble qu’on puisse encore acheter des billets directement au guichet, mais se pointer le matin, et de préférence tôt (dès 08h) : même en hiver, en début d’après-midi, ce guichet ferme. Le mieux est de réserver à l’avance par internet.

Info : http://www.alhambradegranada.org/guias/alhambraEntradas_fr.asp

Achat : http://www.alhambra-tickets.es (qui redirige vers un site spécialisé de ServiCaixa.com), sélectionner « otros días y sesiones » (attention : il faut acheter d’une part pour le Generalife et l’Alcazaba, d’autre part pour le Palacio Nazaries). Ce site permet même de connaître, par journée, le nombre d’entrées libres

 

Un certain nombre de petites villes intéressantes, voire le moindre village. En fait, à peu près toutes et tous ont quelque chose qui mérite au moins un court arrêt  (églises anciennes, maisons blanchies à la chaux, place centrale, le fameux « casco antiguo », la vieille ville, bien rare s’il n’y a pas les ruines d’un ancien fort arabe). Pour le secteur que j’ai parcouru, il y a surtout Guadix et ses environs, où de nombreuses maisons ont été construites dans la roche même. Il continue de s’en bâtir aujourd’hui, évidemment en résidence secondaire, mais même pour des locaux. Pas de fondation ni de toit à construire, température constante toute l’année, après l’ére bagnolistique qui aura rendu la planète à moitié invivable, on vivra ainsi tous sous terre…

 

PARCS NATURELS

 

Il y a assez peu de parcs nationaux, par contre l’Andalousie regorge de Parque Natural : ce sont, au fond, un peu des parcs régionaux comme on en trouve chez nous. Des routes les traversent, il y a des villages, mais ils sont essentiellement composés de zones très peu peuplées, activité agricole « artisanale ». Comme bien évidemment ce sont les coins les plus beaux qui ont été élus pour définir ces parcs naturels, ils valent forcément le détour. Certaines pistes sont interdites aux voitures, mais (en général) pas aux cyclistes. Entrée gratuite. Pour ce qui est de la partie nord-est de l’Andalousie :

 

Sierra Nevada : le réseau routier est simple, il consiste surtout dans l’accès au Pico Veleta ! La route la plus haute d’Europe qui, après un col à 3300 m, devient piste, et redescend sur l’autre versant (en 1994, on pouvait faire la traversée à vélo, je suppose que c’est toujours autorisé, bien que j’ai entendu parler d’éboulements etc, mais rien qui ne puisse arrêter un cyclo).

Dans la partie orientale, il existe même une piste de crête, navigant à près de 2500 m d’altitude. Sinon, la Sierra Nevada ne se voit jamais aussi bien que de l’extérieur, et déjà depuis Granada, ou bien la Sierra de Cogollos.

 

Sierra de Segura, Villas et Cazorla : le plus grand parc naturel d’Espagne, avec quelques belles petites villes, et de beaux paysages de montagne colorée. Je n’en ai parcouru que l’extrême sud, avec notamment le site époustouflant de Tiscal / Belerda.

 

Sierra Maria : belle crête culminant à 2000 m, mais rien d’exceptionnel en soi. Par contre, jolies petites villes : Maria, Velez Rubio, mais surtout Velez Blanco et son château

 

Sierra de Baza : bah, une bonne grosse montagne arrondie dépassant tout juste 2200 m. Son principal intérêt : belvédère sur la Sierra Nevada au loin ! Sinon, rien de particulier, un peu les Vosges locales. En hiver, gaffe : il y a un peu de neige qui encombre les pistes, et même du verglas, traître.

 

ANDALOUSIE : PAYS DES OLIVIERS

 

 

Oliviers trapus près de Cuevas del Campo (entre Baza et la Sierra Cazorla)

 

QUELQUES PHOTOS MARRANTES

 

Andalousie, pays vert

 

Plage textile ? Pour un mé-tissage de la fréquentation ?

 

Objectif Lune sinueux

 

Chef, yakekchozkitournparon (ou : ils cherchent à enserrer l'effet de serre ?)

 

Un paysage au carré

 

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