PREPARATION DU CYCLO-VOYAGE
ou LE CYCLOCH'ART DE VOYAGER PAS CHER
Cette rubrique est le fruit de mon expérience personnelle, qui est loin d'être transposable à tout un chacun. Je serais même parfois un parfait contre-exemple, notamment pour le poids (j'ai toujours 30-35 voire 40 kg de bagages, quand un cyclo "normal" en emporte en moyenne 25, eau et bouffe compris). Et puis je suis horriblement partial, comme le démontre la première rubrique ci-dessous (spons-horreur).
Le "Manuel du Voyage à Vélo", de l'association Cyclo Camping International, est une source d'information bien plus complète, car recensant l'expérience de nombreux cyclos-voyageurs, et abordant nettement plus de sujets. Accessoirement, CCI me gratifie d'un chèque à faire pâlir Fort Knox à chaque fois que je les cite en site (eh non, eh, c'est des blagues, eh ! en fait, il ferait à peine pâlir la Banque de France, le chèque...)
Les liens "sités" proviennent majoritairement de ma page de liens voyage
Certains me demandent, notamment en me lisant conspuer le sponsoring (pardon, mécénat, restons français. Prostitution aussi, c’est un mot français), comment je fais pour voyager autant et financer mes voyages : c’est simple…je travaille. Un travail régulier (fonction publique, mais ça ne veut pas dire que je ne fiche rien, cela à l’adresse des beaufs new look qui croient encore de bon ton de crier sur les fonctionnaires, au fond jaloux de ne pas bénéficier de leur sécurité de l’emploi), où j’ai pu me ménager, par des congés non payés et du temps partiel annualisé, de bonnes périodes d’absence mises à profit. En France, je vis modestement, donc j’économise beaucoup, et puis en voyage je dépense fort peu – en tout cas avec les standards des « routards », ceux-ci déboursant rapidement 600 € par mois entre transports, hôtels, restaurants et intenses réflexions à la terrasse de cafés.
(tirez la) CHASSE AUX SPONSORS
"- Non, non, n'insistez pas, je n'ai besoin que de 100 000 $, je refuse que vous couvriez mon voyage à vélo de millions d'Euros, vulgaire mécène intéressé et cupide !" (phrase d'introduction de mon prochain roman policier best seller : "le cyclo-voyageur qui refusait les sponsors qui voulaient blanchir leur sale argent").
Vous avez frappé à la mauvaise porte, je n'y connais strictement rien (cela dit, j'adore parler de ce que je ne connais pas, ça permet d’avoir un avis plus tranché). Je croyais que vous faisiez une promenade à vélo, vous voilà embarqué dans une course ! Celle aux distributeurs de sous. Pour moi, un voyage à vélo est un voyage en liberté, pas besoin de traîner un boulet à satisfaire des mécènes. C'est votre voyage, ou bien ceux des sponsors ? Si vous avez une bourse réduite, il est fort possible de rouler un an pour 10 à 15 000 FF tout compris. Je dis bien "tout compris", car vous tomberez toujours sur de petits malins, pressés de montrer que eux sont des démerdards au-dessus du vulgaire, qui vous diront qu'ils ont vécu avec 10 FF par jour. Ils oublient juste les "faux-frais" : les avions, les courriers, les réparations, les paquets expédiés de France par la famille (le premier sponsor des cyclo-voyageurs), etc...Donc, mon chiffre minimum s'entend : voyage ascétique, sans avion. Pour ma part, je compte souvent 300 € minimum par mois en moyenne (y compris les changements de matériel, les réparations, les avions, les photos et leur développement, etc., tout vous dis-je, départ France retour France). Ça peut monter à 3 000 FF et bien sûr au-delà si vous voulez un peu plus de confort (hôtels fréquents, etc.), si vous prenez un vol long courrier, si vous faites beaucoup de photos...Bref, un voyage de deux ans peut ne vous coûter « que » 8 000 € (achat du matériel vélo-camping non compris), voire 4 000 € en version « ascétique » - après, il faut tenir moralement cet « ascétisme ». J’ai croisé quelques exemplaires de cette dernière catégorie : chapeau ! Exemple : Daniel François, un pote.
Mais si vous courez aux sponsors, afin d'être crédible, vous aurez besoin d'un budget dont la partie auto-financement devra être bien supérieure à ces minima (au moins 15 000 €). Conclusion : un sponsor ne vous permettra pas réellement de réaliser votre voyage, si de toute manière vous êtes suffisamment motivé pour le faire. Autrement dit : si vous n'avez pas au moins 2 500 € en poche pour un an de voyage, ne pas trop compter faire quoi que se soit, avec ou sans sponsor. Si c'est du sponsoring type "Conseil Général" ou quotidien du coin, ça pourra vous aider à mettre le pied à l'étrier au retour (conférences, livre, etc.), donc dans l'optique d'un prolongement de votre voyage. Ça devient une grosse opération, il faut vraiment que ça vous plaise de vous lancer là-dedans. Le projet devient quelque chose à chemin entre le voyage à vélo et une entreprise médiatique, le voyage ne finissant à devenir qu'un moyen de vous faire connaître (et à tout prendre, ce n'est pas le plus mauvais), à vous de voir ce qui vous tente.
Dans le cas des voyages à vélo, ne rêvez pas : ce genre de projet, long sur le temps, sans aspect vraiment spectaculaire (depuis Marco Polo, on n'a rien inventé de bien nouveau), n'intéresse nullement les "poids lourds" du sponsoring, les trucs qui rapportent des dizaines de milliers d’€. Ce que vous pouvez espérer, sans trop galérer, c'est de démarcher les équipementiers (matériel vélo, camping, vêtements) : ils acceptent assez souvent, pour peu que votre projet semble un tantinet sérieux, et demandent rarement quelque chose de tangible en retour (ce qui ne veut pas dire qu’il faut les lâcher en cours de route !). Ces petits cadeaux, ça soigne leur image de marque, ça aide aussi à propager leur réputation par le bouche à oreille, et ils ont tout de même des nouvelles de la tenue de leurs équipements (la majorité des bénéficiaires jouant le jeu), qui peut les aider à les améliorer. Taper au-dessus de cette catégorie, c'est à mon sens perdre son temps et son énergie, sauf si vous avez déjà des relais, on dira alors qu’il s’agit quasiment d’un sponsoring de complaisance. Je pense qu'il vaut encore mieux partir avec un vélo à 1 500 ou 2 000 balles (que vous aurez à faire réparer plus souvent en route, pour pas cher - l'occasion de vous arrêter et de discuter avec des passionnés de mécanique vélo), sans sponsor, que partir avec un vélo à 15 000 balles, avec un sponsor qui vous aura filé 5 000 balles, et que vous en serez de 10 000 balles de votre poche, sans garantie que le vélo ne sera pas écrasé sous la chute un énorme arbre (ce qui m'est arrivé !).
Bien sûr, il y a aussi le voyage « utile » : qui, désormais, roule juste pour lui-même, égoïstement ? Non, il faut à tout prix que le voyage soit en relation avec l’école de Triffouillis-les-Oies, fasse le tour des ONG du coin, participe à une action caritative : nobles causes en soi, qu’il serait malséant de critiquer. Seulement voilà : si les pionniers du genre passaient assez bien, de part la nouveauté du sujet et sa probable sincérité, au quinzième projet marchant sur des brisées désormais bien tracées, on a comme un doute, et l’on se demande si le projet de lien, solidarité etc. n’est pas mis en avant comme formule de financement, ou à tout le moins de « visibilité », disons de se faire connaître (…pour mieux se faire financer). Une forme « d’auto-sponsorisation » en quelque sorte, parfois intelligente (et puis il en existe toujours de sincères dans le lot), souvent un peu grossière, et dont on finit par se lasser. Pour ma part, je prône ouvertement et sans complexe le « voyage inutile », le voyage profondément égoïste, le voyage sans but supérieur autre que celui de se défouler sa tête à soi dans un bête exercice physique répétitif. Ce qui n’empêche nullement, bien au contraire, de participer ou militer dans des organisations de défense des droits humains ou des droits tout court, citons notamment : Amnesty International, ATTAC, ou de développement durable, citons le CCFD. (Bien entendu, ces associations me sponsorisent pour que je cite leur nom, qu’est-ce que vous croyez ?).
On pourra mettre tout ce qu’on voudra dans un voyage, à vélo ou autre, on voyage avant tout pour soi. Même si certains voyageurs ont su donner un intérêt particulier et intelligent à leur voyage (LA PLANETE FEMME A BICYCLETTE, ou encore A LA RENCONTRE DES MUSIQUES TRADITIONNELLES, pour n’en citer que deux – les seuls qui m’ont versé un gros cachet), le récit les photos, dessins, sons, vidéos et anecdotes d’un voyage à vélo, désintéressé, me semblent rester le meilleur cadeau « altruiste » à faire à ceux restés bien au chaud à la maison, aussi bien et surtout qu’à ceux des pays traversés, qui se connecteront assez rarement sur les luxueux sites internet ou liront rarement livres ou ne participeront aux conférences à eux dédiés. Disons que je ne suis pas persuadé qu’un voyage personnel, souvent initiatique (voire initiatique de l’entrée dans l’âge adulte) soit le meilleur vecteur pour défendre de nobles idéaux généraux, quelle que soit par ailleurs sa sincérité à l’égard des convictions affichées. A l’inverse, pour que le voyage conserve tout son intérêt initiatique, voire presque philosophique (ouh la la, s’écrieront certains, je ne savais pas qu’on pouvait être philosophe sur une selle ! – qu’ils se rassurent, moi non plus), j’ai tendance désormais à penser qu’il doit s’entourer d’une relative discrétion, à tout le moins lors de sa préparation et lors de son accomplissement. J’avoue ne pas avoir toujours pensé ainsi, mais on a le droit de changer d’avis, même quand on est imbécile !
Si vous voulez avoir une vision plus complète de ce que je pense à propos de la récup’, voir cette page. Si après ça et malgré tous mes efforts vous avez encore envie de faire un voyage à vélo, c’est que vous avez passé toutes les épreuves, vous êtes fin prêt !
Qu'importe !
A PROPOS DE LA NOTION DE CONFORT EN VOYAGE…ET DU POIDS
Vous préparez le départ de votre prochain voyage à vélo. Sélection rigoureuse : non, ça, 215 grammes, c’est trop, je le retire, 63 grammes de gagnés. Bref, la technique habituelle pour voyager léger, chose importante à vélo. Et pourtant…J’ai entendu dire que certains partaient sans réchaud, sans même toute la batterie de cuisine qui fait le charme du camping. Super plan, valable pour un court voyage, pas forcément un bon calcul pour un long voyage : faire sa cuisine (même basique) est l’un des plaisirs du cyclo-camping. Si l’on ne cuisine pas, cela signifie qu’on s’en remet soit à de la nourriture froide, pas spécialement gage d’équilibre nutritionnel, soit aux gargottes locales, dont la nourriture, outre d’être rarement équilibrée, est au choix (ou tout cela) grasse, pimentée ou à moitié avariée. Dans les deux cas, ce que vous avez gagné en poids, à la longue vous risquez de le perdre en contre-performance physique. Et puis, à vous affaler à la prochaine « terrasse » de café vous enfiler un coca tiède, vous loupez cet instant magique du thé que vous vous concoctez le long de la piste, parmi les libellules, les cigales et les moustiques.
Il ne faut pas juger son équipement sur le strict plan du poids. Cela fait plus de vingt ans que je pratique le cyclo-camping, et je n’ai jamais pu me départir de la sale manie de voyager lourd. J’aime bien mon confort : le confort de manger un peu (un tout petit peu…) varié (au moins quelque chose de chaud le soir voire à midi, un thé l’après-midi, bref les petits plus qui maintiennent le moral), ce qui me conduit d’avoir dans mes sacoches des boites et sachets entamés d’un peu tout, au lieu d’ingurgiter le même produit toute la journée. J’aime surtout m’encombrer de tout un tas de gadgets, dont l’indispensabilité ne sautera pas aux yeux de tout un chacun, mais qui sans doute me rappellent le confort de la maison, le genre de truc dont on peut justement avoir besoin pour tenir loin de chez soi.
Ces derniers voyages, j’ai ainsi embarqué un « discman », des stocks de piles alcaline (rares sur le plateau tibétain) et une boite de 36 cd, pour un poids total de 1.5 kg (depuis, j’ai troqué contre un baladeur numérique et des clés MP3). Un plus, qui remplace la radio qui me permettait de capter Radio France International et ses émissions en boucle. Car le moral en voyage est au moins aussi important que le physique, surtout dans un voyage à vélo. Disons que ça conditionne la moitié de sa réussite. Vous l’avez remarqué : même des pas costauds arrivent à faire des choses apparemment insensées autour du monde à vélo, comme quoi les muscles sont loin de faire tout.
Par contre, en voyage, on est loin de son confort habituel, et jour après jour, cela peut, c’est le cas de le dire, peser : après plusieurs journées de mauvaise piste, de mauvais temps, de mousson, après une succession d’incidents mécaniques…Autant dire que sa propre notion de confort en voyage (qui diffère évidemment d’un individu à l’autre) est primordiale. A quoi bon voyager léger en se privant de tout, si c’est pour craquer moralement au bout de quelques semaines ou quelques mois ? Vous trouvez que vous avez trop d’affaires dans les sacoches ? De toutes manières, on a toujours trop de choses. Dans l’absolu, rien n’est indispensable, vous pouvez même partir sans pompe : si vous crevez, vous faites du stop ou bien vous poussez le vélo jusqu’à la prochaine ville. Pourquoi donc vous encombrer d’une pompe ? Et d’un vélo ?
Lors d’un voyage en Norvège, il m’est arrivé de rouler 40 km sans me rendre compte qu’à l’arrêt déjeuner une lourde (7 ou 8 kg) sacoche arrière s’était décrochée ! Et je ne suis pas persuadé d’avoir avancé plus vite pour autant. Certes, cet « allègement » aurait fini par jouer jour après jour, soit sur l’état de fatigue, soit sur le kilométrage. Mais vous croyez vraiment que les 500 gr sur lesquels vous chipotez en préparant votre voyage vont changer radicalement celui-ci ? Il est de toutes façons rare qu’on roule à la limite de nos possibilités physiques, laissons cela aux pro de l’EPO. Le voyage réserve tellement de surprises (attentes de visa, rencontres intéressantes) qui fait que vous roulerez moins que prévu, ou vous vous arrêterez plus longtemps que pensé dans les villes, donc vous rechargerez vos accus physiques. Ajoutons que vous pouvez voyager léger, et vous trouver assommé par une chaleur extrême, ou tomber malade d’une mauvaise bouffe ingurgitée (j’ai croisé pas mal de cyclos incommodés par la bouffe locale), etc. A la sortie, bénéfice zéro.
Certes, entre avoir 25 kg (les « normaux ») et 35 kg (les « dingos » de mon genre, qui sont tellement imbéciles qu’ils ne savent pas s’alléger), vous pouvez dire qu’au lieu de faire 1500 ou 2000 km par mois, vous n’en ferez que 1200 ou 1600, par exemple. Et puis, dans la montée des cols, il faut arracher un peu plus, et mettre une heure ou deux de plus. Et alors ? Vous vous entraînez pour une « Marmotte » ou un Genêve-Nice ? Votre épreuve, ce n’est pas de la résistance, c’est de l’endurance. Et surtout de l’endurance morale. A vous d’arriver à sentir votre besoin de confort en voyage. Pour certains, dormir dans le fossé sous la pluie, bouffer des sandwiches à longueur de journée et durant des mois, c’est OK. D’autres ont besoin du lit de camp, de la cocote-minute, d’autres de 2 paires de chaussures, d’autres de cd…Les premiers toisent les autres de façon narquoise, mais après tout, chacun fait ses choix d’après ses propres critères. On n’est pas dans une épreuve de survie à la Mc Gyver « débrouillez-vous dans la jungle hostile avec juste votre couteau suisse », que je sache. Donc, laissez les premiers rigoler quand ils vous voient par exemple avec votre lit de camp, si vous ça vous plait (cela dit, personnellement, je rigole de vous voir avec votre lit de camp. On n’a pas idée. Vous feriez mieux d’embarquer 150 cd et un stock pour 20 jours de piles alcalines…).
Bref, s’il faut effectivement essayer de limiter le poids (au-delà de 40 kg de bagages, c’est carrément la galère, sauf pour les costauds), il faut à mon sens ne pas faire une fixation là-dessus. Votre carcasse sera toujours assez forte pour faire avancer tout ça, vous ferez un peu moins de kilomètres, et tant pis s’il reste quelques affaires dont vous ne vous serez pas servi ce voyage : le voyage suivant, elles vous manqueront aussi bien, j’en ai fait l’expérience. J’ajouterai que, ayant généralement 35 kg, je peux quasiment affirmer que tout me sert à un moment ou à un autre, j’ai notamment toujours une sécurité alimentaire de plusieurs jours (un reliquat de mes traversées de montagnes US sur piste, où je ne voyais pas d’épicerie des journées entières). Rappelez-vous que c'est le vélo qui est à plaindre, c'est lui qui porte tout ! Vous, vous vous contentez d'appuyer sur les pédales, histoire de participer.
A chacun d’établir son équilibre personnel entre son besoin de confort sur la route et le poids à emporter. Au pire, il sera toujours temps de réexpédier en France un paquet poste du surplus (quoique les colis deviennent chers, même par voie maritime), tandis qu’il y a certaines affaires pour lesquels vous ne trouverez pas l’équivalent, au moins en qualité, en chemin.
Voir ma check-list, juste comme ça histoire de causer.
Outillage et pédalage sont les deux mamelles du voyage avec bagages
Au fil du temps, je me suis limité. Ne sont utiles, à mon avis, que :
- 2 tournevis (dont un cruciforme), qui me servent aussi de démonte-pneus (des cuillères à soupe peuvent faire l'affaire, mais peuvent se tordre si le pneu est rebelle ; à défaut, 1 tournevis et 1 cuillère à soupe, une noix de beurre, sel poivre, chauffez le tout à feu doux - qu'est-ce que je raconte ?).
- jeu de 3 clés Allen, depuis que les vélos ont l'essentiel de leur visserie ainsi.
- 1 clé à molette, pour desserrer les écrous de toutes tailles (s'il reste de la visserie non Allen)
- dérive-chaîne.
- clé à rayons (le tournevis peut suffire, mais oblige à opérer en retirant à chaque fois le pneu, la chambre à air et le fond de jante).
- pince coupante (pour serrer et couper les cables changés).
- nécessaire de crevaison (colle, pièces).
- huile : je recommande les burettes vendues par…Carrefour ! Le bec verseur est à part, ce qui permet d’avoir toujours la burette vissée bien bouchée, sans risque qu’il s’en verse dans les sacoches, ainsi qu’il est bien connu chez les cyclos.
- pompe : avoir toujours les adaptateurs pour valves Shrader (les larges) et Presta (les étroites). En fait, dans de nombreux pays, on ne trouve ni les unes, ni les autres, mais des valves indiennes avec à l'intérieur du système une sorte de capuchon caoutchouc, qui est surtout efficace pour dégonfler d'un seul coup la chambre à air ! Si l'on roule longtemps avec une chambre de ce type, avoir en réserve un de ces caoutchoucs cylindriques (on en trouve généralement dans les boites de pièces de réparation, et on se demande toujours à quoi ça sert). Disposer plutôt d'une pompe à raccord direct bi-valve : les raccords des pompes ordinaires ne permettent pas toujours de gonfler des chambres à valve indienne, tandis qu'un raccord direct "valve Presta" arrive à s'adapter.
- si long voyage, extracteur de manivelle et démonte roue-libre ou clé à cassette, graisse (dans une petite boîte pour bobine photo).
- lacets et ficelles divers, scotch épais gris ("US"), eh oui pour réparer un porte-bagage cassé avant de le faire ressouder. Notons que dans pas mal de pays, ils sont si peu habitués à jeter leur Rolls Royce dès que le cendrier est plein (nous, pays développés, nous devons d'éduquer en ce sens ces populations primitives encore imprégnées de leur moeurs répugnantes de tout récupérer), qu'ils en deviennent des as de la soudure pour faire durer tous les objets métalliques. Vous n'aurez donc aucune peine à faire ressouder votre vélo - on arrive même à faire faire des soudures à l'aluminium. Mais suivez la manoeuvre de près, car vos vélos sont bien trop sophistiqués par rapport aux robustes vélos de marché qu'ils ont l'habitude de voir, ils iraient aussi bien ressouder directement le porte-bagages sur le cadre.
Sauf oubli, tout le reste est inutile : on emporterait des pièces qui ne serviraient pas du voyage, alors qu’on oublierait une pièce qui va casser. Exemple : à Hong Kong, j’ai acheté par prévoyance deux systèmes de blocage rapide. En fait, c’est la jante elle-même qui a failli ne pas tenir jusqu’à Kathmandu ! Devais-je alors embarquer une jante alu de rechange ?
* En pièces de rechange, j'embarque normalement 2 chambres à air (1 peut souvent suffire), 2 câbles frein AR (qui dépannent pour l'avant), 2 câbles AR (idem), quelques rayons (bien vérifier, les rayons ne sont pas toujours de même taille sur les deux roues), 1 pneu quand je pense que l'un s'usera avant la prochaine ville. Pas nécessairement un pneu pliant : le problème, sur un vélo, ce n'est pas vraiment l'espace, mais le poids. Selon la longueur du voyage et l'état des patins de frein, j'en embarque aussi. Ne pas oublier qu'on trouvera sur place des modèles différents, voire des freins à tige qui agissent directement sur la jante.
Petite combine : en voyage, et le freinage "aidant", le poids est traître pour les pneus. Ceux-ci s'usent plus vite sur le flanc que sur la bande de roulement, ce qui fait que la majorité de nos pneus occidentaux, fort chers, sont moins bien adaptés que certains pneus locaux, lourds et économiques (15 ou 20 FF), mais aux flancs souvent plus costauds. Sauf à trouver des pneus "Shwalbe Marathon", unanimement recommandés par de nombreux cyclo-voyageurs (ils tiendraient 10 000 km, voire plus), on peut renforcer les flancs en ajoutant, de chaque côté, des flancs découpés d'anciens pneus. Cela suppose d'avoir des jantes assez larges, et ça ne facilite ni le démontage, ni le remontage du pneu, mais on prend vite le coup. Et un pneu normal peut ainsi tenir 2000 km de mieux (c'est-à-dire jusqu'à l'usure de la bande de roulement).
Si vous avez deux pneus usés mais de taille différente (un 26x2.125 et un 26x1.95 par exemple), aucun moyen de dépannage, et des jantes larges, vous pouvez essayer de mettre un pneu dans l'autre : c'est lourd, assez difficile à monter et très difficile à démonter, mais ça devient presque inusable (deux pneus de piètre qualité m'ont ainsi fait 10 000 km à l'arrière, alors que chacun ne m'aurait fait que 2500 à 3000 km), et bien sûr increvable. Avec la stupide mode des jantes étroites d'aujourd'hui, cette combine est presque périmée...
Vous aurez remarqué que je ne parle même pas des vélos : c’est qu’en fait, on peut partir sur à peu près n’importe quel engin possédant deux roues (ou trois ou plus), un guidon et des pédales. Certains, jouant la sécurité, mettront 2 ou 3 000 euros dans l’achat d’un engin particulièrement adapté. Je n’ai pas failli à la tradition, en me payant un « Rando Cycles » à 8 000 FF à l’époque (1989). Vélo sur lequel, 4 mois plus tard, un arbre immense s’est abattu, le pliant totalement ! Et j’ai roulé les deux années suivantes (47 000 km) par monts et par pistes (15 000 km) avec un ersatz pourri, qui s’est même plié lors d’un choc avec une voiture, un cadre qui ne devait guère dépasser les 400 FF…
Depuis, je roule souvent avec des vélos à 300 ou 400 euros, et ils tiennent. Certes, j’ai un peu plus de problèmes techniques que des vélos spécialement conçus, mais comme je suis nul en mécanique (et que ça me débecte au plus haut point, ne serait-ce que de changer une paire de patins de frein), vous pouvez en conclure que ce n’est pas si mal. Daniel François, suite à un accident aux USA, a roulé deux ans avec un vélo payé env. 150 $ (si mes souvenirs sont bons). Dans la série « on a testé pour vous », j’ai même (en plusieurs voyages toutefois) fait 11 000 km avec un vélo d’hypermarché à 550 FF, chargé et avec pas mal de piste ! (type de vélo à déconseiller, le freinage est vraiment aléatoire). Sur la base que sur un vélo, tout peut être changé comme on peut successivement changer la lame puis le manche d’un couteau, et rien de tel pour vous apprendre la mécanique, eh bien partez avec le vélo que vous voulez !
Conseil minimal toutefois : certes, le poids est un facteur important (quoique…je vous renvoie à la rubrique du poids en voyage), mais il faut limiter la sophistication, et privilégier la robustesse : un vélo de course archi-léger, aux gadgets dont vous avez peu de chances de trouver des éléments de rechange au fin fond de la brousse, n’est guère adapté. Le robuste VTT aux pièces interchangeables est l’idéal. Et se méfier de la maudite généralisation actuelle d’indexation sophistiquées introuvables ailleurs que dans les pays développés. Les fourches téléscopiques, un casse-tête quand on veut poser un porte-bagages avant, rien ne vaut les bonnes vieilles fourches, le poids des bagages se chargeant de l’amorti ! Simple, robuste, pas trop cher mais pas trop lourd, pas trop moderne, vous devriez généralement trouver dans les 500-700 euros, tapez dans les promos de fin de série. Cela dit, un vélo sur mesures prévu pour le grand voyage est le bienvenu pour ceux qui en ont les moyens, surtout pour son aspect sécurisant.
Cuisiner la tente n'est pas la meilleure façon de dormir au chaud
Pourquoi une tente, pourquoi cuisiner ? En effet, dans certains cas, on peut se passer de l'un et de l'autre. Soit qu'on voyage sur un grand pied sans contrainte financière, soit que les coûts d'hébergement et de restauration soient si économiques que camper et cuisiner ne valent plus le coup. Cela suppose aussi et surtout de ne pas trop sortir des sentiers battus. Dès qu'on sort un peu des axes principaux, l'hébergement et la restauration ne sont pas toujours aussi disponibles, et l'autonomie peut redevenir indispensable. Dans mon cas, il s'agit en plus d'un choix délibéré : j'aime savoir que je pourrai choisir librement où camper le soir, même sans disposer de fan (ventilateur), faisant confiance aux étoiles pour me ventiler (attention, c'était ma seconde de "polésie"), tout comme j'aime me concocter un thé au bord de la route, sans être affalé sur une "terrasse" (une chaise dépaillée près d'une table mitée, dans un relais routier foireux). Je suis sauvage et j'aime ça. Seule une cyclothérapie poussée peut encore sauver des cas comme ça.
COUCHAGE
Rien ne sert d'avoir un équipement hyper ultra performant (surtout côté étiquette des prix), si vous vous êtes laissés prendre par les intempéries, et vous retrouvez à claquer des dents au fond de la guitoune (voir chapitre Intempéries). Donc, foin des tentes "camp de base", vive les tentes de base ! J'utilise très généralement une simple "tente-abri", toile dôme de nylon sans double-toît, un peu étroit pour tenir 2 personnes sans sacoches (ça loge quand même), mais parfait pour une personne. Acheté en hypermarché à moins de 100 FF, l'avantage sans conteste est la légèreté. J'ai même trouvé un modèle à simple arceau, encore plus léger (1.3 kg), mais qui ne me dépanne pas bien pour camper sur du dur (sol en ciment, etc...), puisqu'il faut planter les piquets pour que l'ensemble tienne.
Ce type de tente ne tient pas longtemps l'eau. Pour tenir une bonne pluie, il faut rajouter des plastiques, ou une couverture de survie, pour limiter l'entrée de l'eau. Pour ne pas trop avoir de "rosée" à l'intérieur au matin, il faut camper sous un arbre feuillu. On peut aussi simplement bivouaquer (dormir sans tente). Je ne suis pas « chaud » pour ce genre de nuitées romantiques : une tente coupe du vent, maintient une certaine chaleur animale dans l'enceinte de la tente, permet d'allumer le camping gaz à l'abri du vent (dangereux, mais j'aime vivre dangereusement), protège de la rosée (sauf à bivouaquer sous un arbre feuillu) et surtout permet de ne pas être dérangé par les insectes. Cela dit, dans de bonnes conditions, c'est encore plus chouette que de camper, à contempler les étoiles depuis le duvet.
Pour les pays tropicaux, j'embarque une tente assez légère avec tente intérieure moustiquaire. Cela dit, même camper sous une moustiquaire en pleine nature, il fait encore trop chaud ! Mais c'est mieux que de suer à grandes eaux dans un abri nylon. La moustiquaire ne protège pas que des moustiques, mais aussi des fourmis et autres insectes rampants, très nombreux dans les pays tropicaux.
Idem côté duvet : un simple duvet d'hypermarché à 300 FF fait l'affaire, sauf qu'il résiste moins longtemps à l'usage. Sur l'altiplano, j'ai campé durant plus de deux mois avec des nuits à -15°, avec un simple duvet à 300 FF et un sursac ou une couverture de survie par dessus. Il faisait tellement chaud que je dormais non habillé - mais je gardais les vêtements au chaud dans le duvet, pour ne pas enfiler des vêtements gelés au petit matin. L'autre prudence était alors d'avoir une bouteille d'eau sous mon oreiller, afin de disposer pour le café matinal d'eau non gélée...Et au Tibet, je gardais de même certaines nuits le bidon à essence sous l'oreiller, afin de pouvoir faire chauffer commodément mon café matinal.
Matelas : je ne jure plus que par la mousse, environ 150 gr, pas cher et coupant bien du froid et de l'humidité du sol. N'ayant pas encore de rhumatismes, je ne suis pas encore convaincu par les matelas auto-gonflants, qui sont un supplément de poids pour un confort certes meilleur, mais que je ne ressens pas comme indispensable.
Couverture de survie : une grande feuille plastique peut aussi bien faire l'affaire ! Mais vu le poids (et le prix !), c'est un article que j'estime très utile : utile pour les grands froids, avec l'inconvénient de créer de la condensation entre la "couverture" et le duvet. Celle-ci ne doit pas être si importante, car sur l'altiplano, je l'utilisais en alternance avec le sursac (qui créé une condensation identique), toutes les nuits, sans jamais faire sécher le duvet dans la journée : le duvet n'a jamais gardé l'humidité. Autre avantage de la couverture de survie : peut couvrir la tente si grosses pluies, ou servir de protection pour le tapis de sol.
CUISINE
"Evidemment" le réchaud gaz butane, le camping-gaz quoi. Sauf qu'on ne trouve des recharges à coup sûr que dans les pays riches (Europe de l'Ouest, Amérique du Nord, Australie-Nouvelle Zélande), sur le pourtour méditerranéen, une partie de l'Amérique Latine. Ailleurs, c'est au coup par coup, dans des zones très fréquentés par les randonneurs Occidentaux. Sinon, c'est le réchaud à essence ou multi-combustible qui s'impose. Pour ma part, pas très doué de mes petites menottes, j'ai mis du temps à prendre le coup : il ne faut pas hésiter à bien préchauffer, sans quoi on n'arrive jamais à obtenir le point de chauffe suffisant pour obtenir la flamme bleue recherchée. L'autre problème, ce sont les incessantes obturations. Pire : on croit avoir débouché, ça se rebouche aussitôt ! Puis le coup d'après, ça marche parfaitement, sans qu'on sache pourquoi. J'ai l'impression que tous les utilisateurs de réchauds à essence ont fait cette expérience. D'où l'intérêt d'un réchaud qui se démonte facilement, pour être débouché rapidement. J'ai pour ma part un SIGG, qui de ce côté-là m'a donné entière satisfaction (des possesseurs de MSR me l'ont jalousé !). Acheté en 95 au Vieux Campeur, le proposent-ils encore seulement ?
SACOCHES
Pour ma part, j’ai souvent voyagé avec des sacoches de supermarché à 200 FF la paire (33 balleuros), qui pour le prix me donnent satisfaction - à part qu'au bout de 15 mois cumulés d'utilisation, elles sont bientôt bonnes à jeter. Mais le nec plus ultra, c'est bien sûr les sacoches allemandes ORTLIEB, procurable directement chez SACKUNDPACK. Chères, mais, en gamme correcte, la meilleure affaire. Le site est en allemand, et certains liens internes inopérants : chercher "Fahrradzubehör" (ou tout truc commençant par Fahrrad = vélo), et soit Vorderradtaschen (sacoches avant), soit Hinterradtaschen (sacoches arrière), soit Lenkerradtaschen (sacoches guidon).
OÙ DORMIR ?
Quand pign-on fatigué, oeil de vraicon aller sous tipi, hugh !
Quand on reste sur les axes principaux, camper est rarement une obligation : en calculant bien ses étapes, on parvient dans pas mal de cas à dormir dans un hôtel tous les soirs. C'est un peu moins vrai si l'on s'égare sur les axes secondaires, sur les pistes, comme au Tibet par exemple. Et puis, il est tellement plus sympa de se dénicher un endroit peinard pour dormir en pleine nature, plutôt que de payer pour disposer d'un endroit clos et souvent sale dans un milieu bruyant en plein milieu d'une ville... Souvent, ce sont les hôteliers qui devraient payer pour qu'on vienne passer une nuit d'insomnie chez eux ! Pour les autres combines (casernes de pompiers, écoles, etc..., je renvoie au manuel du voyage à vélo).
On parlera ici essentiellement du camping dit "sauvage", autrement dit le camping libre. En effet, les campings sont assez rares en dehors des pays développés, et quand ils existent, ils ne sont pas toujours une alternative intéressante par rapport à l'hôtellerie, tant en terme de coûts que de sécurité.
CAMPINGS OFFICIELS
Mes indications sont liés à des souvenirs de 15 ans et plus, puisque je n'ai pratiquement jamais planté ma tente dans un camping officiel depuis ! Pour l'Europe, pas trop de problèmes - quoique, évidemment, les campings sont plutôt situés dans les zones touristiques, et ceci est particulièrement sensible en Italie et en Espagne, où les campings se concentrent sur la côte et quelques montagnes touristiques (Dolomites), et sont assez chers, dans le cas de la côte surtout.
En Turquie, on trouve encore quelques campings, sur le même principe (tout le long de la côte ouest, et jusqu'à Antalya), il sont comparativement moins chers (mais j'y ai campé hors-saison). On peut négocier pour une dizaine de FF par nuitée pour une personne, sauf ceux des villes qui ont souvent des prix comparables aux standards européens : Antalya, et surtout Istanbul, aux campings situés près de grands axes bruyants, où il faut désormais débourser plus de 50 FF. En Syrie, il y en aurait bien un à la sortie sud de la ville, mais il m'avait l'air délabré (peut-être fermé ?)...Dans le Sinaï, il vaut mieux dormir sous une paillotte : c'est moins cher, et intimité un peu mieux préservé.
Amérique du Nord : deux types de campings : les commercial campgrounds, tout équipé tout confort, au moins 10/12 $ par personne ; les campings gérés par les administrations fédérales : national parks, national forests, bureau of land of management (BLM), ainsi que par les counties (comtés). Dans les premiers, au confort variable, il faut souvent débourser 5 $, et il est normalement interdit de camper en-dehors de ces sites ; dans les autres, certains sont gratuits (BLM, Counties), d'autres payant sur une base modique (forests), 2 ou 3 $ si ça n'a pas changé. Mais on en a pour son confort : simple site non aménagé, souvent de l'eau juste à la pompe, toilettes "sèches" (pas de chasse d'eau, c'est pas assez écologique !), pas de gardiennage bien sûr. Dans le cas de l'Alaska, on pouvait acheter un forfait pour camper autant de fois qu'on voulait. Il me semble qu'un système équivalent existait au Canada, au moins dans le Yukon, et en Colombie Britannique pour les Parcs Provinciaux.
Le contrôle par les Rangers n'est pas toujours strict, selon la fréquentation du lieu, et ils peuvent fermer les yeux sur un cyclo qui aurait oublié de verser son obole dans le tronc prévu à cet effet. Mais en-êtes vous à 2 $ près ? Dans ce cas, campez sauvage !
Amérique du Sud : je ne me souviens n'avoir vu des installations qu'en Argentine (mais il doit y en avoir aussi au Chili, notamment dans la région des lacs) : somme modique, confort modeste.
Océanie : évidemment, campings officiels en Australie et en Nouvelle Zélande, un peu sur la base du système USA/Canada. Mais on trouve énormément de pic-nic areas, bien équipés (avec parfois des abris), où le camping n'est pas toujours expressément interdit, et celui de cyclo-voyageurs généralement toléré.
CAMPING LIBRE
J'ai dû passer à peu près 1500 nuits en camping libre, dit "sauvage" (pourquoi pas "camping féroce" roarrr, ou "camping asocial" pendant qu'on y est ?). La moindre des choses est de respecter les lois suivantes : si l'on peut connaître le propriétaire du terrain, lui demander la permission (à vrai dire, il est très rare de le rencontrer, sauf à camper devant une ferme) ; mais surtout, quitter le terrain dans le même état qu'on l'a trouvé, excepté l'herbe froissée sous votre tente. Ça va sans dire, ça va mieux en le rappelant. Je citerai un dicton des parcs nationaux US : "ne laissez rien d'autre que vos empreintes de pas, ne prenez rien d'autre que des photos".
L'autre loi, pas indispensable mais bien sécurisante, c'est de camper discret : autant éviter d'être repéré, d'une part par les locaux qui se demanderont bien ce que vous fichez là, si vous êtes un vagabond voleur d'enfants ou de poules, ou bien un espion ou un guérillero ; accessoirement, ça vous évitera d'avoir le village défilant sous votre nez toute la soirée - voire la nuit. Enfin, non négligeable : ne pas être visible de la route, car un éventuel danger peut venir de là (voleur ou... police, armée...). Pour ma part, j'ai campé dans des pays alors en guerre, tels que Pérou, Salvador, Guatemala, Serbie, sans compter le nord d’Israël et ses dynamitages et pilonnages nocturnes. A noter qu'au Salvador, à mon réveil, je me suis retrouvé sous le feu croisé de l'armée et de la guérilla, qui avait fait sauter les pylônes tout autour de moi durant la nuit ! Et au Guatemala, des paysans qui m'avaient repéré m'ont "déménagé", craignant probablement d'avoir des problèmes avec l'armée ou la guérilla... ou les deux. Mais à part ces deux incidents, je n'ai jamais été inquiété.
Camper discret, c'est choisir un lieu discret. C'est aussi éviter de se faire repérer dans la nuit. Il n'y a rien de plus visible qu'un faisceau de lampe de poche ou une lumière de bougie vacillante dans le noir, surtout dans des pays où l'éclairage à la nuit tombée est rare. Il m'est arrivé de couvrir ma toile de tente d'un plastique noir opaque, style sac poubelle. Sinon, la plupart du temps, je me couche avec les poules (si je suis non loin de zones habitées), ou bien je m'assure que je suis le moins visible possible (au fond d'une forêt, derrière un gros rocher, etc...
C'est pourquoi mon coin de prédilection, ce n'est pas un bord de rivière, souvent dégagé (et bonjour la fraîcheur humide de fin de nuit), mais la forêt, ou au moins un bosquet, une rangée d'arbres, un paquet de buissons, etc..., ou à défaut une butte de terre, un mur, un creux quelconque. Ou encore, parfois, sous un pont, s'il y a de la place pour camper. Mais gare aux fortes pluies : en Nouvelle Zélande, j'ai failli devoir déménager en pleine nuit !
Enfin, il y a le camping sans camper : dormir sous un abri, sans devoir planter la tente. Exclu dans un pays infesté de moustiques (Alaska, pays tropicaux lors de la mousson). Ce peut être une maison abandonnée ou en construction, une grange (mais ces dernières sont cadenassées dans tous les pays du monde ! Ils se sont donnés le mot). Ce peut être un abribus, ce qui est moins discret par rapport à la route, et assure d'être réveillé dès 7h00 par les ouvriers et les scolaires !
Il existe d'autres possibilités plus exotiques : les cimetières, qui offrent l'avantage souvent d'avoir un robinet (les fleurs, ça s'arrose), et de ne pas être le genre de coin où vous verrez grand monde circuler (vous prendrez bien un petit ver ?), en dehors des week ends. Mais en dehors de l'Europe, il est rare que les cimetières aient de hauts murs qui vous cachent du monde extérieur, sans compter que ce peut être considéré carrément comme un blasphème - chez nous, tout au plus comme une impolitesse de plus de ces punks de cyclochards.
Au sortir d'une ville, en fin de journée, comment savoir si l'on pourra trouver un endroit où camper ? Le plus gros problème est si vous abordez une route de montagne : car il peut arriver que le tracé soit en corniche, avec impossibilité de planter la tente où que ce soit. Je me suis retrouvé à camper, en Bolivie, dans un virage d'une piste réputée très dangereuse (la piste de La Paz à Coroico, vers les Yungas), et le fait est que des camions ont rasé la toile de tente dans la nuit ! Mais il n'y avait aucune autre possibilité. Par contre, il est souvent possible, au pire, de camper autour du col. Ce n'est pas l'idéal, car c'est généralement venté. Donc, il faut jauger : dès que vous voyez la route s'élancer en corniche, voyez si vous pouvez rouler au moins jusqu'au col, sinon essayez de camper avant la montée.
L'autre problème est : vous traversez une immense plaine plate et dégarnie, ou bien une zone perpétuellement peuplée (en Roumanie, les villages sont tellement étendus, à touche-touche le long de la route, que parfois on a un immense village-rue de 35 km !). Rien à faire, il vous faudra camper non discret, ou alors attendre la nuit. Si l'on est prêt à attendre la nuit pour camper, on peut camper presque partout : j'ai même campé en plein Los Angeles, dans Phoenix, dans Buenos Aires, dans Sydney, et près de certains aéroports (Istanbul, Vancouver). La nuit, tous les chats sont gris, et ce serait du diable si quelqu'un vous tombait dessus. Ce qui m'est arrivé à Melbourne, mais j'avais campé tout près d'un hôpital, et des gardiens m'avaient repéré lors d'une ronde. Technique annexe : vous vous arrêtez à un endroit, le temps de manger, vous reposer...et attendez la nuit pour planter à un autre, si possible repéré auparavant sur la route que vous avez parcourue.
Le danger principal, en camping (qu'il soit libre ou officiel) est le vol, notamment celui du vélo. Le risque est du reste plus grand dans un camping officiel, où un larron saura qu'il y a des tentes, que en camping libre, si vous avez su être suffisamment discret. L'idéal est de fixer le vélo, avec l'antivol, à un élément fixe (arbre, poteau, à la rigueur un autre vélo - mais deux vélos, ça peut encore s'embarquer), mais il faut faire en sorte que votre tente soit proche. Un copain, en Roumanie, s'est fait faucher son vélo, qu'il avait pourtant bien fixé au grillage dans le camping. Le must, c'est de faire en sorte qu'on ne puisse prendre le vélo sans bousculer votre tente. S'il n'y a pas d'élément fixe : accrochez l'antivol par exemple à une lanière d'un petit sac à dos, entrez celui-ci sous la tente. Le mieux est même que ce sac à dos (ou autre) soit sous votre oreiller : on ne risque pas de vous piquer le vélo sans vous piquer la tête qui va avec !
Autre petite combine : ayez un plastique bien bruyant, dont vous recouvrerez le vélo ; avantage, si l'on touche à votre vélo, le bruit vous réveillera, ou au moins la crainte du bruit pourra faire lâcher prise au voleur ; inconvénient, s'il y a du vent, vous aurez un concert impromptu...Alors, optez pour la cuillère en équilibre sur le porte-bagages, qui, en chutant, tombe sur la gamelle (bien calculer la trajectoire, la Nasa doit disposer de logiciels corrects pour se faire). Sans blague, je l'ai fait ! Je n'ai jamais su si le bruit serait suffisant pour me tirer du sommeil des morts qu'a le cyclo après une dure journée...
Doit-on rentrer les sacoches ou non ? Longtemps, je ne les ai pas rentrées sous la tente. Il est moins facile de voler un lourd vélo, pensais-je. Sauf qu'un voleur sera souvent plus intéressé par le produit des sacoches, que par le vélo lui-même. Surtout que l'antivol ne ferme pas les sacoches. Désormais, je les rentre systématiquement, histoire de me recréer un petit intérieur intime - il ne manque que le papier peint et la télé. Evidemment, rentrer la ou les sacoches de bouffe sous la tente en Alaska ou Canada relève de l'invitation personnalisée à la colonie d'ours avoisinante, une sorte de campagne ciblée.
A ce sujet, les conseils locaux m'ont toujours fait rigoler : "attachez vos sacs de nourriture à plus de 4 m du sol, sur une branche à 1 m du tronc". Déjà, quand vous voyez les arbres de la région, dont la hauteur dépasse rarement quelques mètres et l'épaisseur du tronc guère 20 cm (donc, les branches...) ; de plus, sauf à avoir travaillé longtemps dans un cirque, vous vous voyez mal aller faire le funambule avec vos sacoches à de telles hauteurs, si par chance vous trouvez un tel arbre - sauf à demander à un ours de vous donner un coup de main. Conclusion : je laissais mes sacoches de victuailles bien en évidence, et surtout loin de la tente ; si les ours passaient par là, au moins ils n'avaient pas à chercher pour se servir, via ma tente par exemple. Et de fait, ce sont les écureuils et autres rongeurs qui se sont à l'occasion servis, les ours étant mieux éduqués. Les ours ne sont pas tous des ours...
A noter : dans mes 1500 nuits de camping libre et 500 nuits de camping officiel, on ne m'a jamais rien volé, même lorsque je n'ai pas été particulièrement prudent (il m'est même arrivé de laisser mon pognon dans une sacoche sur le vélo !). Les seuls dangers furent les insectes (une colonie de fourmis en Colombie, qui m'a bouffé dans la nuit le T shirt laissé dehors à sécher), parfois les animaux (des félins s'étant servi nuitamment dans mes sacoches sur le vélo, au Chili, des sangliers renversant mon vélo, des chevaux faisant la farandole nocturne autour de la tente...).
Un site sur le camping autour des villes : CAMPING ON THE SLY
Un site sur les aéroports (pour y dormir !) : GUIDE TO SLEEPING IN AIRPORTS
INTEMPERIES
Un temps périt, c'est le cycle de la vie
LA PLUIE
Le principe : quoi qu’on fasse, s’il peut peu, ça séchera vite, s’il pleut beaucoup, on finira quand même la fin de journée trempé, sinon par l’eau, du moins par la sueur. J’ai l’impression (jamais testé, mais j’ai souvent posé la question à d’autres cyclos) que les Gore Tex ne servent à rien à vélo : l’effort est trop important pour que la sueur puisse être éliminée au fur et à mesure. On peut être trempé toute la journée, l’important est de pouvoir être au sec le soir.
La seule recette : prendre un poncho, si possible adapté à la conduite cyclo, garder le minimum de vêtements en dessous (pas au point d’attraper un rhume !), garder précieusement l’essentiel de son linge au sec dans les sacoches pour le soir…et les soirs suivants, et surtout sur-protéger le duvet : si le duvet est trempé, bonjour la galère pour dormir dedans. J’ai avec moi toujours 2 ou 3 coupe vent : 1 sous le poncho s’il pleut et qu’il fait frais, et 1 ou 2 que je rajoute pour les descentes. La veste de survet est au sec dans les sacoches, avec un autre T shirt. Je me suis procuré des sacoches Ortlieb, c’est vrai que côté étanchéïté (si on ne les ouvre pas sous la pluie !), c’est sensass. Sachant que ces sacoches ne sont guère plus chères que d’autres marques, autant les acheter. Mais sachant qu’on peut aussi se procurer des sacoches basiques mais satisfaisantes pour 35 euros (difficiles à trouver), on peut donc se passer de sacoches coûteuses si son budget ne le permet pas. Et tant pis pour l’étanchéïté absolue.
En fait, il pleut rarement plus de trois jours, et au bout de trois jours de pluie, on a souvent envie de s’arrêter un peu (a fortiori s'il pleut plus de trois jours !) : l’occasion de sécher les sacoches dans lesquelles l’eau est rentrée – même si le matériel est protégé par une flopée de sacs plastiques de tous calibres. Pour les pieds, il n'y a pas grand chose à faire. Vous pouvez toujours essayer d'emballer les chaussures dans des sachets plastiques, ça protégera pour une pluie ne durant pas plus d'une ou deux heures. Au-delà, la condensation deviendra trop importante, sans compter les fuites. Autant rouler pieds nus avec des sandales, si le thermomètre le permet.
LE FROID
Avoir froid au pied n’est pas un problème (j’ai roulé plus d’un mois sur l’altiplano, avec le froid au pied tous les jours de 6h00 à 11h00 au moins !), avoir froid aux mains est plus gênant. Donc, disposer de bons gants, ou au pire "emballer" les gants dans des sachets plastiques de supermarché, qui maintiendront la chaleur en effet "coupe-vent". Sauf à rouler en plein hiver, une panoplie de coupe-vent suffit bien (j’ai roulé ainsi au Tibet en avril), les gants restent essentiels. A éviter : descendre un col au petit matin. Même si la veille au soir il fait froid, il fera encore plus froid le lendemain matin. La vieille technique des coureurs est relativement valable : après avoir sué dans une montée, on peut glisser un journal sous le T shirt, qui absorbera l'humidité, et fera rampart au froid. Mais alors, c'est dans le dos que vous ressentirez le froid...Inutile de préciser qu'il vaut mieux ne pas monter un col avec un ou des coupe-vent, et qu'il vaut mieux réserver ceux-ci pour les descentes. La montée devra être réalisée avec des vêtements qui respirent (veste de survet...), afin de limiter la production de sueur, donc de froide humidité pour la descente.
LE CHAUD
Pour les vêtements, rien de spécial : T shirt, short (ou cuissard dont j’ai viré l’inutile « peau de chamois », un piège à sueur), veste de survet. A part ne pas commettre l’ânerie de rouler torse-nu (le trou d’ozone, vous connaissez ?), je ne vois pas ce qu'on peut faire de mieux : il me semble qu’une chemise légère, qui peut s’ouvrir, est mieux qu’un T shirt (mais j’ai toujours roulé en T shirt, même en Amérique Centrale ou en Thaïlande). En fait, la chaleur n’est un véritable problème que le soir en se couchant : dormir sous la tente est difficile (on sue à grosses gouttes). Sinon, on trouve sur place des vêtements pas chers et adaptés au climat du pays.
Vous avez deviné : à l'inverse du froid, il vaut mieux rouler un maximum le matin, et essayer de limiter entre 14 et 16 h. Cela dit, rouler en pleine canicule n'est pas si problématique : en roulant, vous provoquez un léger vent qui est plus rafraîchissant que de rester sans rien faire dans un endroit mal abrité. Mais l'air de rien, la chaleur pompe de l'énergie. Bien sûr, une paire de sandales n'est pas un luxe, les pieds respirent.
LE VENT
Rien à faire. L'ennemi numéro un du cycliste, devançant largement la neige, la pluie ou la canicule. A part enguirlander le bon dieu de sa suprême vacherie, juste le jour où il faut mettre les bouchées doubles pour arriver à la ville avant la nuit, je ne vois pas de parade. Si vous êtes en montagne, le principe général est un léger vent froid matinal qui vient des sommets (donc qui descend la vallée), et le reste de la journée un vent chaud de plus en plus fort qui remonte la vallée, en provenance des plaines surchauffées. Donc, si vous avez une longue étape à "descendre" une vallée presque plate (exemple : la longue vallée redescendant du Khunjerab Pass depuis la Chine vers Islamabad), essayez de démarrer vos journées de vélo très tôt, quitte à faire un long arrêt en début d'après-midi, ou bien vous arrêter de rouler vers 14/15 h. Autre avantage : vous roulerez moins par temps chaud.
S'il s'agit d'un vent violent qui n'obéit pas à cette loi de la montagne, vous pouvez toutefois essayer la même technique : partir tôt. Il n'est pas rare, en cas de plusieurs jours de fort vent, que celui-ci se calme au petit matin (fin de nuit), pour reprendre progressivement dans la matinée, parfois de bonne heure. Si vous arrivez à démarrer dès 6 h du matin, vous parviendrez au moins à rouler quelques heures à peu près potables. Dans les déserts, le vent reste imprévisible d'un moment sur l'autre, tant en direction qu'en force, mais a tendance à augmenter au fur et à mesure de l'écoulement de la journée. De manière générale, et quelles que soient leurs causes, les vents sont plus forts dans l'après-midi, et jusqu'au début de la nuit.
Pour rouler par températures extrêmement basses, on peut attendre que le site suivant (avec des liens sur la Sibérie !) soit terminé (allemand pas encore traduit en anglais), ou voir la page d'Andy's Greenland, qui a roulé à vélo au Groënland. Un autre site en anglais, prodiguant quelques conseils pour rouler dans les déserts, les hautes montagnes, les grandes distances, etc...: Tom Schleicher (page large distances - no services).
FORMALITES (visas, frontières...)
"Papiers ? Je sais que votre travail vous fais ch..., mais quand même !"
VISAS
Les choses évoluent très vite en ce domaine : tel pays accorde un visa gratuit à une époque, qui peut aussi bien devenir payant et restrictif (présentation d'un billet de retour, d'une invitation officielle, etc...), et vice-versa. Il convient de bien s'informer quelques mois avant de partir, et se faire confirmer un mois avant. Un piège auquel on ne pense pas, notamment en Asie : certains pays (Inde, Chine...) exigent que le passeport soit encore valide, jusqu'à SIX MOIS après la fin du visa demandé ! Il ne suffit pas de se dire : c'est bon, la validité de mon passeport couvre ma demande de visa...
L'autre piège, c'est la distinction entre la validité du visa et la durée de séjour accordée. Par exemple, la Chine accorde souvent un séjour de 30 jours (il parait qu'ils passent de plus en plus à 60 jours), avec un délai de 90 jours pour s'y rendre. Pour d'autres pays, les 90 jours seront la durée durant laquelle les 30 jours d'entrée seront valables (il faudra être ressorti avant ces 90 jours qui partent dès l'obtention du visa. Il me semble que c'était le cas de l'Egypte). Donc, bien se faire expliquer au consulat des conditions précises, en cas de doute.
Il y a aussi les bizzareries : une fois en Syrie, il est impossible d'obtenir un visa pour le Liban (pays autonome), pour la simple raison que la Syrie estime qu'il s'agit d'un "pays frère", qui n'a donc aucune représentation à Damas ! Il faut le demander avant, au consulat libanais d'Amman ou Ankara. A l'inverse, pour un visa chinois, il est très profitable de passer par une agence spécialisée de Hong Kong, qui en 3 jours délivre sans difficulté un visa valable 90 jours pour 117 FF, quand il est difficile (ou impossible) d'obtenir le même dans un consulat chinois, même à la représentation à Hong Kong ! Et puis, certains pays demandent qu'une fois entré, les étrangers se fassent enregistrer (parfois, seulement si le séjour est supérieur à une ou deux semaines) : notamment Syrie, Pakistan, les "Stans". Cet enregistrement est parfois tombé en désuétude, mais par prudence mieux vaut le faire, c'est normalement gratuit - mais bouffeur de temps.
L'autre variable, c'est la théorie et la pratique : certains pays exigent théoriquement des conditions, mais celles-ci ne sont pas obligatoirement vérifiées lors de la demande. Exemple : le consulat chinois d'Islamabad signale sur ses affiches qu'il faut présenter un billet de sortie du pays (avion, bus...), ce qui ne nous arrange guère quand on voyage à vélo. Cette condition est fréquente, notamment en Amérique Centrale. En fait, à ce consulat, on ne m'a rien demandé. Très généralement, il suffit de présenter des travellers chèques, une carte de crédit internationale, pour les rassurer qu'on a des moyens de subsistance, et qu'on va quitter le pays sans problème. Si l'on a un press-book avec une représentation de son voyage et une carte de son itinéraire (montrant qu'on ne veut que traverser le pays), cela peut aider dans les cas les plus difficiles.
Dernière variable : la loi de la proximité. Un visa est parfois difficile et cher à obtenir en France, il peut devenir moins cher et/ou plus facile à obtenir au consulat proche de la frontière. A une époque, le visa mexicain coûtait 200 FF à Paris, il fallait présenter un billet d'avion de retour, et bien sûr il fallait attendre au moins 3/4 jours, même en habitant à Paris ; à Guatemala Ciudad, pour une centaine de FF et aucune contrainte, on l'avait en 24 h. Ne pas se décourager : le visa qu'on n'arrive pas à obtenir dans une capitale, est parfois plus aisé à obtenir dans la capitale ou la grande ville suivante - surtout si celle-ci est la dernière avant la frontière. Dans le cas d'un grand voyage, sauf pays particulièrement difficile (ex-URSS par exemple), il vaut mieux se contenter de prendre le visa du premier pays, et voir pour les suivants au fur et à mesure des besoins.
Le site d'ABM a de bonnes infos concernant les visas pays par pays.
PASSAGES DE FRONTIERES
A chaque fois, c'est une petite bouffée d'adrénaline, parfois le trouillomètre à zéro degré kelvin. Pourtant, ça se passe normalement très bien, je n'ai jamais été refoulé. Ça peut arriver toutefois, si l'on veut franchir un point frontière autorisé seulement aux habitants du pays limitrophe. Cas assez fréquent dans les pays de l'Est, mais aussi Vietnam-Chine, etc...Donc, si l'on a repéré une petite route pour quitter le pays, bien s'informer si le passage frontière est ouvert à tous les étrangers. L'autre problème est posé par les services de quarantaine ou de protections diverses, qui interdisent par exemple l'importation de produits alimentaires frais (le pain est un produit frais, par exemple) : cas de la Nouvelle Zélande, du Chili et quelques autres. Pour la Nouvelle Zélande, c'est pas grave : vous venez par avion, vous ne devez pas avoir beaucoup de nourriture. Mais pour le Chili, inutile de faire le plein de victuailles (autre que conserves) en Argentine ou en Bolivie.
Bon, bien sûr, la grosse crainte, c'est le bakshish. En fait, ça m'est arrivé très rarement, uniquement en Amérique Centrale, pour de modestes montants. Mais j'en ai connu qui s'y sont fait avoir, pour des prétendus changes obligatoires, convertis à des taux ridicules, et atterrissant dans la poche des gabelous ripoux. Dans ce genre de cas, il faut ne pas être pressé : essayer de camper sur ses positions, voire camper tout court, afin de tester les bonhommes. Si c'est une arnaque, ils finiront par céder, ou au moins baisser leurs prétentions, ils ne peuvent pas trop se permettre un esclandre. Si c'est légal, au moins vous le saurez ! D'où l'intérêt de ne pas se pointer à un poste frontière la dernière heure du dernier jour de validité...
Faites gaffe de ne pas franchir un poste frontière sans vous en rendre compte, et sans tampon d'entrée ! Les postes frontières ne sont pas toujours pile poil sur le trait pointillé séparant les deux pays sur une carte (entre le Pakistan et la Chine, le poste frontière pakistanais est en léger retrait de la route, à 80 km du col frontalier, et en Chine il est désormais à 125 km ! Soit 200 km de no man's land). Surtout, certains passages frontaliers sont un véritable bazar (je pense à celui entre Pérou et Equateur), où il faut dénicher les officinas parmi les échoppes, je ne me souviens pas avoir vu de barrière. Et puis, à un moment, vous ne savez plus si vous avez passé la douane, l'immigration ou un autre service, et duquel des deux pays. La trace la plus importante : le tampon du service d'immigration du pays dans lequel vous entrez. Sinon, à la sortie, on pourra toujours vous soupçonner d'être entré en fraude...et vous faire casquer pour cela.
Pour le vélo, c'est très variable d'un pays à l'autre, mais il vaut toujours mieux signaler qu'on en a un (sauf si vous voulez le revendre dans le pays, mais c'est rarement une bonne affaire !). Cas du Maroc. Si vous ne l'avez pas déclaré en entrant, allez savoir si en sortant ils ne vont pas prétendre que vous l'avez acheté dans le pays, et devez payer une taxe de sortie ! Enfin, je n'ai jamais connu ce cas. Dans certains cas, par prudence, informez-vous de savoir si l'on peut passer la frontière à vélo : de Jordanie à Israël, le point-frontière près de Aqaba/Eilat l'interdisait en 1995 (mais il semble que c'est de nouveau autorisé), et depuis août 2001, la Chine interdit l'entrée aux cyclistes roulant, entre Pakistan et Chine. On peut toujours mettre le vélo sur la galerie du bus, mais ça n'a pas le même charme...
TRANSPORT DU VELO
Pour aborder les Cyclades, un cyclo se retrouvera le bicle dans l'eau
On a beau vouloir être autonome à vélo, on est parfois contraint de mettre la bécane dans un moyen de transport : avion, train, bus. On y arrive assez souvent, selon des conditions variables selon les pays, les compagnies, etc...
EN AVION
C'est la grosse inquiétude, à chaque fois qu'on prend un avion : celui-ci va-t-il embarquer mon vélo, et selon quel éventuel complément de prix ? En une soixantaine-dizaine d'enregistrements, je n'ai eu à payer que des suppléments "spécial vélo", et une seule fois un supplément pour excès de poids. La théorie, c'est 1 pièce de bagage en cabine, respectant certaines dimensions (ainsi, normalement, que certaines conditions de poids : pas plus de 5 kg ! C'est rarement imposé), et 2 pièces de bagage en soute, dont votre vélo. Et ces bagages en soute ne doivent pas dépasser 20 kg, avec une tolérance habituelle jusqu'à 23 kg. Dans le cas de relations avec les USA et le Canada, et dans le cas de certaines compagnies (Swissair ? A vérifier) sur certaines autres relations long courrier, on peut embarquer 64 kg (!), toujours en 2 pièces de bagage. Le vélo faisant, avec l'armature des porte-bagages, souvent 15 kg ou plus, vous voyez ce qu'il vous reste à embarquer en soute !
Pour ma part, je réunis l'essentiel du lourd (guides, outillage, etc...) dans une sacoche, soit 15 kg qui formeront le bagage de cabine. Depuis septembre 2001, cependant, les services de sécurité sont plus stricts. En principe, l’outillage n’est pas interdit, mais il ne faut pas qu’il présente de surface coupante…et tout reste à la discrétion de l’agent qui vérifie, et peut décider que tel outil est potentiellement dangereux. J’exclue donc le tournevis, les cables, la pince.
A l'aide d'un grand sac léger (qui me sert aussi d'oreiller en camping), je confectionne la première pièce pour la soute, avec tout le volumineux et léger : tente, duvet, mousse, une partie des vêtements. Si je me débrouille bien, ce sac pèse autour de 8 kg. Sur le vélo, je laisse 2 sacoches vides. Plus d'une fois, les employés ne pèsent même pas le vélo, d'autant plus que les balances sont mal étudiées pour peser un tel hors normes. Pour peu qu'on arrive à limiter le poids de l'ensemble à 25 kg, ça passe généralement sans problème. Cela dit, récemment avec les augmentations de kérosène, le coût des opérations de sécurité etc., les compagnies deviennent plus tâtillonnes sur le poids, Air France remportant la palme.
Au delà, tout dépend de la compagnie, de l'employé, de la chance...Une fois, pour un vol Bruxelles-Buenos Aires, on a failli me faire payer...1900 FF (300 €) de supplément ! Devant l'énormité de la somme, le responsable de la compagnie m'a accordé l'enregistrement gratuit du supplément de poids (10 kg). Ce petit jeu de la négociation est fréquent dans certains pays (Inde), où les employés semblent avoir pour mission de faire appliquer rigoureusement les textes pour récupérer un peu plus d'argent auprès des touristes - et pas forcément pour leur poche. C'est de bonne guerre. Mais ceux-ci cèdent souvent vite au ton implorant d'un malheureux cyclo sans le sou - n'en faites pas trop quand même : vous avez eu de quoi payer le billet d'avion, ça fait moyennement crédible d'affirmer que vous n'avez pas de quoi allonger le supplément demandé...
On peut essayer de s'entendre au préalable avec la compagnie, mais ça ne servira que s'ils vous fournissent un accord écrit, ce qui doit être rare : l'essentiel se situe au moment de l'enregistrement, avec l'employé du comptoir. Certains suggèrent des trucs : si vous êtes une femme, essayer de passer avec un employé, et vice-versa pour un homme, pour l'aspect charme. Peut-être (je dis ça parce que je n’ai aucun charme). Ou bien, arriver à la dernière minute : les employés n'auront pas trop envie de se lancer dans une négociation. A l'inverse, j'arrive dans les premiers, tant pour être sûr que le vélo part (imaginez qu'il y ait 5 autres cyclos, pas sûr que votre avion prendra tous les vélos !), que pour avoir le temps d'élaborer une stratégie (si l'on impose un carton, ou d'autres aménagements du vélo). Enfin, avec certains, inutile même de chercher à négocier : c’est souvent le cas des compagnies d’Amérique du Nord, qui ont un tarif pour le transport des vélos, qui s’applique d’office. Nouvelles Frontières, sur ses charters, a aussi un tarif. Il était de 200 FF (30 euros) il y a quelques années. Les compagnies qui cherchent à remplir leurs vols (donc, pas Air France qui jouit d’une quasi situation de monopole en France sur les longs courriers) sont souvent plus conciliantes. D’où l’avantage, pour les provinciaux, d’utiliser un vol de rabattement sur Genève, Amsterdam ou Francfort plutôt que sur Paris.
Normalement, il faut tourner le guidon dans l'axe du cadre, retirer les pédales, et dégonfler les pneus (et ce, même si les soutes des longs courrier sont en principe pressurisées). On vous imposera parfois de le mettre dans un carton, mais on arrive la plupart du temps à le livrer tel quel, sans carton. Prévoyez des chiffons (ou du papier hygiénique) pour recouvrir le dérailleur, les plateaux et la chaîne, montrant ainsi aux employés que votre vélo ne salira pas les autres bagages, et qu'il n'est donc pas nécessaire qu'il voyage en carton. Une fois (Gulf Air, qui sont un peu ch...), on m'a demandé de mettre le vélo...sous housse, le pire conditionnement pour un vélo dans un avion. Ca n'a pas loupé : à l'arrivée, les axes de blocages rapides était tordus, idem le dérailleur arrière, que j'aurais dû démonter. Certaines compagnies turques (y compris Turkish Airlines en domestique) imposent aussi la housse. Intérêt de protéger les éléments indiqués ci-dessus...En une cinquantaine de vols, je n'ai eu que rarement des problèmes : quelques retards (aux USA, à l'époque où l'on changeait systématiquement d'avion à New York, un vrai bordel pour les bagages), et outre Gulf Air, une roue totalement tordue avec CP Air, mais il y a longtemps.
De nombreuses compagnies européennes commencent à faire payer un supplément forfait pour le vélo, parfois indépendamment du poids (ce qui signifie que vous pouvez très bien payer pour le vélo + pour le surpoids engendré par le vélo). Notons Alitalia, Lufthansa, Air France, celle-ci cumulant le prix du tarif le plus élevé (80 €) et d’opacité de l’information (le forfait n’est pas explicitement indiqué sur le site internet, son montant évidemment non dévoilé, et au téléphone, il faut vraiment insister pour savoir qu’on va payer quelque chose en plus). Cocorico, on a les meilleurs arnaqueurs au monde !
EN TRAIN
On parlera surtout de l'Europe, car j'ai rarement pris le train ailleurs. Le système très en vogue en Europe de l'Ouest, c'est la faculté de mettre soi-même le vélo dans de nombreux trains, moyennant le paiement d'une somme autour de 50 FF (sauf en France, où c'est gratuit - la SNCF enfin à la pointe du progrès). Généralement, les trains rapides (style TGV et autres Talgo ou Pendolino, Thalys, Eurostar...) ne sont pas ouverts à ce genre de service. Bien que l'Eurostar comporte de vastes fourgons, je me suis laissé dire que maintenant il est impossible d'y embarquer un vélo dans le même train que soit, même en payant. Si le TGV, lui, est au moins ouvert au transport des vélos sous housse (qu'on embarque avec soi, des aires de stockage étant prévues dans les voitures), cela est interdit dans les autres trains rapides signalés (Thalys, Eurostar).
A noter qu'en Italie, que le vélo soit à nu ou sous housse...il faut payer le même supplément ! Sauf que dans les IR (Inter-Regionaux, l'équivalent de nos TER), on peut embarquer le vélo tel quel, alors que dans les trains nationaux (hors Pendolino), on peut au moins l'embarquer sous housse.Donc, il faut enregistrer son vélo, qui arrivera 2 ou 3 jours après soi, et c'est cher, souvent autour de 200 FF. J'ai plusieurs fois réalisé des voyages vers l'Europe de l'Est, embarquant sous housse mon vélo dans divers trains, et même en couchette (les seules fois où j'ai dormi sur le vélo !) : j'arrive normalement à faire tenir la housse sur le filet à bagages d'un compartiment, ou faute de mieux à la laisser dans le couloir. Les contrôleurs tolèrent ce genre d'attitude anti-sociale (sauf en Bosnie, où un truand de contrôleur m'a pompé un bakshish, faut bien nourrir les gosses).
En Europe de l'Est, ces arriérés sont restés au bon vieux système d'il y a vingt ans (qui nous convenait parfaitement) : on peut faire embarquer son vélo par le service à bagages sur la majorité des trains, donc généralement le sien (et sans emm...les autres voyageurs), pour une somme très modique (5 à 10 FF, peut-être 15 FF aujourd'hui). En République Tchèque, un contrôleur, horrifié que j'aie pu embarquer tel quel mon vélo dans un train (sur lequel la possibilité était expressément prévue), m'a prévenu que je devrais payer cher cette audace : 10 FF, alors qu'à la gare je n'aurais payé que 8 FF sans doute. La Pologne, la Slovaquie, c'est encore le paradis pour l'amateur du vélo+train, des reliquats de l'insupportable ex-monstruosité totalitaire. Vous m'échangerez deux paquets de libéralisme débridé contre un paquet de bolchevisme ringard, SVP. Les chemins de fer indiens et pakistanais gardent aussi cette logique de nombreux trains enregistrant les bagages. Mais bien s'informer dans les gares, car certains trains n'embarquent pas de bagages.
En Inde et en Chine, le service fonctionne apparemment bien : pour un coût très raisonnable, le vélo voyage très souvent dans le même train (en Chine, paradoxalement, il voyage plus certainement dans le même train quand il s’agit d’un express (K) que s’il s’agit d’un train local (un nombre simple) ! L’expédition n’est pas un problème, en tout cas moins que l’achat du billet voyageur. Dans les grandes gares, il faut dénicher le guichet d’expédition, qui peut se situer sur les 4 coins de la gare (façade avant, à gauche ou à droite au bout, façade arrière, idem) ! Mais bon, en faisant le tour de la gare, on finit par trouver (un truc curieux : à Lahore, Pakistan, il faut retirer le vélo sur un dépôt spécifique sur chaque quai !). Notons par contre qu’on ne peut généralement réserver le vélo que pour un train : si vous avez une correspondance en route, il faut aller retirer le vélo, et de nouveau enregistrer. Au moins, vous êtes sûr que le vélo ne se perdra pas lors d’une correspondance !
EN BUS
Les bus acceptent très généralement les vélos, même s’il faut parfois un carton (USA, Canada), ou payer un léger supplément au chauffeur. Il m'en coûte de l'admettre (car je déteste le bus), mais c'est le moyen de transport généralement le plus pratique pour embarquer le vélo. L'avantage, dans certains pays tels que la Turquie, l'Argentine, c'est qu'il y a parfois de la concurrence entre plusieurs compagnies, et qu'il se trouvera toujours un bus pour accepter de prendre votre vélo.
Par prudence, il vaut mieux mettre le guidon dans l'axe du cadre : outre que ça facilitera au chauffeur le rangement en soute ou sur la galerie, cela limitera la possibilité, pour un voleur à l'arrivée, d'enfourcher votre vélo tel quel et rouler tout de suite. Car c'est l'arrivée qui pose problème, si vous êtes seul : il faut réceptionner vos sacoches et votre vélo, souvent dans la cohue. De plus, si vous avez pris votre bus dans une autogare, il est possible que vous soyez, dans la ville d'arrivée, largué en pleine rue circulante, parfois à deux pas de l'autogare. Donc, garder son sang-froid, prioriser les choses. Essayer (pas évident) d'avoir d'abord le vélo, y mettre vite l'antivol, puis descendre les sacoches.
Dans le cas inverse, une sacoche ou deux peuvent disparaître le temps de descendre le vélo. Si les sacoches peuvent être arrimées (anse pour les porter), on peut songer à les "antivoler" contre un poteau, le temps de récupérer le vélo. Dans tous les cas, avoir l'antivol rapidement disponible à l'arrivée. Ne pas oublier que la majorité des vols commis à l'encontre des touristes se situent dans les gares et les embarquements (ou débarquements) de bus. Pour monter ou descendre le vélo d'une galerie d'une main, exercez vous à la maison devant la glace ! Car le chauffeur ne s'en occupera parfois pas. Mais on prend vite le coup. Même moi j'y arrive, preuve que ce ne doit pas être bien sorcier.
EN BATEAU
La grande majorité des ferries acceptent les vélos, et très souvent sans supplément de prix. Bien arrimer votre vélo aux tuyauteries avec des tendeurs, car c'est vous qui généralement aurez à ranger votre vélo, et vous assurer qu'il ne va pas se balader au gré de la houle. S'informer, car certains ferries rapides (tout ce qui est hydroglisseur notamment) ne prennent généralement pas les vélos. A l'inverse, certains bateaux normalement exclusivement prévus pour des passagers acceptent les vélos (Hurtigrute, express côtier en Norvège, faisant mille étapes entre Bergen et Kirkenes). De même le très cher ferry touristique de Seward à Valdez, en Alaska, passant au pied du Colombia Glacier. Maintenant, si vous archi-démontez votre vélo (roues, guidon, potence, voire pédalier) et que vous faites tout tenir dans une housse bricolée (avec des couvertures de survie, le duvet ou un poncho, par exemple), vous pouvez espérer le faire passer comme bagage ordinaire – un peu grand, certes. Exemple : le bateau Vénézuéla – Trinidad.
Dans tous les cas : parfois, l'accès aux soutes est interdit une fois le bateau quittant le port. Donc, penser à embarquer tout ce qui est nécessaire pour la traversée : bouffe, duvet, serviette de bain. En fouinant un peu sur le bateau (au besoin, dans les quartiers de l'équipage – excusez-moi, je me suis perdu), on arrive toujours à trouver une douche.
Sur le transport du vélo, un site intéressant à consulter : TRAVEL WITH BICYCLES (AIR/RAIL/OTHER)
SANTE
Prenez soin du vélo, il prendra soin de votre moral
PHARMACIE
Je n'emporte plus qu'une pharmacie extrêmement limitée. En fait, à part l'aspirine et du sparadrap (ce dernier me dépannant le plus souvent en tant que ruban adhésif !), je ne vois pas très bien désormais ce que je pourrais embarquer : si ce n'est pas grave, du repos suffira souvent. Si c'est sérieux, vous serez souvent bien obligé de consulter quand même un médecin, qui vous prescrira les médicaments idoines. L'auto-médication, surtout en matière d'antibiotiques, est assez peu recommandée. Si c'est sérieux et que vous êtes loin d'une grande ville, il ne vous reste plus qu'à prendre un bus : de toute manière, vous ne serez plus guère en état de rouler.
Cas des diarrhées (le problème number one en voyage) : même topo. Si ce n'est pas grave, vous vous en remettrez tout seul sans Imodium et autres gadgets, avec éventuellement un peu de repos (et du riz !). Si c'est sérieux, autant aller voir un médecin, voire faire des analyses. Donc, vos Imodium et équivalents ne vous serviront guère. Au contraire : l'Imodium, en stoppant provisoirement la diarrhée, masquera les symptômes, sans rien faire sur la cause (un peu comme prendre un antalgique pour calmer une douleur dentaire, qui masquera peut-être un abcès). Et à quoi sert de prendre un antibiotique si vous avez des amibes ou un virus ? Ça ne peut qu'aggraver le mal. Croyez-en mon diagnostic (pour cette première consultation internet, je ne vous fais pas payer) : il faut vous dire qu'à 4 ans je rêvais de jouer au docteur, et le fait que c'était avec ma petite voisine de palier ne change rien à l'affaire.
Quant aux anti-paludéens en préventif (prophylaxie de la malaria), j'ai nettement plus confiance dans les pommades anti-moustiques (ou, à l'étape, les serpentins -mosquito coils), qui vous protègent des piqûres elles-mêmes (qui peuvent aussi s'infecter), et même souvent d'autres insectes. La vraie prévention, c'est tout faire pour ne pas se faire piquer. Et même chose en curatif : si vous avez attrapé le palu, autant voir un (bon) médecin local, qui vous prescrira le remède le mieux adapté au pays. Dans pratiquement tous les pays, il y a de bons médecins et de bons hôpitaux, au moins dans les capitales (où croyez-vous que les expatriés vont se faire soigner ?), voire dans les grandes villes. Commencez déjà par consulter le consulat français du pays : il a normalement un médecin attaché, ou à défaut on vous donnera l'adresse de bons médecins, voire parlant français.
ASSURANCES
Il y a belle lurette que je n’en prends plus : tarifs devenus prohibitifs pour une "rentabilisation" aléatoire. Selon moi, ça n’a de sens d’en prendre une que si l’on tient à avoir son corps rapatrié en France pour être enterré sur la terre de ses ancêtres. Pour les remboursements de santé, ne pas trop y compter (sauf si l’on souscrit un supplément spécial, et très coûteux, pour USA, Canada, Japon, Australie). En cas d’accident sérieux, il n’est pas certain qu’une hospitalisation en France, avec la sécu, reviendra forcément moins chère que dans un hôpital correct sans sécu à Islamabad (par exemple, car je suis allé dans un excellent hôpital pas très cher dans cette ville). Après, c’est affaire de goût.
EAU
Sur l'eau, j'ai une théorie toute personnelle, pas forcément très orthodoxe. On lit parfois qu'il ne faut même pas se laver les dents avec l'eau du robinet ! Ça me semble un peu exagéré. De toutes manières, vous vous retrouverez dans des situations où vous ne pourrez pas refuser l'eau qu'un local vous offre, ou bien parce que vous avez archi-soif de depuis 30 km que vous roulez sans eau sous le soleil. Je doute qu'ingurgiter un peu d'eau non traitée puisse vous "casser", je pense que c'est plutôt la saturation (de trop avoir bu d'eau polluée) qui fait que les bactéries ou les amibes finissent par l'emporter sur votre système immunitaire. Au contraire, boire un peu d'eau contaminée (en se lavant les dents par exemple) ne devrait, selon moi, que stimuler vos défenses organiques, et habituer un peu votre corps à une eau plus chargée bactériologiquement. Prenez cet avis avec des pincettes, un spécialiste des Eaux de la Ville de Paris (et avec qui j'ai roulé en Amérique Centrale) fustigeait ma théorie, pourtant de la plus belle eau.
Filtre à eau : bof. Cher, lourd, utile certes mais rarement indispensable (sauf peut-être en Afrique ? En tout cas pas au Kenya, ni en Afrique du Nord). J'en avais un les 9 premiers mois de mon voyage en Amérique Latine : je m'en suis servi une demi-douzaine de fois, mais si je ne l'avais pas eu, je me serais bien débrouillé...La preuve, je m'en suis passé depuis. Il est bien plus important d'avoir de quoi traiter l'eau (comprimés d'hydroclonazone). Dans les pharmacies locales, c'est bien rare si l'on ne trouve pas de la teinture d'iode. Sinon, on dispose de l'eau de javel ! Tout est affaire de dosage. Et si l'eau est vraiment trop chargée d'impuretés visibles, la passer par les mailles d'un collant (un collant de femme, pas un collant de cycliste). D'où l'avantage d'avoir une copine en voyageant (il y aurait d'autres avantages, à ce qu'on dit).
Où s'approvisionner en eau ? Hors Europe, finies les charmantes fontaines de village ! En Amérique du Nord, je pompais l'eau dans les toilettes des stations service. Ailleurs, comme généralement je roule beaucoup en montagne, je me sers directement dans les ruisseaux, qui ne sont pas toujours gages de pureté bactériologique. J'essaie de deviner s'il peut y avoir des habitations au-dessus, ou un grand lac (il n'est pas rare que l'eau d'un lac contienne des amibes). En Bolivie, pays sec par excellence, j'ai souvent dû demander mon eau aux habitants, ce qui est extrêmement gênant, quand on voit la peine qu'ils se donnent à aller la puiser au loin, à une source cachée ; et extrêmement peu rassurant, quand on voit le stockage en plein air. Tenir une heure avant de boire, le temps que les pastilles agissent...
La dernière heure de rouler de la journée, l'obsession devient : où trouver de l'eau ? On peut tenir le soir avec 1 l, mais je puise généralement 3 l : 1à 2 l pour le soir (soupe, infusion, boire beaucoup s'il a fait chaud, laver les dents, la gamelle), et 1 l le matin (café, laver la gamelle). Si je souhaite me laver (un luxe !), soit je le fais dans la journée dans un ruisseau, soit 1/2 litre le soir me suffit (en économisant bien le gant et le savon), et un autre demi-litre pour laver les cheveux.
SECURITE
Combien de malheureux escargots, de fourmis, ou encore de moucherons dans l'oeil, écrasés par d'ignobles cyclistes sans foi ni loi ni toit..
VOLS
A part des gosses qui chipent des affaires, pas de gros problème. On m’a attaqué une fois (quand même à la hache, aux couteaux de cuisine et avec des grosses pierres !) en Albanie, en plein jour. Mais j’ai traversé le Pérou du temps du Sentier Lumineux, le Guatemala et le Salvador en guerre sans problème (sauf qu’au Salvador l’armée m’a mitraillé puis foutu en taule, mais c’était une bavure, ça compte pas). Dans les petites pochettes des sacoches, ne laisser que des affaires sans importance : ce sont ces petites pochettes qui attirent les gosses (c'est un peu un jeu d'en faire l'exploration), et elles sont de plus à la hauteur des plus petits.
En camping (voir chapitre "où dormir ?"), je n'ai eu des problèmes...qu'avec des insectes, accessoirement quelques animaux venus chiper ma nourriture (chiens, ânes, sangliers). En ville, si l'on est seul et qu'on veut faire des commissions ou la visite d'un musée : laisser le vélo dans un endroit suffisamment passant, sans être pour autant encombré style marché. Peu de gens oseront s'approcher du vélo et en voler quelque chose, vus de tous. Outre l'antivol, et selon la durée prévisible de l'arrêt, il est prudent que toutes les sacoches soient solidement arrimées au vélo, de telle sorte que cela représente un effort de piquer une sacoche : le vélo lui même n'intéressera pas forcément, mais nos sacoches sont supposées (pas toujours à tort) contenir plein de passionnants gadgets occidentaux. Ce ne sont pas forcément dans les pays dangereux qu'on risque le plus : j'ai rarement eu des affaires volées, et ce fut par exemple en Irlande, en Italie, et non pas au Pérou ou en Colombie. Ce furent généralement des babioles.
PLANQUES
Toujours avoir des dollars sur soi (bien planqué, poche intérieure par exemple, des travellers cheques en dollar (le franc français n’est pas toujours connu !), la carte visa avec les dollars. Toujours conserver l’éventuel billet de retour avion sur soi, avec les dollars. Le truc, c'est aussi d'avoir, pour les commissions et autres achats courants, une "banane" avec l'argent des courses (l'équivalent de 100 ou 200 FF en monnaie du pays), et une série de leurres : un ancien passeport, une ancienne carte visa (mais en ayant eu soin de rendre les chiffres en relief illisibles et surtout inutilisables), quelques cartes ou "pièces d'identité" (carte de joueur de golf, d'accès à la piscine municipale...) : si l'on vous vole (ou vous attaque), on songera d'abord à vous piquer cette banane visible (rouge vif si possible). Dans le cas de mon attaque en Albanie, mes aggresseurs, pressés, ont cru tout me piquer en me prenant cette banane, et sont partis à toute vitesse une fois le magot découvert...Sauf que l'essentiel était dans une sacoche, parmi les outils.
Par excès de prudence, j'ai parfois la carte visa, le billet d'avion et les grosses coupures dollars (20 et 50 dollars) sur moi, dans une petite poche "secrète", cousue soit à l'intérieur du short (sous une poche extérieure, celle-ci), soit à l'intérieur sur le flanc d'un T shirt (sous l'aisselle). Cependant, cette extrême prudence ne se justifie que si l'on pense être physiquement aggressé. Ce dernier cas est tellement rare (ça ne m'est arrivé qu'une fois) qu'il ne vaut peut-être pas la peine de s'organiser pour une telle circonstance. Et dans un tel cas, on risque de vous piquer les sacoches et/ou le vélo, voire vous assommer, donc vous ne sauverez pas grand chose. L'important, c'est que vous sachiez à tout moment où est l'essentiel (passeport, carte visa, passeport, gros dollars), et de ne pas l'oublier bêtement sur le comptoir d'un café. L'avoir toujours dans une poche interne peut parer à d'éventuelles étourderies.
CHANGE
Pour l'édification des masses populaires de cyclos, je renvoie à l'un de mes récits. En Amérique Latine, je changeais très souvent dans la rue : c'était assez intéressant, à cause de l'inflation et des restrictions de change, qui permettaient à un change au noir "honnête" de se développer. Ce n'est sans doute plus le cas aujourd'hui. Après ma mésaventure, je ne limite plus le change au noir que pour des cas précis, assez nets, et pour de petites sommes. Il vaut mieux changer la première fois à un guichet officiel, au moins pour connaître la figure des billets en circulation (quoi qu'il arrive que plusieurs types de billets pour la même somme aient cours en même temps : Inde).
Le change de rue a trop de risques : faux billets, arnaques totales, etc...Si l'on peut changer dans la rue, on pourra alors changer chez des commerçants. Ce sont souvent eux qui font marcher le change de rue "honnête", autant alors s'adresser directement à eux (bijouteries, électroménager, photo, électronique), et c'est moins risqué. Un peu moins évident, car ils ne tiennent pas toujours à ce que leurs magouilles pour se procurer des dollars soient trop visibles, mais en s'y prenant avec tact (pas d'autre client présent, etc...). Le change de rue ne vaut le coup d'être couru que s'il est notoirement "honnête" (les habituelles "truanderies" à la calculettes aux résultats tronqués), ou bien si le gain par rapport au change officiel est substantiel, et ce pour des raisons connues (quand il était possible d'aller en Lybie, on avait un excellent change avec des "changeurs de route" côté tunisien, de par le cours officiel aberrant de la livre libyenne par rapport au dollar).
Un site sur la sécurité, genre "paranos ne pas s'abtenir" : LES DANGERS
L'excellente page de Roughstuff sur les dangers de tous ordres en voyage à vélo (en anglais).
Un site sur la sécurité (théorique) par pays : CONSEILS AUX VOYAGEURS
CIRCULATION
Le système organique du cyclo se décompose en : circulation respiratoire, circulation sanguine, et circulation routière, celle-ci commandant les deux autres
Dans les récits de voyageurs à vélo, on lit les choses les plus horribles concernant tous ces chauffards sur les routes du monde (et je n'échappe pas à la règle) : dame, c'est qu'il faut faire vibrer le lecteur sur les mille dangers que nous bravons sur ces routes de pays barbares ! Disons qu'il y a toujours ces petites différences culturelles de conduite (c'est le cas de le dire), le fait qu'inconsciemment on doit redouter ces gens que nous ne connaissons pas (comme si l'on connaissait nos propres voisins de palier, parfois des égorgeurs d'enfants !). En Italie, j'ai toujours trouvé leur manière de conduire assez "sportive" (rasant le cyclo, doublant dans des virages de montagne), et pourtant je reconnais que ce sont des as du volant. A l'inverse, bien des Nord-Américains m'ont semblé bien patauds, même sur des routes larges et bien dégagées. Dans mon analyse, quelle était la part de réel, la part de l'imaginaire ?
Ce qui fait frayeur, dans les pays pauvres, c'est l'état supposé des véhicules. Et de fait, les contrôles techniques y sont bien rares, même pour les camions utilitaires. Mais le gros problème est l'étroitesse des routes, sur lesquelles passe un trafic parfois ahurissant dans sa diversité : semi-remorques, carrioles, couvées de canetons...et vélos. C'est souvent la loi du plus fort, et surtout du plus gueulard, qui prime : le gros camion aura tendance à faire jouer les biceps de son klaxon pour s'imposer, faisant mine de ne pas ralentir. Cependant, j'ai souvent fait de la résistance. Au Mexique, l'un des pires pays pour moi, je n'obtempérais jamais aux sirènes hurlantes...et le chauffeur du gros poids lourd était bien obligé de freiner, voyant que je refuserai d'aller rouler dans le fossé pour le laisser passer. Cela dit, on peut tomber un jour sur un plus idiot que la moyenne (et que soi), qui aura mal calculé son coup.
Mais objectivement, je crois être passé plus proche du vrai accident (accroché par un véhicule) plus souvent dans les pays développés (Nouvelle Zélande, Canada, Italie, France...) que dans ces pays Monsieur Muscle-Klaxon. Dans ces derniers pays, les chauffeurs sont un peu habitués à tous les événements inattendus de la route (des gens traversant n'importe où, d'incessantes traversées de villages bondés, des animaux qui ne respectent même pas les passages cloutés), aussi un vélo ne les surprendra guère. Dans les pays développés, à l'inverse, certains chauffeurs sont tellement habitués à avoir la priorité de fait un peu partout, et à pouvoir réaliser facilement des excès de vitesse sur des routes de bonne qualité, peu fréquentés, que le gros danger vient de là. Je sais bien que Raymond Devos disait "comment voulez-vous qu'il m'écrase, s'il ne me voit pas ?", mais c'est le risque principal : un chauffeur, de quelque pays qu'il soit, et quel que soit l'état de son matériel roulant ou brinquebalant, ne va pas écraser volontairement un cyclo. Ça n'arrive que s'il est réellement surpris. Le danger est bien plus grand d'être dans un bus (qui peut aller s'écraser dans un ravin), que sur la route. Cela dit, un rétroviseur est conseillé, au moins pour se rassurer quant à la trajectoire du véhicule prise par le véhicule en vous dépassant : va-t-il vous raser, ou vous doubler largement ?
Pour ma part, sur environ 350 000 km de vélo, dont peut-être 70 000 km dans des pays pauvres (pardon, en développement en plein développement), je n'ai jamais eu un seul accident de la circulation - alors même que, il y a jusqu'à quelques années, j'étais suffisamment inconscient (ou hargneux) pour ne pas laisser le passage aux gros poids lourds klaxonnant à la mort. Ce n'est pas qu'une affaire de chance.
DOCUMENTATION
Carte de visite pour vous guider
Ça dépend du confort qu’on souhaite : on peut très bien visiter un pays sans guide touristique et s’informer sur place (toute capitale et grande ville a son service d’infos touristique, sauf peut-être l’arrière-pays du Bangladesh, et encore), on peut très bien partir sans carte routière et ne parcourir que la ou les routes principales (en Libye, tout est en arabe, mais comme il n’y a qu’une route…), on peut très bien ne parler qu’avec les mains, ou apprendre des rudiments chez des familles d’accueil…
Bien sûr, il y a maintenant la mine www (internet), bien que c’est souvent en anglais : sites des offices nationaux de tourisme, de certaines agences de voyage, sites privés de passionnés. Quelques adresses dans mes pages de liens par continent, mais la liste est bien plus longue. Comme les connections internet existent de plus en plus partout, au moins dans les grandes villes, cela peut éviter de s’alourdir de guides – mais il est quand même assez rare que ces sites soient aussi bien faits que les guides papier. Ça viendra…
De façon générale, les Lonely Planet sont les meilleurs guides, surtout que de plus en plus de titres paraissent en français. Dans la même veine, les "...Handbook" ou "...on a Shoestring", pas encore vu de traduction française, certains titres sont même meilleurs que les Lonely Planet. Ce sont des collections véritablement conçues pour le voyageur indépendant, qu’il « baroude » ou qu’il ait besoin d’un certain confort. Pas mal de cartes « fait maison » et de plans de ville, et une foule d’infos pratiques essentielles (prix, passages des frontières…).
Le Guide du Routard est sympa et marrant, avec généralement de bonnes sélections sur ce qu'il faut ne pas louper, des remarques plutôt pertinentes, mais un peu limité (et ils n'arrivent pas toujours à suivre les évolutions trop rapides concernant l'hébergement), et reste généralement plus indiqué pour un voyage express (et de plus en plus « routard huppé »). Cela dit, ils ont fait de gros progrès ces dernières années, sur la réactualisation. Le Guide Bleu est complet mais absolument pas routard. Les guides Arthaud sont pas mal culturels, peu d'infos pratiques routard non plus. Les guides Michelin ont d'excellentes cartes (précieuses, à vélo), et pas mal de plans de ville, ils sont généralement suffisants et d'un très bon rapport qualité-prix pour les pays couverts, malgré leur faible aspect "routard".
Pour les cartes, se procurer une Michelin ou une Kümmerly+Frey dès que c’est possible (Europe et pourtour), sinon taper dans les grandes collections internationales : Geo-Kart (Géo-Carte), Nelles, et IGN pour l’Afrique : il y a parfois des erreurs, mais on corrige avec des cartes locales. Bartholomew = zéro. Certains pays ont d’excellentes cartes locales pas chères (Chili, Argentine), et en Asie (Katmandu, Bangkok), on trouve des cartes et guides occidentaux d’occasion. Par contre, dans certains pays, on ne trouve quasiment rien localement (Bolivie...).
Sinon, évidemment, apprendre la langue avant est une excellente chose…si l’on a la motivation ! Pour ma part, j’ai toujours appris sur place, par paresse. Inconvénient : les premiers temps, on est perdu. Avantage : on apprend la vraie langue locale. A vrai dire, avec l’anglais, on se débrouille un peu partout, au moins dans les grandes villes (en Europe Centrale et de l'Est, l'allemand est d'une certaine utilité). L'Amérique Latine est une mine pour nous : l'espagnol (enfin, le castillan) nous est assez facile à apprendre, et rentabilisé de Tijuana à Ushaïa. Sinon, il y a tellement de situations non ambiguës où apprendre la langue apparaît superflu : hôtel, restau, épicerie…Connaître au minimum les formules de politesse, les nombres (très important !), le nom des principales victuailles à acheter.
Pour apprendre des rudiments de certaines langues : FOREIGN LANGUAGES FOR TRAVELERS