ENTRER AU TIBET 2006

 

Bonne nouvelle : sur tous les itinéraires provenance est (Yunnan, Sichuan, soit Dali-Zhongdian, Litang et Ganzi) et nord-est (Qinghai, soit Xining-Yushu), les checkpoints ont été supprimés. Il se dit aussi, sur internet, que l'accès par l'ouest (Xingjiang, soit Kashgar) est de nouveau sans problème, après les gros problèmes de 2002. Par contre, dans le cas de l'Est, cela ne signifie pas que ces itinéraires soient autorisés, contrairement à ce qu'on commence à lire de ci - de là : pour y avoir cru, je me suis fait prendre bêtement à Chamdo, ville tibétaine orientale, mis à l'amende, et me suis plongé dans une histoire rocambolesque d'espionnage, cette fois avec l'Armée, pour échapper aux griffes du PSB ! Un cyclo Japonais, pourtant à son 3ème voyage au Tibet, s'est fait prendre le même jour dans la même ville - mais un autre hôtel.

 

Par contre, statu quo pour la provenance Népal, Kathmandu : la frontière est là, et il est illusoire de ne pas avoir à payer un quelconque "péage" en venant par là. Parfois, on évitera le groupe effectif et l’effectif du groupe, mais comme on en paiera le prix... De plus, est-ce accidentel ou lié à la mise en place de la voie ferrée (Beijing - Xining -) Golmud - Lhasa, mais en juin 2006, un couple cyclo s'est fait alpaguer sur Golmud-Lhasa, le seul itinéraire qui était assez faisable à vélo sans trop de risques, même dans les pires moments. Entendez : ils ont passé nuitamment et sans problème le checkpoint 30 km sud de Golmud, mais se sont fait "récupérer" 1 ou 2 jours plus tard par un contrôle volant, 100 km plus loin ! Première fois que ça se produit sur cet axe.

 

Rappel du contexte Tibet : son entrée aux Etrangers est conditionnée à la participation, au moins théorique à un groupe : ce qui importe aux Chinois, c'est que vous payez le "péage groupe". En théorie, cela ne vous permet en outre que l'accès à des villes ou itinéraires très spécifiques : Lhasa et sa banlieue, pour simplifier. En particulier, tout l'Est Tibet est totalement interdit - quoi que des jeeps dûment autorisées peuvent y transporter des touristes (j'en avais vu en 2001) : en général, les prix sont astronomiques, style 3000 € !

 

En pratique, une fois entré au Tibet, vous pouvez aller où vous voulez... du moment que vous ne vous faites pas pincer ! Remarque en fait valable pour entrer au Tibet, à part depuis le Népal, puisque dans ce cas, il faut en même temps franchir une frontière : et autant se faire pincer sans Alien Travel Permit n'attire généralement pas trop d'ennuis (sauf 2002 autour de Rutog, entre Kashgar et leTibet Central, on peut même supposer qu'il y avait une quasi-arnaque PSB + chauffeurs jeeps), autant je ne vous recommanderais pas d'entrer illégalement sur le territoire chinois (Tibet ou ailleurs) sans le visa !

 

Les deux risques au Tibet sont, en gros: les checkpoints et les bourgs chefs-lieux de comté. Les checkpoints, ce sont ces barrières avec une guérite, qu'on trouve encore entre Népal et Lhasa, et au sud de Golmud. Ceux-ci, facile : il suffit de les franchir entre 4h et 6h, quand les gardiens ronflent (mais prendre une marge : car il arrive souvent qu'un camion passe à ce moment, réveillant les gardes, et il faut attendre qu'ils se rendorment pour tenter sa chance - surtout qu'il y a souvent des chiens, heureusement attachés).

 

L'autre problème, les bourgs. Ce cas ne concerne pas l'itinéraire Lhasa-Népal, où en principe seuls les checkpoints représentent un danger - mais rester évasif, si un Chinois ou même un Tibétain vous questionne l'air de rien dans les rues de Lhasa ou Shigatse : ils essaient de déterminer si vous faites bien partie ou non d'un groupe.

 

Car la police "normale", tout comme l'Armée, se fichent généralement de votre présence, c'est le boulot du PSB. Or, celui-ci se cantonne généralement aux bourgs, où ils y ont l'essentiel de leurs missions. C'est dans la traversée de ces bourgs qu'il convient donc d'être prudent, en s'attardant juste le temps de refaire le plein des sacoches - et éviter d'y dormir : les hôteliers doivent rapporter la présence de tout Etranger s'arrêtant chez eux, faute pour eux d'amendes plus salées que celle que vous risquez. L'idéal est de passer tôt le matin, avant l'animation, mais quand même une fois les échoppes alimentaires ouvertes. 7-8h, parfait.

 

Par contre, si vous roulez ailleurs que Lhasa-Népal, et a priori l'axe depuis Kashgar, cela suppose de recourir systématiquement au camping sauvage, et d'avoir par prudence 3-4 jours d'autonomie alimentaire permanente - sans compter que, dans les bourgs, vous ne trouverez peut-être pas vos barres Mars préférées - ni même Snickers ni autres : vaut mieux avoir des réserves de "produits sophistiqués" dès l'amont (Zhongdian est parfait, Litang, Ganzi et Yushu acceptables).

 

Bien sûr, côté vélo, totale autonomie recommandée (on trouve quand même du basique et des réparateurs à Lhasa, mais aussi Chamdo, Shigate, et j'imagine Bayi et Nakchu. A l'Est, on doit trouver à Zhongdian, mais rien vu à Litang, Ganzi, et, plus surprenant, Yushu.

 

Attention : ce n’est pas parce que vous aurez passé 3 ou 4 bourgs avec succès, en plein après-midi, à rester des heures à une « terrasse » de café, que, dans le bourg suivant, le PSB ne vous arrêtera pas, alors que vous y passerez discrètement. Au Tibet, tout est question de chance. Cependant, on peut se demander si les autorités Chinoises ne testeraient pas un assouplissement des conditions d’entrée au Tibet, tout en maintenant les textes officiels, au moins sur les axes « de second ordre », dans l’optique des Jeux Olympiques.

 

Ma théorie est que, à terme, les routes du Tibet seront autorisées aux Etrangers individuels (sachant que, vu les distances et les difficultés, peu de touristes s’y aventureront), sauf l’axe maître Golmud-Lhasa-Kathmandu, fréquenté par 95 % des touristes, assez facile à surveiller, et désormais la voie royale avec la combinaison ferroviaire Beijing-Xining (25 h) et Xining-Lhasa (26 h), complétant la voie aérienne pour l’accès rapide à la zone centrale du Tibet. Ainsi, la Chine pourrait affirmer que l’entrée au Tibet est libre, sauf sur l’axe stratégique sus indiqué.

 

La route Yunnan-Tibet (Kunming – Dali – Lijiang – Zhongdian – Markham – Bayi – Lhasa), la plus courue par les cyclos, serait désormais presque intégralement revêtue. On m’a affirmé que désormais les Etrangers seraient autorisés dans les bus de cet itinéraire. Info à vérifier : car d’une part, jusqu’à peu, il n’y avait pas vraiment de bus sur cette route, à part les bus locaux cabotant et cahotant entre chaque bourg mais aucun bus longue distance, d’autre part, j’ai des doutes sur le fait qu’ils seraient autorisés. Disons peut-être que des Etrangers arrivent à passer entre les mailles du filet d’une police de plus en plus tolérante.

 

L’autre avantage de cette route serait que des cyclotouristes Chinois venus des grandes villes de l’Est l’emprunteraient depuis peu en grand nombre : ce qui fait que, si vous passez dans un bourg à vive allure, le passe-montagne sur le nez comme de nombreux motards Tibétains, il y a assez de chances pour que personne ne vous remarque spécialement. Et notamment le PSB.

 

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