ALBANIE

(ni bannie, ni bénie)

 

 

Je m'étais pourtant juré de ne pas revenir en Albanie avant, disons, 2050 (et encore, le 29 février). Un léger mauvais souvenir d'une première approche en 1995, qui m'avait laissé de pierre (dans la g...). Et puis, cherchant une partie des Balkans où me balader pour le printemps 2011, j'ai fini par me résoudre à traverser ce pays, mais cette fois plutôt le Sud.

L'Albanie reste encore, pour l'essentiel, un pays du Tiers-Monde en pleine Europe. Mais sa proximité des rives de la Citadelle Europe est en passe de lui permettre de combler quelques petits trous dans l'écart toujours croissant. Lui reste à venir à bout d'une réputation pas très bonne.

 

 

PHOTOS

 

DURRËS-FIER VLORË-RIVIERA RIVIERA BUTRINT SUD GJIROKASTER
GJIROKASTER I GJIROKASTER II TEPELENE-BYBLOS BERAT I BERAT II
BERAT III BERAT IV BERAT-KORCË KORCË/VOSKOPOJË POGRADEC-TIRANA

 

 

SECURITE

 

Apparemment, l'Albanie est devenu un pays sûr pour le touriste (avec peut-être un bémol pour les montagnes du Nord, si l'on en croit le site Conseils aux Voyageurs). Le fait est qu'en un cumul de 3 semaines, je n'ai pas connu un seul problème, et que j'ai même croisé pas mal de cyclo-voyageurs (une douzaine en tout), qui n'ont pas plus connu de problèmes. Les Albanais, sous la forme mafieuse, posent sans doute plus de problèmes à l'Etranger (Italie) que dans leur propre pays (le principal problème étant en fait comme les immigrés chez nous : la méfiance de l'Autre, reposant plus sur des apriori que sur des faits avérés).

 

FORMALITES

 

Pas de visa, et plus de droit d'entrée ou de sortie comme peuvent encore l'indiquer certains guides (en tout cas, par voie terrestre ou maritime). Ils sont très bien équipés (informatisés, lecture des passeports biométriques), en principe formalités rapides même dans les petits points frontière.

Avec la Grèce, au moins 4 points de passage : entre Sarandë et Igoumenitsa ("Qaf'e Bote", accessible directement depuis le site de Butrint par des petites routes en bon état), au Sud de Gjirokaster, entre Konitsa et Leskovic, et à l'Est de Korcë.

Avec la Macédoine, au moins 4 points de passage : au Nord du lac Prespa, à l'Est de Pogradec (lac Ohrid), à l'Ouest d'Ohrid (Qaf'e Thanë, la route principale), à l'Est de la ville macédonienne (de peuplement albanais) de Debar/Dibar vers Peshkopi.

Avec le Kosovo, au NE de Kukës.

Avec le Monténégro, au Nord de Shkodra (route principale vers Podgorica) et à l'Ouest de Shkodra (vers Ulcinj et une région monténégrine peuplée d'Albanais).

 

ARGENT

 

Le lek, 1 € = 140 leks. Des distributeurs un peu partout, idem des money changers. Ne pas trop changer : dans la plupart des hôtels, on paye en € (bien qu'on puisse aussi sans doute payer en lek, et pour le reste, le coût reste bas pour nous. Même pour d'autres achats, il est souvent possible de payer en euros (mais sauf à tomber pile poil 140, 180 leks etc., ça risque de coûter plus cher).

 

ACCES DEPUIS LA FRANCE

 

Beaucoup de cyclos ne font que traverser l'Albanie, généralement entre Croatie, Monténégro et Grèce, et se contentent de la route "côtière" (qui ne l'est qu'au Sud de Vlorë), loupant de ce fait les principaux intérêts touristiques (hors la riviera, bien sûr). L'accès principal est par ferry depuis l'Italie : en principe, 1 relation quotidienne nocturne Bari-Durrës (52 € l'aller,...48 € le retour, et pas tellement moins l'aller-retour dates figées), 1 relation quotidienne (sauf dimanche) Brindisi-Vlorë, de nuit l'aller, de jour le retour, à peine moins cher (sauf si l'on prend un aller-retour, apparemment, de l'ordre de 80 €). A Bari (dans une moindre mesure à Durrës aussi), ne pas être surpris : il faut sortir de 2 km du centre ville pour entrer dans le port... qui nous ramène 2 km avant vers les quais de départ !

 

Pour rejoindre Bari ou Brindisi depuis la France : outre les courageux qui ont le temps de le faire à vélo, outre l'avion qui bouffe le pétrole, denrée précieuse, en fichant en l'air notre planète, reste le train. Si l'on veut embarquer son vélo non démonté tout du long, on est obligé de passer par la Suisse (par exemple par TER jusqu'à Bâle depuis Strasbourg, Mulhouse, Dijon ou trains corail depuis Paris et Troyes) ou Genève depuis Lyon. Puis Bâle-Berne-Brigue ou Genève-Brig (la plupart des trains acceptent les vélos, moyennant 12 FS env 8 €), puis Brig-Domodossola (quelques trains Regio), enfin un régional Domodossola-Milano (ils acceptent en général les vélos, moyennant 3,5 €). Par contre, de Milano, il est très long de rejoindre le fond de la botte uniquement avec des trains régionaux (les seuls qui acceptent un vélo non démonté) : Milano-Bologna, Bologna-Ancona, Ancona-Pescara, Pescara-Termoli, Termoli-Foggia, Foggia-Bari : les trains sont rapides, mais les correspondances parfois longues, surtout entre Pescara et Foggia.

Sinon, sous housse, on peut prendre un des 2 TGV Paris-Milano. Et comme il n'est pas évident d'embarquer son vélo sous housse dans un train de nuit italien, il faut prendre un IC ou, de préférence, un Eurostar (assez de place pour une housse) de jour. Par contre, si l'on s'y prend tôt, on peut bénéficier du tarif "mini" (jusqu'à 29 € un Milano-Bari). Voir les sites SNCF et Trenitalia. Si vous habitez en Rhône-Alpes ou Bourgogne, il devient souvent intéressant de prendre un billet régional à tarif réduit jusqu'à Modane, puis un TGV Modane-Milano (15 €).

 

Cela dit, il faut l'avouer, un tel voyage ferroviaire, outre d'être très long même en TGV-Eurostar (bouffe 2 journées dans chaque sens), peut revenir plus cher qu'un vol low-cost. A décourager de vouloir sauver la planète, mais tant que le gaspillage du pétrole de notre planète sera encouragé...

 

ROUTES

 

Les axes principaux ont été grandement refaits à neuf, avec même parfois une petite bande cyclable. Entre Tirana et l'entrée de Fier, route à 2x2 voies, étroite (pas de bande d'arrêt d'urgence) mais suffisante. Pour le reste du réseau, c'est très variable : ça va de l'ancienne piste revêtue fraîchement pour accéder à un site touristique, à l'ancienne route toujours non refaite depuis 30 ans (ou plus). En gros, chaque ville importante est au moins reliée par une bonne route à Tirana, mais les autres axes sont encore dans un triste état.

Quand aux pistes, en général, n'en parlons pas : c'est du rough, champs de pierres garantis.

A noter une piste généralement non indiquée sur les cartes (mais qu'on peut trouver sur internet) entre Corovodë et Permët : elle permet d'unir Berat et Leskovic ou la Grèce, tout en approchant le canyon d'Osumit. Cette piste n'est pas très bonne, avec des passages très pentues, mais peut se faire à vélo.

En passant, de nombreuses cartes (dont les Michelin Grèce et ex-Yougoslavie) indiquent un réseau routier fourni en Albanie : non seulement ces données ne sont toujours pas actualisées, mais surtout, je doute que l'Albanie ait jamais eu un réseau de routes goudronnées presque aussi touffu qu'un pays riche. L'Albanie devait faire de la propagande sur le sujet, et comme pas grand monde ne pouvait alors vérifier...(à croire que ça n'a pas changé !).

 

Resté sur mes souvenirs de 1995, les conducteurs Albanais m'ont surpris : dans l'ensemble, ils sont courtois et respectueux des cyclistes (il y a toujours des exceptions...), une petite performance quand on voit l'état général du réseau et la densité du trafic. Bon, ils klaxonnent encore un peu, mais plus pour prévenir que pour écraser. Lors d'un croisement/doublement, la plupart ralentissent plutôt que frôler le cyclo à vive allure. Une exception : Korcë et sa région. Je ne sais si je suis tombé sur le week-end du rodéo, mais ce sont de véritables sagouins, totalement irrespectueux des cyclistes (pourtant plus nombreux qu'ailleurs dans la campagne) et des piétons, des conducteurs à l'humour douteux, des émigrés revenus au pays épater les ploucs en faisant la course en pleine ville, etc. Histoire de se préparer à la Macédoine ?

 

Quelques chiens pénibles au Sud de Korcë (ils doivent venir de Grèce !), sinon plutôt pépères ou attachés.

 

PROFIL

 

L'Albanie est un pays pas mal montagneux, une fois quittée la plaine côtière (inexistante dans le Sud). De nombreuses routes, sans doute tracées assez récemment, ont des gros pourcentages (10%), notamment la riviera : ainsi, pour le col Lloregat (1032 m), on grimpe les 500 derniers m en 5 km côté Nord, tandis que le versant Sud semble être à 8-9 %.

Par contre, les principaux axes se "contentent" de montées plus douces, 6 ou 7 %. Sur les pistes, 10-15 % est la règle.

 

MATERIEL CAMPING-VELO

 

Comme on s'en doute, pas grand chose de ce côté. Par contre, tout comme en Grèce ou en Macédoine, on trouve assez aisément des cartouches butane (style camping gaz) à percer (190 g), pour pas cher (0,5 €), soit dans des quincailleries, soit dans des stations essence, soit dans des épiceries, c'est très variable. On trouve de même des petits réchauds gaz pour un prix modeste (5 € !). Peut-être pas Qualité France, mais vu le prix...Ils s'en servent même dans certains cafés pour chauffer leur eau pour le café, le thé...

 

Pour le vélo, j'ai rarement vu des cyclistes, et pas vu un seul réparateur. Il y en a forcément, dans le fond d'une impasse d'un improbable faubourg, mais dans l'ensemble, mieux vaut avoir déjà tout avec soi, par prudence.

 

HEBERGEMENT

 

Le long de la côte entre Durrës et Sarandë (Sud), des campings sont indiqués (pas testé). Dans les villes, on arrive à dormir dans des hôtels modestes mais modernes (wifi etc !) pour 15 € (rarement moins).

Le camping sauvage est généralement malaisé le long des routes côtières et dans les grandes vallées, densément peuplées. Malaisé mais pas impossible (j'ai ainsi pu camper sans difficulté près du monastère d'Ardenica, au Nord de Fier, dans un bois au NO de Vlorë, et même au début de la route vers le château de Petrele, 10 km SE Tirana). Dans les vallées plus reculées, et notamment entre Permët, Leskovic et Korcë, nettement plus facile (moins de fermes et maisons partout).

 

 

RAVITAILLEMENT

 

Tirana, Durrës : supermarchés italiens. Ailleurs, le plus souvent, petites épiceries. Les produits coûtent 2 fois moins cher à autant qu'en France, selon les articles (notamment fruits pas chers). Le pain se désagrège souvent à vitesse grand V, mais bon. En dehors des villes, on ne voit guère d'épiceries (peut-être des maisons non signalées, dans des rues retirées ?). Mais comme on tombe souvent sur une ville tous les 20-30 km, ça va.

 

A VOIR

 

Sélection personnelle, ayant parcouru la moitié Sud : Gjirokaster***, Berat***,  Butrint**, la Riviera**, la route entre Permët et Leskovic**, le canyon d'Osumit**, Appolonia** et Byblos**.

Les Alpes Albanaises, au Nord, recèleraient de superbes sites, mais encore difficiles d'accès (en général pistes, sans doute pas bonnes). Plutôt qu'une traversée Nord-Sud du pays entre Shkodra, Durrës, Vlorë et Sarandë, il vaut mieux visiter le Sud de l'Albanie depuis une boucle partant d'Igoumenitsa (Grèce) : Sarandë, Vlorë (éventuellement Lushnjë plus au nord puis Berat puis -) Gjirokaster, Ioannina (Grèce) : 500 à 650 km. La route Leskovic-Korcë, portée aux pinacles par certains guides, peut être oubliée : joli mais sans plus.

 

 

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